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Ndukur, le Passant (Par Général Mbaye CISSÉ, Cemga)

Date:

« Il y aura toujours l’eau, le vent, la lumière.
Rien ne passe après tout si ce n’est le passant » Louis Aragon
………………
La brutalité de la mort révèle à l’humain la fragilité du radeau qui le porte sur cet océan que nous nommons terre. Comme pour narguer nos vaines prétentions et nos illusions feintes, la mort signe souvent son orgueil en engloutissant les plus belles barques avant de les jeter sur les rivages…du néant ou de l’insaisissable. Et si le parcours d’une vie, la fierté du passant consistait à la remplir de sens et de sève pour la postérité? Comme l’a fait Abdou Ndukur Ndao…

Le Vivant Ndukur, que j’ai connu à travers ses écrits iconoclastes, son amour de la culture authentique et plurielle, portait un amour viscéral à la verte Kassa dont il fut l’apôtre et le défenseur infatigable. Pour que les bourgeons de la paix étalent leur charme envoûtant sur ces belles forêts, enfin débarrassés des mines, souillures silencieuses de la terre de Sitoe Diatta, d’un conflit qui n’a que trop duré.
Notre dernière rencontre, à peine quelques mois, portait justement sur ce sujet qui peuplait ses jours et ses nuits, ses angoisses et ses espoirs, à côté des populations du Kabrousse:
Les mines. Tu ne seras pas là pour voir le beau feu d’artifice de leur destruction prochaine, signant la fin définitive du calvaire de tes amis de Santhiaba Manjak, Youtou, Effok, Kahem, Djirack…mais tu as déjà gagné le combat de la Paix, en démineur des esprits, semant dans les cœurs l’envie désormais irrépressible de retrouver les aubes magiques des forêts majestueuses du parc national de la Basse Casamance, et les senteurs mystérieuses et apaisantes du pays diola.

Par le verbe et l’action, tu as tracé les sillons avec gaieté et bonhomie, muni de tes seules armes: ta sagacité d’anthropologue, ton sourire éclatant et contagieux, et ta passion de la culture visible.. et invisible.
De Siganar à Mlomp, de Boukitingo à Djivent, j’entends déjà le souffle larmoyant des bois sacrés saluer ton départ vers les rivages du grand large où tu reposeras désormais.
Forêts du Kassa fleurissez !
Ah ! fleurissez enfin pour Abdou Ndukur Kacc Ndao… le merveilleux Passant.

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