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Mort à 26 ans dans une geôle senghorienne, Omar Blondin est une tragédie sénégalaise. Hommage au contestataire!

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40 ans après sa mort en détention dans la prison centrale de Gorée, dans des conditions dramatiques, Omar Diop Blondin va bénéficier pour la première fois d’une cérémonie de commémoration. Cet hommage posthume a été rendu possible par la deuxième alternance politique qui a porté à la magistrature suprême, un chef de l’Etat né après l’indépendance et n’étant pas comptable des dérives senghoriennes. Un forum de témoignages lui sera consacré vendredi 10 mai, à l’amphithéâtre de l’UCAD II, à partir de 15h 30. Le lendemain, vendredi 11 mai, une cérémonie de dévoilement d’une plaque commémorative lui sera dédiée à Gorée, dans son ancienne prison devenue le musée de la préhistoire.

Sa génération s’en souvient comme une brûlure encore vivace. C’était le 11 mai 1973. Comme le rappelait feu Seydina Insa Wade dans une poignante chanson; de sa geôle de Gorée, île chargée de l’histoire douloureuse du peuple noir, léchée par le ressac de la mer, est parvenue une terrifiante nouvelle : Omar Blondin Diop est mort.

Dakar va immédiatement s’embraser sous la colère d’une jeunesse insurgée. Elle descend dans la rue pour manifester une indignation exacerbée par le mensonge d’Etat qui, à travers un communiqué de l’administration pénitentiaire, a tenté de faire passer un meurtre pour un suicide par pendaison. Des manifestations spontanées sont organisées un peu partout dans le pays.

La violence prend ses quartiers dans une capitale quadrillée par l’armée et les forces de l’ordre. L’ambassade du Sénégal à Paris sera l’objet d’un attentat.

Ancien élève de l’école normale supérieure, agrégatif, Omar Blondin n’en était pas moins un intellectuel engagé, concerné par le devenir de son peuple. Présent sur les barricades du quartier latin en mai 68 à Paris, aux côtés de Daniel Cohn Bendit, Alain Geismar, Serge July, Alain Krivine, Omar n’avait jamais perdu de vue que le véritable combat devait se dérouler en terre sénégalaise contre les forces néo coloniales françaises.

En 1971, à l’occasion de la visite officielle à Dakar du chef d’Etat français George Pompidou, condisciple du président Senghor, des jeunes sénégalais, confrontés à un système politique complètement verrouillé ont décidé de marquer leur désapprobation en s’attaquant au symbole de l’aliénation culturelle que constituait à leurs yeux le Centre Culturel français. Dans cette tentative d’incendie figuraient deux frères cadets d’Omar. Pape Diop sera condamné aux travaux forcés et feu Pape Ndiaye Blondin, mineur à l’époque des faits, sera condamné à 5 ans d’emprisonnement. Lycéens et étudiants vont manifester, occupant la rue. Les autorités vont fermer l’Université de Dakar, bastion de la contestation. Une répression sauvage s’en suivra avec l’arrestation de plusieurs patriotes. Le pays est sous haute tension. C’est dans ce contexte qu’Omar décide de quitter la France. Il sera arrêté quelques mois plus tard au Mali et extradé à Dakar, accusé d’avoir voulu organiser un commando pour libérer les « incendiaires du Centre culturel français ».

C’est à cet homme dont le journaliste Jean Pierre Ndiaye, (in Afrique. Passion et Renaissance. L’harmattan), dira qu’il avait « un courage physique et intellectuel indomptable qui lui faisait mépriser l’argent, le profit et la mort ; une absence totale de complexe et de soumission à toute forme d’oppression et de domination, une insatiable soif de voir enfin respecter la dignité de tous les hommes de son peuple », que d’éminentes personnalités du Sénégal, d’Afrique et du monde rendront hommage vendredi et samedi prochains.

Mort à 26 ans dans une geôle senghorienne alors qu’il avait tout l’avenir devant lui, Omar Blondin est une tragédie sénégalaise.

SUD QUOTIDIEN

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