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Multiplication des meurtres : Ça gicle à nouveau !

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Trois meurtres en une semaine ! Au pays de la Téranga ! Il n’y a pourtant rien de nouveau sous les cieux. Ce n’est qu’un nouvel épisode. L’année dernière, entre juillet et août, une autre série macabre avait été jouée au Sénégal par des meurtriers de sang-froid. La facilité avec laquelle les Sénégalais tuent est devenue déconcertante. Mais le plus inquiétant reste le mobile. C’est pour des broutilles, une cruauté quasi gratuite.

Un ! Deux ! Trois ! Et c’est reparti. En l’espace d’une semaine, trois meurtres ! Presque gratuits, est-on tenté d’ajouter. Le taximan tué par balle le vendredi 28 octobre par Ousseynou Diop. L’étudiant Yankhoba Dramé dont la vie a été ôtée à Cambérène le week-end suivant par Younouss Ba, un jeune homme de 24 ans, pour une affaire de 100 F CFA qu’il lui demandait (ou réclamait). Et le coup de couteau fatal, à Djeddah Thiaroye Kao. Hier, Baye Kounta, alias ‘’doff’’ (fou), a mis un terme à l’existence de Khadim Ly qui a refusé de lui filer un mégot de cigarette. Les faits ne sont pas nouveaux, mais ils relancent la problématique.

La facilité avec laquelle les Sénégalais prennent la vie de leur prochain est devenue plus qu’inquiétante. Un peuple jadis considéré comme pacifique voit ses descendants devenir de plus en plus des assassins de sang-froid. Ces produits de la société ne cessent de se signaler par leur ‘’exploit’’ macabre, mais surtout par la légèreté de leur mobile quasi inexistant. En prêtant attention au motif, on se rend compte qu’on tue pour des broutilles : un mégot de cigarette, une tasse de café, une pièce de 100 F. Des crimes à la limite gratuite. Le rapport d’activités 2015 de la police révèle que 34 individus ont été arrêtés pour meurtre durant l’année passée.

La criminalité a-t-elle solidement implantée ses racines dans la société sénégalaise ? Difficile de ne pas répondre par l’affirmative au vu de ce qui se passe. Reste à savoir les causes. D’après le professeur Malick Ndiaye, sociologue, il existe un lien étroit entre la baisse de la criminalité ou le suicide et le degré d’enthousiasme des peuples. Selon lui, dans les moments d’effervescence, quand un peuple croit à sa destinée, à ses dirigeants, les individus ne s’appartiennent plus, ils se dépassent, ils font cause commune avec la Nation. Mais dans le cas contraire, tout a tendance à se fissurer. Et c’est ce qui est arrivé au Sénégal. ‘’La déconfiture de la classe politique, opposition comme pouvoir, avec le soutien de certains marabouts corrompus et de certains syndicalistes véreux, alimentaires, de professeurs tueurs des facultés, tout cela a amené la conscience du peuple, surtout dans sa partie la plus fragile, à une sorte de piétinement’’, souligne-t-il.

Si l’on en croit cet universitaire, la population n’a plus espoir parce qu’ayant affaire à des contre-modèles et des plus forts qui se servent au détriment des faibles. Il y a donc un risque d’affaissement de la conscience, parce que ceux qui devaient motiver, encourager sont devenus des freins. ‘’Les éléments de démoralisation font que les gens s’énervent pour rien. Il y a un risque de libération du potentiel négatif et donc de la pathologie qui dort en chacun d’entre nous’’, prévient-il. D’où son appel à un retour vers les lois non écrites du Sénégal, c’est-à-dire  les valeurs ‘’garmi’’ qui font que même dans la difficulté, on reste humain ; on prône le bien et non le mal.

La liste macabre

Quoi qu’il en soit, les faits sont là. Non seulement les cas d’agression, de cambriolage et de violence se multiplient, mais aussi et surtout des meurtres en série sont notés, avec des moments de folie meurtrière. En effet, il y a de cela plus d’une année, le Sénégal a vécu une période funèbre similaire. Un cas qui a ému l’opinion, celui de Ndiaga Fall, plus connu sous le nom de ‘’Baye Fall’’, tué devant les locaux de Walfadjri. Provoqué par son bourreau, Baye Fall s’est vu promettre la mort par celui-ci qui reviendra plus tard passer à l’acte. Cet assassinat (puisqu’il s’agit d’un acte prémédité) a eu lieu moins de 48 heures après le meurtre d’un taximan à Louga.

