Durant son interrogatoire d’hier, Alioune Samba Diassé a expliqué la manière dont Bibo Bourgi est intervenu dans le mode de financement de Abs corporate. Les avocats de la défense n’ont pas raté, eux, l’administrateur provisoire de Abs SA, Bécaye Sène.
Hier, lors de son interrogatoire, Alioune Samba Diassé n’a pas résisté à l’assaut de la partie civile prête à l’enfermer dans des pièges afin de lui soutirer des éléments favorables à la culpabilité. Même s’il a choisi d’esquiver plusieurs questions, Alioune Samba Diassé a finalement glissé avant de se lancer dans des explications.
En effet, Me Yérim Thiam, avocat de la partie civile, a voulu savoir la manière dont la société Abs Corporate a été montée. A cette interrogation, Diassé a fait savoir que “lorsque j’ai voulu monter le dossier de financement, mon plus grand problème a été les garanties”. Parce que, selon lui, “la banque Sgbs ,auprès de laquelle je me suis rapproché a voulu que je mette mes biens dans l’entreprise, ce que je ne voulais pas”. C’est ainsi qu’il s’est rapproché d’Ibrahima Abou Khalil auprès de qui il a bénéficié d’une assistance technique.
L’aide de Bibo , avertit-il, n’est pas une somme d’argent mais exclusivement technique. Yerim Thiam qui avait envie de savoir davantage sur ce qui se cache derrière l’apport technique, s’est vu offert une explication détaillée. “Bibo m’a dit de faire une domiciliation, c’est-à-dire que tous mes revenus soient versés à la société générale de banque”, a-t-il dit. Le hic a été pointé alors du doigt par Me Thiam: “comment sur la base d’une simpe assistance technique, pouvez-vous donner 50% d’actions à Bibo?”
Le procès de l’administrateur provisoire
Il a été l’absent le plus présent hier, à la barre de la Cour. Bécaye Sène, l’administrateur provisoire de la société Abs SA, d’après Me Moise Ndior, a fait l’objet de condamnation pour enrichissement illicite en 1982. Prenant la parole, M. Diassé a montré toute sa surprise de voir un condamné pour enrichissement illicite arbitrer une société. Il a manqué, si l’on en croit aux conseils de la defense, les obligations qui lui étaient assujetties. En clair, il n’a présenté , selon ces derniers, qu’un rapport mensuel et il ne rendait pas compte de sa gestion. Le propriétaire de la société Abs Sa,Alioune Samba Diassé a contesté le rapport de l’administrateur provisoire, qui “s’est fondé sur les chiffres erronées pour gonfler la valeur de la société”. En attendant que le parquet apporte des éclairages sur le choix porté sur Bécaye Sène pour administrer provisoirement la société, la comparution de l’intéressé aiderait à lever l’équivoque sur le doute qui s’est installé.
REJET DE LA DEMANDE DE RECUSATION DU PRESIDENT DE LA CREI : KARIM CONDAMNE A…UNE AMENDE DE 25 000 F CFA
C’est au démarrage de l’audience que la Cour a servi une nouvelle digne d’un petit-dejeuner aux avocats de la défense. En fait, Henri Grégoire Diop a estimé avoir recu notification de l’ordonnance de la Cour d’appel de Dakar portant rejet de la demande de récusation du Président de la Crei. Faisant lecture de ladite ordonnance, M. Diop a signalé par ailleurs que, conformement à l’article 655 du code de procédure pénale, Karim Wade pour le compte de qui les avocats ont agi, est condamné à payer une amende de 25000F cfa.
Pour rappel, à l’occasion d’une audience, le Président Henri Gregoire avait commis l’erreur de qualifier Karim Abou Khalil de “complice” de Karim Wade en lieu et place de présumé complice. Ce qui irrita les conseils de Karim Wade qui, lors d’une conférence de presse, ont dénoncé la partialité du juge à travers la saisine de la Cour d’appel d’une demande de recusation du Président de la Crei.
ECHOS ….ECHOS...
Déclaration verbale et preuve écrite
Aminata Sarr et Mbaye Thiam sont deux témoins à dire qu’ avant que l’Asecna n’attribue le marché a Diassé, les bus à acheter étaient déjà disponibles a l’aéroport Léopold Sédar Senghor. Ce qu’a contesté Alioune Samba Diassé qui estime avoir produit un connaissement, une carte d’identité de la marchandise. Malheureusement, selon ses avocats, la déclaration verbale a été privilégiée par rapport a la copie du connaissement. Il appelle d’ailleurs le procureur spécial à veiller au faux témoignage de ces personnes devant la commission d’instruction.
Henri Grégoire Diop rectifie
Il s’est demandé comment une société au capital de 10millions inconnue peut décrocher l’exclusivité d’un transfert de clients et d’un marché de plusieurs millions. Répondant au Président, l’avocat Me Ousmane Sèye a expliqué que le capital social n’a rien à voir avec l’investissement. On ne peut reprocher, selon lui, à Abs Sa d’avoir un capital de 10 millions et de se lancer dans des investissements.
Diassé et Karim ne se connaissent même pas
Poursuivi pour avoir aidé ou assisté Karim Wade dans les faits relatifs à l’enrichissement illicite, Diassé a dit n’avoir vu Karim physiquement que le jour où ils ont été arrêtés. Et de renseigner: “je n’ai jamais eu le temps de parler avec lui. Je me demande comment peut-on être le complice de quelqu’un qu’on ne connait pas. Je n’ai aucun intérêt à défendre ou enfoncer quelqu’un que je ne connais pas”.
Discordance dans la défense de Diassé
Samba Ametty a demandé la production du document original brandi par le parquet spécial. Le substitut du procureur spécial, Antoine Diom sort de sa réserve pour fustiger l’attitude des avocats de Diassé. “Il faut qu’on sache ce que veulent les avocats de Diassé. La dernière fois, on nous avait opposé les preuves que nous avions produites. Aujourdhui, on nous demande de communiquer les documents brandis. Ou bien, on écarte les dossiers ou bien on les communique”, a-t-il regretté.
Sud Quotidien