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Moustapha, la nation à jamais reconnaissante ! (Par Abdou Latif Coulibaly)

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Ta mort a surpris plus d’un au Sénégal. Pourtant, nous savons tous que nous ne tombons pas par hasard dans la mort. Car chaque jour, un peu de notre vie nous est enlevée ; même lorsque nous grandissons, notre vie décroît. Nous perdons notre enfance, puis notre adolescence, puis notre jeunesse, comme Sénèque».

Aucun vivant ne se fera à l’idée de la mort. On redoute tous, on la craint. Quand elle tombe sur une famille, comme c’est arrivé dans la journée du lundi 4 novembre sur celle de l’ancien ministre, Mamadou Moustapha Bâ, c’est la consternation, le drame.

Au-delà de la famille du regretté Mamadou Moustapha Bâ, c’est tout un pays qui est en deuil et en émoi. La mort a foudroyé Moustapha à un âge où il avait encore beaucoup à faire et à donner à son pays et à sa nation. Nous sommes nombreux, après la terrible annonce, à pouvoir dire, sans hésiter que ce pays et cette nation te seront à jamais reconnaissants.

Moustapha, j’ai été saisi par une envie folle de te parler, en appelant sur ton téléphone, ce jour de vendredi 27 septembre 2024. Après avoir parcouru les manchettes de la presse, j’ai été peiné et déçu par l’allure des « papiers » des journalistes, rendant compte de la conférence de presse du Premier ministre, parlant de l’état de nos finances publiques. Peiné et contrit, non par les propos des journalistes, mais plutôt par l’énormité des choses dites par le Premier ministre sur ton compte et sur celui d’autres personnalités très respectables. J’ai quelque peu hésité à passer à l’acte, en t’appelant, tant les propos entendus du Premier ministre m’ont paru surréalistes. Je me suis finalement résolu à le faire, en rédigeant ce court message à ton attention, que j’ai pris sur moi de dévoiler aujourd’hui au grand public. J’écrivais ce qui suit : « bonjour Moustapha, cher neveu. Cela fait quelques moments que nous avons échangé. Tu es à chaque instant de la journée présent dans mes pensées. Mon cher neveu, juste pour t’exprimer ma solidarité, surtout te dire toute ma fierté de savoir que tu fais partie de notre grande famille ».

Et Dieu seul sait, à quel point, mon cher neveu, tu en as été une figure marquante. Figure marquante, non pas, parce que tu es seulement un ministre de la République ! Tu en était une figurante marquante par les valeurs et le sens de la famille que tu as toujours incarnés.

J’ajoutais : « J’espère que ta santé ça va bien, ainsi que celle de ta famille. Bonne fin de journée du vendredi ». Moins de deux minutes après avoir pris connaissance de mon message, ta réaction fut immédiate :  » Bonjour tonton, ravi de te lire. Je me porte très bien. Je suis présentement en voyage. Je reviens d’ailleurs dans deux semaines, on va parler je t’expliquerai concernant le sujet d’hier. Rassure-toi, tonton »

Le sujet d’hier, tu as dit ? Vous vous demandez tous de quel sujet s’agit-il ?

En fait ta pudeur légendaire et ta retenue t’empêcheront de me parler ouvertement de la sortie du Premier ministre consacrée à la gestion de nos Finances publiques. Je retiens dans nos échanges, l’idée qui se précisait dans ton esprit, celle de rédiger un ouvrage, en guise de réponse à opposer aux calomnies. La mort en décidera, malheureusement, autrement. C’est la volonté du Seigneur de t’imposer à jamais le silence ! Tu tenais à me rassurer à ce sujet.

En vérité, je n’ai jamais eu de doute, quant à ta probité, ta rigueur, surtout de ton éthique dans le travail et dans ta vie d’homme, pour parler de façon générale. Je n’ai jamais eu besoin d’être rassuré sur tes valeurs morales et sur ton éthique.

Moustapha, je t’ai connu depuis ta tendre enfance. Je sais d’où tu viens, convaincu aussi de qui tu tiens tes fortes valeurs morales. Ces valeurs qui structurent ta conduite d’homme et modèlent tes attitudes chevaleresques. Bon sang ne saurait mentir, mon cher neveu.

Tes deux parents, même partis très tôt, ont eu le temps de t’inculquer de hautes valeurs morales, de te donner une éducation qui constituent avec ces valeurs le socle et le moteur de ton existence, oh combien trop courte, à notre goût.

Ces valeurs ont marqué de façon indélébile ton comportement professionnel. Elles ont aussi façonné ta façon d’aimer ta famille de chercher avec elle son bonheur et d’assurer sa quiétude.

Comme tu aimais le faire savoir à tous, je parle de famille dans le sens le plus large de l’expression.

Tu es parti, en laissant derrière toi un pays groggy, en abandonnant une famille orpheline et dévastée par ton départ. Ta disparition est une énorme perte pour tout une nation.

Cher Moustapha, je suis bien placé pour savoir que des calomnies et des mensonges, quel que soit le rang des personnes qui les débitent pour tenter de salir ta réputation de ministre et celle de haut fonctionnaire n’atteindront jamais ta dignité.

La puissance supposée de tous ces calomniateurs de mauvaise foi, de même que leur vanité, source d’une mégalomanie sans nom, n’atteindront jamais ta dignité. Tu dormiras du sommeil des justes.

Tu seras conduit vers ton Seigneur par les anges portant sur leurs épaules le pardon d’Allah et de Sa Miséricorde infinie.

La famille ne cessera jamais de prier pour toi, en implorant le pardon de Dieu, en pensant aussi à tes parents, eux aussi, très tôt arrachés a notre affection. Les citoyens et citoyennes honnêtes de ce pays, sauront, à jamais, faire le départ entre les mensonges et la vérité sur l’action que tu as conduite, durant l’ensemble de tes années de présence au Ministère des Finances et du Budget.

Tous ces citoyens et citoyennes apprécient positivement ta carrière de haut fonctionnaire, se confondant avec ta mission de Ministre à la tête de ce même département ministériel.

Mon cher Moustapha et cher neveu, je conclus mon propos en pensant aux mots du philosophe Sénèque. Ce dernier dit, en parlant de la mort d’un proche : « Le malheur de t’avoir perdu ne doit pas faire oublier le bonheur de t’avoir connu.

La mort laisse une peine que personne ne peut guérir. L’amour laisse un souvenir que personne ne peut voler».

Mon cher neveu, j’ajouterai pour tenter, si tant est, cela est possible, d’apaiser ma peine, en continuant avec les mots de Sénèque, Je vais cesser de pleurer, même si je sais que c’est fini.

Je ne vais cependant pas sourire, comme le recommande le philosophe, parce que je t’ai connu et vécu avec toi, mon cher Moustapha.

La douleur est encore trop intense, la plaie si béante, que je demande du temps pour m’y faire, avec l’aide de Dieu et son assistance bienveillante.

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