Le romancier et poète nigérian Chinua Achebe, considéré comme l’un des pères de la littérature africaine moderne, est décédé à l’âge de 82 ans, a annoncé vendredi son éditeur Penguin.
Il avait connu la célébrité dès 1958 avec son roman culte « Le monde s’effondre », qui raconte les tribulations de l’ethnie Igbo, la sienne, sous le joug du colonisateur britannique dans les années 1800.
C’était le premier roman destiné à un lectorat international racontant l’histoire du colonialisme européen du point de vue africain.
Dans ses premiers livres, il évoquait principalement des bouleversements provoqués dans la société par le colonialisme sur le continent. « Le monde s’effondre », traduit dans une cinquantaine de langues, s’est vendu à plus de dix millions d’exemplaires dans le monde.
Par la suite, l’écrivain a écrit sur le chaos apporté au Nigeria, le pays le plus peuplé du continent, et à l’Afrique en général par la vague de coups d’Etat militaires qui installa des « cleptocraties » dictatoriales.
« Les Termitières de la savane », publié en 1987, se passe dans un pays africain imaginaire deux ans après un coup d’Etat militaire, miné par la corruption et la brutalité au sommet du pouvoir.
En 1983, il publie un pamphlet intitulé « The trouble with Nigeria » (Le problème avec le Nigeria) dans lequel il brosse un portrait sombre de son pays natal tout en formulant l’espoir que la corruption endémique cesse un jour.
En sa qualité d’homme de lettres, d’homme de radio (il a travaillé pour la radio publique nigériane NBC) et de conférencier universitaire, Chinua Achebe s’est efforcé d’être un pont entre l’Afrique et l’Occident.
Sa notoriété fût telle parmi les Africains que Nelson Mandela lisait ses livres durant ses longues années dans les prisons sud-africaines.
L’ex-détenu politique le plus célèbre du monde dit un jour de Chinua Achebe qu’il était un écrivain « dont la fréquentation fait tomber les murs des prisons ».
Chinua Achebe est né le 16 novembre 1930 dans l’est du Nigeria de parents chrétiens de l’ethnie Ibo.
En 1990, un accident de la route le confine dans un fauteuil roulant, ce qui interrompt sa production littéraire pendant plus de 20 ans.
Il passe les dernières années de sa vie aux Etats-Unis, où il donne des conférences dans les universités.
Tim Coks, avec Belinda Goldsmith à Londres et Pascal Fletcher à Johannesburg; Jean-Loup Fiévet pour le service français