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Menace contre les fonctionnaires, autosuffisance alimentaire,…

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Wade impose 10 heures de délire au Méridien

Au cours d’un marathon de dix heures au «Méridien», le Président Wade a dirigé deux importantes rencontres. Lors de la première, le chef de l’Etat s’est vanté hier d’avoir, par sa volonté politique, réalisé l’autosuffisance alimentaire au Sénégal. Ses propres services statistiques le démentent.

Le Sénégal a déjà atteint l’autosuffisance alimentaire, mais les Sénégalais l’ignorent. C’est la seule manière de comprendre les affirmations lancées hier par le président de la République, devant les participants rassemblés dans le cadre du Business meeting sur le financement des plans d’investissements agricoles. Le chef de l’Etat a en effet affirmé, à un parterre d’experts en questions agricoles et commerciales, que le Sénégal n’avait plus de soucis à se faire sur le riz. Il n’a même pas hésité à qualifier la situation du pays, de «cas d’école», qu’il invite ses partenaires à étudier.
Pour le Président, alors que la consommation nationale en riz est de 600 000 tonnes par an, le pays a pu produire la campagne écoulée, 523 000 tonnes. Et il estime que l’on est en mesure, dès l’année prochaine, de doubler ce taux. Cela a permis au chef de l’Etat, de vanter ses réalisations en la matière : «Nous étions le pays le plus dépendant du monde, il y a six ans, puisque nous importions tout le riz que nous consommions. Chaque année, notre grand problème était de rassembler des devises, (tirés) de la vente d’arachide, notre plus grande production, pour importer du riz et manger. Quand vous gagnez de l’argent, entièrement réservé à la consommation, il n’y a pas de place à l’investissement. (…) Nous avons lancé la Goana. Aujourd’hui, nous sommes à 523 mille tonnes, sur les 600 mille tonnes que nous consommons. Comment est-ce possible ? Par la volonté politique, et les moyens d’investissement…»
Les prouesses agricoles de cette volonté politique ne se sont pas limitées uniquement à la production du riz, puisque, «s’agissant de l’arachide, nous en étions à (une production de) 450 mille tonnes. L’industrie locale absorbe à peu près 250 mille tonnes. Mais l’écoulement du reste, était un casse-tête.
Cette année, nous avons produit plus d’un million de tonnes, et il n’y a plus un seul grain d’arachide dans le Sénégal. Nous avons pu tout vendre. Et on nous demande de doubler ou de tripler la production, si nous le pouvons». Pour montrer l’ampleur de l’effort accompli, il précise : «Notre production cette année, a atteint le niveau de la colonisation, quand régnait la monoculture d’arachide. Or aujourd’hui, l’espace d’arachide est réduit, par suite d’autres cultures.» Et dire que, la Goana, la fameuse Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance, qui a permis ce miracle, ne tient, dans sa conception, que sur une page, étant juste «un plan à double entrée» ! A se demander à quoi servaient tous ces experts venus de par le monde, avec leurs multiples projets !
Or, dans l’auditoire, qui écoutait la péroraison présidentielle, un certain nombre ne partageait pas ces affirmations hardies. Et ne se sont pas gênés pour l’affirmer en privé.

Le riz loin du compte…
S’agissant de la production du riz au Sénégal, un représentant d’organisation paysanne sénégalaise considère que le chef de l’Etat s’est égaré ou a été induit en erreur. Il indique que la production de riz dans la vallée du fleuve Sénégal n’a pas dépassé 250 000 tonnes cette année, dont au moins 30 000 tonnes ont été perdues, faute de trouver preneur. A ce point, les données publiées par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd), qui compilent les recherches des agences officiellement agréées dans le pays, sont beaucoup plus proches des déclarations des producteurs que du Président. Les résultats définitifs de la campagne agricole 2009-2010, tels que publiés dans le dernier Bulletin mensuel des statistiques économiques, pour le mois de mars 2010, indiquent que, la production de riz était de 391,271 tonnes pour cette campagne. En baisse par rapport à la production de l’année dernière, qui était de 408,218 tonnes.
Sur les importations, elles sont montées en 2008 à 864 000 tonnes, lors de la crise alimentaire, et de la raréfaction du produit. L’année d’après, les importations sont montées à près d’un million de tonnes, pour un coût de près de 250 milliards de francs Cfa.

…l’arachide cherche preneurs
Au-delà de ces contre-vérités sur le riz, ce qui a le plus choqué les producteurs, ce sont les déclarations du premier des Sénégalais sur la production de l’arachide. Au moment où les industriels locaux peinent à éponger leurs créances, d’environ 13 milliards de francs, sur l’arachide qui leur a été livrée, affirmer urbi et orbi qu’on ne trouve plus de graines d’arachide à vendre dans le pays, est grave pour les miséreux qui ne comptaient que sur leur production pour vivre. Le chef de l’Etat n’a-t-il pas été informé que, deux semaines auparavant, s’est tenu dans un hôtel de Dakar, une réunion sur la stratégie de commercialisation de l’arachide non écoulée auprès des industriels ? Il faudrait sans doute croire que non.
Les mêmes délires se sont poursuivis avec les engrais. Au moment où des entrepreneurs sénégalais se rendent jusqu’en Ukraine pour chercher de l’engrais pour fournir les producteurs retenus dans le cadre de la Goana, vouloir faire croire que ce sont les phosphates de Matam qui sont utilisés actuellement ici, est aussi crédible que de vouloir faire croire que les Industries chimiques du Sénégal (Ics) continuent de produire pour le marché local.

lequotidien.sn

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