Mer Noire: le trafic des bateaux chargés de céréales a repris

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Le trafic a repris ce lundi en mer Noire, le long du couloir maritime humanitaire qui permet l’exportation de céréales ukrainiennes, malgré le retrait temporaire de la Russie de l’accord international annoncé vendredi. Plusieurs bateaux ont quitté l’Ukraine ce matin, mais maintenir la circulation sans l’accord russe est risqué, alerte le Kremlin. Ces incertitudes ont provoqué une hausse des cours des céréales ce lundi.

Le prix du blé a bondi comme prévu ce lundi lors des échanges électroniques avant l’ouverture de la Bourse de Chicago, celle qui fait référence en matières de céréales. Le boisseau de blé a pris près de 5,9 % pour atteindre 8 dollars 80 cents. La céréale n’avait pas atteint un tel montant depuis la mi-octobre mais elle reste encore loin de son record de mars dernier quand le boisseau avait dépassé les 13 dollars 60. Le prix du maïs grimpe lui aussi, mais de manière moins abrupte : + 2,2%… quant à l’augmentation du soja, elle est plus modérée : en hausse de 0,8%.

Reprise du trafic maritime 

Après un dimanche sans trafic du fait du retrait russe de l’accord les exportations de céréales ukrainiennes via la mer Noire, le trafic a repris ce lundi matin, selon le site spécialisé Marine Traffic, deux navires, Admiral de Ribas (pavillon de Palau) et Mount Baker (Hong Kong) ont quitté le port ukrainien de Chornomorsk, près d’Odessa, chargés de céréales, à destination de la Turquie, en dépit du retrait de la Russie. Quatre autres, dont un – le Ikaria Angel- affrété par le Programme alimentaire mondial et destiné à Djibouti avec 30.000 tonnes de blé à son bord et un autre sous pavillon turc, se sont engagés dans le corridor maritime humanitaire en direction du Bosphore et de la Turquie, toujours selon le site Marine Traffic. Le Centre de coordination conjointe (JCC), chargé de superviser l’accord a annoncé que douze cargos au total sont prévus dans la journée au départ des ports d’Ukraine. 

Un « tour dangereux », prévient le Kremlin

Le coordinateur des Nations unies pour l’Initiative sur les céréales ukrainiennes Amir Abdulla, à la reprise du trafic ce matin, avait averti sur Twitter : « Aucun cargo civil ne doit devenir une cible militaire, ni être retenu en otage. L’alimentation doit passer ».
Cependant, il serait « dangereux » et « difficile » de continuer la mise en oeuvre de l’accord sur les céréales ukrainiennes sans Moscou, qui a suspendu sa participation, a prévenu le Kremlin. « Dans des conditions où la Russie évoque l’impossibilité de garantir la sûreté de la navigation dans ces zones, alors un tel accord est difficilement applicable. Et cela prend un tour différent, beaucoup plus risqué, dangereux », a déclaré ce lundi matin à la presse le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, interrogé sur la possibilité de continuer cet accord sans la Russie.

Moscou qui veut aussi rassurer les pays destinataires (principalement en Afrique, au Moyen-Orient, et en Asie du Sud Est) : la Russie pourrait livrer gratuitement jusqu’à 500 000 tonnes de céréales. Elle a annoncé qu’elle ferait en sorte de compenser les pertes, venant au secours des pays, notamment du Sud, qui ont des besoins en approvisionnement extérieur, selon Sébastien Abis, directeur du club Demeter, au micro de Nicolas Feldmann. « Moscou serait même prêt à donner gratuitement certains volumes de blé pour éviter des problèmes alimentaires dans certains pays du Sud. Et on voit bien qu’il y a cette instrumentalisation parce que vous avez une tentation de la Russie de vouloir russifier un certain nombre de relations commerciales autour des céréales, c’est une russification au service des intérêts de Moscou qui dit à certains pays :  » Évidemment, si onvous garantit de vous livrer des céréales même si vous les payez au prix fort du marché, on compte sur vous pour ne surtout pas nous critiquer, mais au contraire nous aider aux Nations unies, dans les votes et dans le récit général sur cette guerre en Ukraine. » »

Dimanche, au lendemain de l’annonce du retrait russe de l’accord négocié en juillet dernier sous l’égide des Nations unies et de la Turquie, la Russie s’est également retirée « jusqu’à nouvel ordre » des inspections de navires, rendues obligatoires par l’accord international pour garantir le transport sécurisé des exportations agricoles ukrainiennes.
Le JCC qui réunit des délégués de Russie, d’Ukraine, de Turquie et de l’ONU a annoncé que les délégations turque et de l’ONU fournissaient des ressources supplémentaires aux inspections et que « dix équipes » devaient inspecter lundi 40 navires à destination de l’Ukraine, précise l’Agence France presse.

Le JCC précisait hier avoir « obtenu l’accord de l’Ukraine. La délégation de Russie a été informée », notait-il, soulignant que celle-ci « entendait poursuivre le dialogue avec la Turquie et l’ONU ». La Turquie qui multiplie les entretiens pour sauver cet accord qui a déjà permis d’exporter plus de 9,3 millions de tonnes de céréales et autres produits d’Ukraine. Selon le JCC, 40% des chargements étaient destinés aux pays en voie de développement.

Le rail pas encore une alternative aux bateaux

La France ainsi que l’Union européenne vont renforcer les exportations de céréales ukrainiennes par voie terrestre, a dit ce lundi le ministre français de l’Agriculture, Marc Fesneau. La Russie a en effet prévenu qu’elle comptait se retirer de l’accord sur les exportations à partir des ports ukrainiens de la mer Noire, affolant les marchés. Les exportations terrestres, et principalement ferroviaires, sont viables mais dans des proportions moindres, selon Arthur Portier, consultant chez Agritel, au micro d’Ariane Gaffuri, du service économie.
« Depuis le début du conflit, l’Ukraineet l’Europe essaient d’investir massivement dans la logistique et d’accélérer cette voie terrestre. Nous étions au mois d’avril aux alentours d’un million de tonnes de grains exportés de l’Ukraine via la voie terrestre, nous sommes maintenant aux alentours des 2,5 millions de tonnes, il y a donc une accélération. Si certains problèmes ne sont pas réglés, comme l’écartement des rails qui diffèrent entre l’ex-URSS et l’Europe ». Les solutions alternatives comme de décharger à la frontière puis recharger sur un autre convoi très coûteuses logistiquement, poursuit Arthur Portier. « Et en terme de volumes, on ne peut pas faire transiter autant de camions et de trains que de bateaux via la mer Noire puisqu’on a des différentiels énormes en termes de volume, un bateau (pouvant charger) ux alentours de 60 000 tonnes. »

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