Les autorités américaines cachent Nafissatou Diallo, la femme qui accuse DSK d’agression sexuelle, décrite comme étant une « mère célibataire exemplaire ».
Dimanche après-midi, cinq individus lui ont été présentés lors de la parade d’identification au commissariat de Harlem. Elle a désigné le N° 3, Dominique Strauss-Kahn. « Elle », c’est la fameuse femme de chambre qui accuse le patron du FMI d’agression sexuelle.
D’après le témoignage de cette employée du Sofitel de New York, elle serait entrée samedi dans la suite 2806, croyant qu’elle était vide, pendant que DSK prenait une douche. Le favori des sondages pour la prochaine présidentielle se serait alors jeté sur elle et l’aurait forcée à accomplir un acte sexuel. Depuis, les proches de l’ancien ministre ne cessent de remettre en cause la parole de celle par qui le scandale est arrivé.
Mardi, le patron des députés PS, Jean-Marc Ayrault a même déclaré : « Dans cette affaire, nous savons qu’il y a une victime, mais nous ne savons pas encore si cette victime est la plaignante ou l’accusé. » Et les médias français d’embrayer, à juste titre mais avec une grande insistance, sur la présomption d’innocence. Tant et si bien que des associations féministes ont déploré dans la foulée le peu de place faite à la victime présumée dans les réactions à l’inculpation de Dominique Strauss-Kahn. « Jeter le soupçon sur les propos de la plaignante est grave », souligne l’association Osez le féminisme, « on évoque trop peu la victime », déplore Mix-Cité.
« Très peu séduisante » ou « très belle »
Il est vrai que l’on sait peu de chose sur cette inconnue dont l’identité et le visage demeurent farouchement cachés par les autorités américaines. Dans un premier temps, on la prénommait « Ophelia », peut-être un pseudo utilisé pour son travail au Sofitel. Sa véritable identité, d’après différents médias, serait Nafissatou Diallo. Seule certitude : « Nafi » est une femme noire de 32 ans. D’après différents témoignages, elle serait d’origine sénégalaise ou guinéenne, en tout cas elle viendrait de l’ouest de l’Afrique. Elle parlerait français, serait « musulmane pratiquante », selon un de ses voisins, et porterait le voile. A quoi ressemble-t-elle ? Personne n’a encore vu son visage. Il se raconte d’ailleurs que les policiers américains auraient négocié avec les journalistes des clichés de DSK menotté contre l’assurance qu’ils laisseraient sa victime présumée tranquille.
De leur côté, les avocats du Français ont laissé entendre, de manière inélégante, avoir été surpris de voir une femme « très peu séduisante » lors de la parade d’identification. Une version démentie dans notre édition de lundi par un chauffeur de taxi rapportant les propos d’un voiturier de l’hôtel : « C’est une trentenaire très jolie, avec de gros seins et de belles fesses »… Rosie, une amie citée par RTL, décrit « une femme très belle » et généreuse, « elle donne tout son cœur aux autres ».
Employée modèle
Selon le New York Daily News, « Nafi » mesurerait 1,80 m. Mère célibataire, elle habite depuis quelques mois dans le Bronx (nord de New York) avec sa fille âgée d’une dizaine d’années.
Toujours dans le tabloïd, un de ses proches la décrit comme quelqu’un de « très secret » et souligne que c’est « une femme bien ». Cité par le New York Times, le concierge de l’immeuble en briques rouges où elle réside a raconté que Nafi avait emménagé récemment son appartement.
« Chaque fois que je la vois je me réjouis, complète une voisine. Elle n’a jamais posé de problème. Pas de bruit. Tout va bien. » Même son de cloche sur son lieu de travail, au Sofitel. « C’est une femme bien, très agréable, très amicale. Elle est en état de choc », confirme une de ses collègues au New York Post. Difficile d’en savoir plus. « La direction de l’établissement nous a demandé de ne pas lui poser trop de questions parce qu’elle est très affectée. Ils nous ont dit : « Prenez-la juste dans vos bras à son retour ! » »
Ladite direction de l’hôtel a, quant à elle, indiqué dans un communiqué que la conduite de la victime présumée était exemplaire. « Notre employée travaille au Sofitel New York depuis trois ans et nous sommes entièrement satisfaits de son travail et de son comportement », avait assuré à l’AFP le directeur général de l’hôtel Jorge Tito.
Casier vierge
La femme de ménage, qui n’a pas d’antécédent judiciaire, n’avait jamais croisé DSK auparavant, selon la presse américaine. A l’heure actuelle, « Nafi » se cache. Les policiers l’ont placée sous protection dans un lieu tenu secret. « Elle est très fatiguée et a besoin de se reposer », raconte son frère au NY Post. Ce manager d’un café d’Harlem confie le trouble qui l’étreint quand il regarde les médias français évoquer un possible complot pour faire chuter le favori des sondages. « Ce n’est pas juste. Ma sœur est une femme bien, elle n’est pas capable de ça. »
Dans l’immeuble où Nafi habitait jusqu’à ce week-end, des Post-it recouvrent l’interphone. Des messages adressés aux journalistes. Dessus, on peut y lire : « Foutez-nous la paix ! »
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