Papa Ndiaye, c’est son nom, a été poignardé par des individus. Il a perdu beaucoup de sang. Et malgré l’intervention des sapeurs-pompiers qui l’ont évacué à l’hôpital régional Amadou Sakhir Mbaye, cet homme d’une quarantaine d’années a succombé à ses blessures. Alors que sa famille avance la thèse d’un cambriolage qui a fini dans le sang, les sources policières ont indiqué à la presse qu’il s’agirait plutôt d’un règlement de comptes. Puisque la victime avait reçu quelques coups de fils de ses bourreaux et a été, à deux reprises, dissuadé par sa femme de sortir, intriguée par des appels nocturnes. Que finalement,  c’est ‘’le bruit d’un moteur en marche provenant de son taxi stationné devant le domicile qui l’a finalement contraint à sortir’’. Il se fera tuer par la suite.

La semaine d’avant, précisément le mercredi 12 août 2015, c’est Yoff qui a été sous les projecteurs, à cause d’un couple sénégalo-espagnol. Manuel Sanchez a abattu son épouse Fama Diop d’une balle de pistolet dans la tête, avant de se donner la mort. Là aussi, plusieurs thèses sont avancées, notamment, la jalousie. Ce qui est sûr, c’est que le couple, à défaut d’être parti avec tous ses secrets, a au moins emporté une bonne partie. Deux jours avant, le nommé Moustapha Ngom s’est illustré de la plus macabre des manières. Cet individu s’est introduit dans un daara à Thiès. En l’absence du maître des lieux, il s’est acharné sur trois pauvres talibés. Le  petit Pape Ndiaye devait sans doute être sa cible principale. Il a été retrouvé mort, le lendemain. Sa famille affirme que son meurtrier lui a assené 47 coups de couteau. La presse affirme d’ailleurs qu’il a été égorgé. Les deux autres, Médoune Lô et Djiby Kassé, sont plus chanceux, mais ils s’en sont tirés ‘’éventrés’’.

Peine de mort

Toujours en 2015, au mois de janvier, la dame Rama Ndiaye, âgée de près de 80 ans, a été poignardée par son petit-fils au quartier Pikine Sor Daga de Saint-Louis. A l’origine du drame, une dispute familiale. L’étudiant Saer Boye a été tué devant le restaurant Central du Coud pour une affaire de respect ou non du rang. Son sort d’ailleurs diffère diamétralement de celui de Bassirou Faye, puisque personne ne réclame justice pour lui. En 2013, Amadou Sékou Diallo a été tué par Ismaïla Bâ au marché Grand Yoff. A l’origine du drame : 50 F Cfa. Une dame avait acheté du poivre chez Ismaïla, elle s’est fait trancher ses oignons par Amadou Diallo dont c’est l’activité au marché. Elle a donné 200 F à Ismaïla pour qu’il remette les 150 F à Amadou. Mais ce dernier a estimé que son service valait 200 F. Une altercation s’en est suivie et Ismaïla a poignardé son vis-à-vis pour ensuite aller chez lui, où il a été cueilli.

D’autres crimes sont encore frais dans les mémoires. Bineta Mane? a perdu la vie aux Hlm 5 pour avoir tenu tête à ceux qui voulaient la violer. Rokhaya Diallo tuée à l’Unité 9 des Parcelles Assainies. À Saly, en 2010, Ibrahima Diallo a ôté la vie à sa maîtresse Rosina qui la logeait. Le tort de cette dernière : avoir expulsé Ibrahima au profit de  son rival. Quant à Fama Niane, son nom est resté gravé dans la mémoire collective.

La liste est loin d’être exhaustive. Il ne se passe pas un mois voire une semaine sans que l’on entende parler de meurtre. Et comme d’habitude dans de telles circonstances, chacun cherche à proposer des solutions. D’où le retour de la peine de mort préconisé par de simple citoyens mais aussi par des personnalités tels que les députés Seydina Fall et Me El Hadji Diouf. Une idée toujours immédiatement rejetée par les droit-de-l’hommistes qui visiblement se soucient plus de la vie des bourreaux que de celles des victimes. Le débat est encore relancé en attendant le prochain meurtre.

(Source : EnQuête)

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