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Ndoumbélane: Fast-tract ou law-tract?

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Une autre illustration de la relativité
Le monde animal est plein de symboles pour les hommes : la grande énigme est
maintenant de savoir si nous vivons en société pour mieux assouvir notre
animalité ou, au contraire, pour l’abandonner. En tout cas le monde animal
restera toujours un modèle d’explication de l’ordre humain. La seule différence
est peut-être cette faculté que nous avons à simuler, à mentir, à déformer notre
nature pour ne pas ou ne plus être ce que sommes. Et l’instrument par excellence
qui nous permet ou nous facilite de telles prouesses est le langage : mais celui-ci
est tellement ambivalent qu’on se demande parfois s’il nous réellement
profitable. Avez-vous remarqué qu’à Ndoumbélane, l’autorité est passée du
wolof (Yonnu Yokkuté) au français (accélérer la cadence) et du français à
l’anglais (fast-tract). Au lieu de s’employer à tracter le peuple lourdement
embourbé dans le désespoir et la pauvreté, on le nargue avec de telles formules !
C’est évident que le fast-tract de la tortue est radicalement différent de celui de
la panthère : ce n’est pas seulement une question de vélocité, c’est plutôt une
question de référentiel. Les objectifs de la tortue étant modestes ne peuvent
évidemment pas être un instrument de mesure pour la marche d’un pays comme
Ndoumbélane. Ceux de la panthère étant incommensurablement au-dessus du
champ de vision de la tortue, lui semblent impossibles, illusoires, utopiques.
« Bey ak lamuuy rattu kuko yakaar do màndim soow », disent fort justement les
wolofs. La cadence des pas de tortue, même accélérée, sera toujours trop
insuffisante pour sortir Ndoumbélane de l’abîme à la fois moral et économique
dans lequel il a été plongé par sept longues années de gesticulations et de
tâtonnements.
Il faut dire que le discours politique n’est, dans l’absolu, ni vrai ni faux : tout
dépend du référentiel. Son excellence le lion-tortue se gargarise d’un taux de
croissance, d’un PIB en hausse, etc. Mais ce que le roi-lion-tortue omet de dire,
c’est que son royaume a changé sa méthode de calcul de son produit intérieur
brut ; ce qui lui a permis de faire artificiellement un bond de 29,4%. Ah la magie
des chiffres ! À la manière du prestidigitateur qui cache le pigeon de sa veste
pour nous en sortir, de manière factice, un à partir de son mouchoir, les agents
de l’agence de calcul des pécules et de la population de Ndoumbélane nous
sortent un résultat sans nous montrer l’opération qui a permis d’y aboutir. La
nouvelle année de base est désormais 2014, là où les précédents chiffres
reposaient sur l’année 1999 : c’est vraiment facile de tromper les masses avec la
rhétorique des chiffres.
Sinon comment comprendre qua malgré les « performances économiques » de
son excellence le roi-lion-tortue, la vie à Ndoumbélane devienne « more and

more hardly » ? Comment expliquer une croissance qui ne permet ni de payer
les études des étudiants ni de payer des bourses de sécurité familiale ? C’est
quoi la réalité d’une croissance qui amaigrit les animaux sahéliens de
Ndoumbélane pour toujours engraisser le déjà-très-gras mammouth de l’outre-
Ndoumbélane ? Si cette croissance est vraiment réelle, comment expliquer
l’inaction face aux inondations et autres périls ? C’est à se demander si le peuple
de Ndoumbélane ne trouve pas goût au carnaval de mensonges dont il est
victime. Un roi qui, en sept ans, a changé trois fois de premier ministre, se
réveille de sa longue torpeur pour supprimer ce poste et promettre un fast-tract
par la seule force de son âme subitement épurée de toute forme de Ndiuuth-
Ndiaath. Mais non Ndoumbélane est vraiment un cirque gratuit !
Il faudrait peut-être rappeler à ce fameux roi l’origine de la fameuse sagesse :
« rien ne sert de courir ; il faut partir à point ». Quand un lion vaniteux perd du
temps et de l’énergie à épouvanter des oiseaux, des rongeurs et des reptiles, ses
forces sont déjà taries lorsque la faim l’oblige à s’attaquer à de vraies proies.
Traquer des ombres à la place des proies : c’est ce que le roi-lion-tortue a fait
depuis son couronnement pour donner l’impression qu’il est un redoutable
chasseur. Ne sachant que faire, il a inventé des procès par-ci, des luttes contre le
terrorisme et des référendums par-là ; et aujourd’hui il est obligé de reconnaître
qu’il n’a pas fait un pas en avant. Il a dilapidé des milliards pour rien, vendangé
le peu de crédit qui lui restait dans la recherche d’une couverture suffisamment
large pour couvrir sa carapace de tortue qu’il veut coûte que coûte cacher au
peuple. La plupart des gens cachent leurs propres démons dans la dénonciation
de ceux d’autrui. Sa hargne contre ses adversaires n’était en définitive qu’un
subterfuge pour effacer son passé, celui qu’il partage largement avec eux.
Et pendant que l’esprit des gens de Ndoumbélane est diverti par cette comédie
du langage politique, une tragédie se joue dans l’anonymat le plus total.
L’insécurité dans les rues de la capitale de Ndoumbélane est désormais
révélatrice de l’impuissance du règne de Ndoumbélane à s’acquitter de la plus
banale de ses obligations régaliennes. Les populations qui étaient les plus
excitées au renouvellement du bail du roi-lion-tortue sont aujourd’hui, très
emblématiquement, les plus affectées par les inondations. Inondation, ce mot
que le discours pompeux de la cour du roi avait prétendu avoir extirpé du
vocabulaire des populations de Ndoumbélane est revenu avec force dans les
discussions. Comment oublier les inondations dès lors que le coassement des
grenouilles qu’elles entretiennent dans les grandes villes fait désormais la
concurrence aux haut-parleurs des mosquées ?
Ah ces grenouilles ! Elles nous rappellent littéralement nos façons de vivre, de
prier le Seigneur, de nous agglutiner, de débattre sans nous écouter les uns les
autres, de squatter le moindre espace que nous trouvons vide. Si les animaux

sont si présents dans la ville, c’est sans doute parce qu’ils y voient des
comportements qui leur rappellent la jungle. La jungle, c’est le lieu de la ruse,
de la violence, de la déloyauté, de l’absence d’éthique, de la panique, de
l’éternel retour des mêmes scènes depuis des millénaires… Observez bien notre
façon de penser et d’agir et vous verrez que les animaux sont chez eux parmi
nous. Constatant que nous ne pouvons véritablement les domestiquer, ils ont fini
par nous domestiquer. Je vais, pour conclure, vous révéler un vieux secret : si les
humains aiment tant avoir des animaux de compagnie ou domestiques, c’est
parce que la bête en eux a besoin d’un miroir. Il n’est pas rare d’ailleurs de les
voir déserter leur humanité pour retourner à cette origine scabreuse de toute leur
passion pour la vie.
Le casse-pieds de Ndoumbélane

2 Commentaires

  1. une ERREUR à corriger rapidement: notre fast-tract est celui d´un camélion. donc il peut être comparé à celui de la tortue. les guépards (sur terre), les faucons (dans l´air) ou bien les marlins bleus (dans l´eau) ne rivalisent même pas avec nous. nos concurrents en matiere de vitesse sont les vers de terre (Lumbricina) ou (Walax-ndianes) qui font du soupou-dialang, les crapauds et les tortues qui sont tous à ndoubélane. (°°)

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