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Monsieur le Président, gare à votre égo ! (Par Mayacine DIOP)

Date:

Votre égo vous perdra.

En suivant le dialogue que vous avez initié le 26 février afin de donner une date liée à l’élection présidentielle, j’ai compris une chose : nous n’avons pas élu un président mais un roi !

L’élection présidentielle était fixée pour le 25 février.

Vous avez abrogé le décret convoquant cette élection.

L’Assemblée nationale, par le biais de deux groupes parlementaires (dont le pouvoir majoritaire) la reporte au mois de décembre. Ce qui n’est pas dans ses prérogatives.

Le conseil constitutionnel annule toute la procédure, rappelle à l’ordre les pouvoirs exécutif et législatif et vous demande ainsi de fixer une autre date.

Vous avez vécu comme une défaite, les décisions du conseil constitutionnel. La question que nous devrions nous poser est de savoir si le conseil constitutionnel vous a contacté avant de rendre publique sa décision. Pourquoi le conseil lui-même n’a pas proposé une nouvelle date ? Souhaitait-il vous donner une autre occasion sous-jacente de réaliser votre forfait : annuler cette élection afin d’éliminer certains candidats et de permettre à d’autres d’y participer. Ou bien tout faire pour ajouter d’autres dans la liste des « admis ».

En tout cas en voulant mettre autour d’une table les candidats validés par le conseil constitutionnel et les adeptes d’une annulation, vous avez souhaité mettre en évidence un chaos imaginaire. La majorité des candidats n’y est pas. Reste ceux qui sont acquis à votre cause, ceux qui, tapis dans l’ombre ont cet intérêt particulier d’être à vos côtés afin de pouvoir valider la candidature de leur leader.

Ces adeptes de l’annulation pure et simple de l’élection ne sont mus que par des intérêts politiques. La marche démocratique du pays est le cadet de leurs soucis. Ça tombe bien, c’est ce que vous cherchez : des hommes sans foi ni loi qui ne s’orientent que vers l’intérêt matériel. Les hommes qui vous accompagneront dans votre désir de protéger vos arrières.

Bloqué dans son élan par la grande porte du conseil constitutionnel, vous avez souhaité passer par la petite fenêtre du dialogue. Finalement, c’est d’une voix que la majorité des présents à cette rencontre sans nom, parle d’une élection avant l’été.

Ce plan « Mackyavélique » est le début d’une série de mesures qui vous permettra de faire une sélection parmi vos « élèves » afin de choisir votre successeur. Et encore protéger vos proches ! Une loi d’amnistie est en marche pour le confirmer.

Cela signifie clairement que vous avez décidé depuis longtemps de fixer la date des élections après le 02 avril. Les difficultés qui en découleraient vous importe peu.

Le terme « DANS LES MEILLEURS DÉLAIS » utilisé par le conseil constitutionnel pour vous demander de fixer une date pour les élections, a été sciemment galvaudé par vos soins. Sinon comment comprendre que vous ayez utilisé le même terme en conseil des ministres pour faire adopter la loi d’amnistie et que l’assemblée convoque dans la foulée une session d’urgence. La compréhension du terme a-t-elle été différente ?

La loi d’amnistie, est-elle plus urgente que la date que le peuple vous réclame ?

Vous avez décidé de mettre le Sénégal et les Sénégalais dans une situation exceptionnelle car le désir des Sénégalais ne correspond pas finalement à vos choix politiques.

Vous avez décidé de considérer le Sénégal et la majorité des Sénégalais comme un parti d’opposition qu’il faut réduire à sa plus faible expression. Finalement toute décision devrait correspondre à votre volonté et votre intérêt.

Kéba Mbaye nous avertissait déjà le 14 décembre 2005 : « L’essentiel, c’est de sortir de cette situation avec dignité en sauvegardant l’intégrité de notre territoire, l’indépendance de notre pays, les conquêtes démocratiques de notre peuple et l’intangibilité de notre constitution. Cela ne peut être l’affaire d’un seul homme ni même l’affaire d’un seul parti, c’est le devoir de tous les Sénégalais de faire preuve de maturité pour garder notre pays de l’aventure et assurer son développement harmonieux selon notre propre formule de vie. Il faut que chacun de nous enterre ses ambitions personnelles et oublie les vieilles querelles, pour se ceindre les reins comme un vaillant homme, au nom de l’intérêt exclusif de la nation. L’objectif permanent devra être la consolidation de la démocratie qui ne laissera plus le moindre doute sur la sincérité des résultats des suffrages. Il faut aussi que gouvernants et gouvernés, membres ou non des partis politiques acceptent sans arrière-pensée le principe de l’alternance à la tête des affaires de l’état. »

Avait-il déjà lorgné ce scénario devant nous ?

Ce qui est sûr c’est d’outre-tombe il nous dit avec insistance « après tout, vous l’avez voulu ».

Faisait-il preuve de prophétie ?

Je ne crois pas, c’est tout simplement parce que nous n’avons pas beaucoup évolué dans ce domaine. Nous sommes de plus en plus dominés par l’intérêt personnel, la recherche effrénée de profit, de pouvoir, au détriment de l’honneur et de la dignité.

Et si vous rangiez votre égo et restiez derrière la volonté populaire ?

Mayacine Diop

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