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Nécessité d’une nouvelle élite politique au Niger

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Au fur et à mesure que l’on s’approche du second tour du scrutin présidentiel, les alliances politiques prennent des allures les plus surprenantes de l’histoire de la classe politique Nigérienne. Nous savons que le coup d’envoi de création de ces alliances politiques insolites a été donné le 17 juillet 2010 au palais des sports de Niamey. Il s’agissait de la rencontre dite Conférence Nationale de la Coordination des Forces Démocratiques pour la République (CFDR). Conférence au cours de laquelle 15 formations politiques décidaient de soutenir en leur au sein tout candidat de la CFDR qui arriverait au 2ème tour.

La CFDR resserrait dès lors ses rangs et faisait croire à l’opinion nationale en général et à ses adversaires politiques en particulier (AFDR, les partis non affiliés) que l’avenir du pays serait désormais entre ses mains. Cela est d’autant plus ahurissant que ces leaders politiques ont pris des engagements matérialisés le même jour dans ce qu’il était convenu d’appeler alors « pacte politique de la CFDR ». Mais, beaucoup de militants de ces mêmes partis et d’observateurs politiques Nigériens savaient déjà qu’une telle alliance serait sans avenir en qualifiant ce pacte politique de ‘’pacte de la honte’’. Et cela pour trois raisons essentielles.

La première est qu’il a été intelligemment rédigé pour défendre l’intérêt des partis politiques et de leurs candidats respectifs. En vérité, les clauses de ce pacte visaient plus la façon de conquérir le pouvoir et non la manière dont seront gérés, protégés et défendus les intérêts de l’Etat. La deuxième raison, c’est que ce pacte remet fondamentalement en cause les projets de société des 15 formations politiques signataires. La troisième raison qui découle de toute évidence des deux précédentes, est celle relative à la culture d’égoïsme politique avec lequel un ‘’verrous’’ du pacte dit qu’aucune formation politique signataire ne doit quitter l’alliance et aucune autre n’y doit adhérer à compter de sa date de signature. Noter que même à ce niveau, aucune sanction de quelque nature n’a été prévue au cas où. Alors où est donc le sérieux dans cette manigance ?

En plus de la vision nombriliste du pacte politique du 17 juillet 2010, l’on se souvient que plusieurs interrogations alimentaient déjà la tribune des médias. Comment Hama Amadou (Capitaliste potentiel), quoique portant les séquelles de la prison de haute sécurité de Koutoukalé puis frustré par le MNSD pourrait éventuellement apporter son soutien à Mahamadou Issoufou (Socialiste pur et dure) qu’il combattait politiquement depuis près de 20 ans ? Et ou vice versa pour Mahamane Ousmane de la CDS ?

La réponse n’a pas tardé car c’est le 24 janvier, c’est à dire peu avant les élections législatives et le premier tour des présidentielles 2011 que le pacte politique de la CFDR sera délibérément violé avec la création de l’Alliance pour la Réconciliation Nationale (ARN). Violé par qui ? Trois membres de la CFDR : Hama Amadou de Moden Loumana FA, Mahamane Ousqmane de la CDS Rahama et Amadou Boubacar Cissé de l’UDR Tabbat alors même que Mahamadou Issoufou du PNDS battait campagne entre Tahoua et Agadez.

Ce qui est curieux sur ce point, c’est que la violation du pacte politique ou ‘’pacte de la honte’’ par ces trois leaders n’a suscité aucune réaction officielle de la CFDR à fortiori l’amener à tirer les conséquences d’une telle défection. Pourtant des sanctions morales soient-telles devraient être prises à l’encontre de la CDS Rahama, de Moden Loumana et de l’UDR Tabbat? Bien au contraire, Issoufou Mahamadou a, lui, préféré garder le silence sur cette alliance le jour des élections du 31 janvier 2011, même si son entourage politique immédiat a fustigé sans réserve cette alliance.

C’est surtout après la proclamation des résultats globaux provisoires des élections législatives et présidentielles, premier tour, qu’on assistera à un volt face politique qui surprendra à plus d’un titre, qui jure d’avec le respect des moeurs, d’éthique et de la morale politiques. Mahamadou Issoufou pour qui certainement « la fin justifierait les moyens » ne se souciera plus des clauses du pacte politique du 17 juillet notamment celles relatives au verrou. D’aucuns pensent qu’il a du organiser un estivage politique de courte durée dans la sous région avec Hama Amadou qu’il estime être le nouveau faiseur du Roi. Ce qui est certain, Hama Amadou qui a délibérément violé le pacte de la CFDR du 17 juillet va y retourner pour apporter son soutien à Mahamadou Issoufou au titre des élections présidentielles 2ème tour. C’était dans une déclaration de presse rendue publique au siège National de son parti Moden Loumana le 10 février 2011. Qu’en est il donc du respect de la parole donnée au sein de l’ARN ?

Amadou Boubacar Cissé qui a assisté à cette déclaration de soutien ne signera pas l’engagement de soutien sous réserve de recueillir d’abord l’avis de son parti (…) Quant au parti CDS, c’est toujours le bras de fer entre Mahamane Ousmane (favorable à l’ARN) et Abdou Labo vice président (proche de la CFDR). Dans tous les cas, au parti CDS la position de la jeunesse Rahama est claire : elle soutiendra l’ARN et promet d’honorer « l’engagement signé par Mahamane Ousmane vis à vis de l’ARN avec le stylo de Abdou labo ».

Sur un tout autre plan, ce sont le RDP Jama’A de Hamid Algabit et le RSD Gaskia de Cheffou Amadou qui feront leurs défections de l’AFDR pour soutenir Mahamadou Issoufou du PNDS, membre de la CFDR. Noter que le RDP et le RSD ont joué un rôle de premier rang au sein l’AFDR au moment fort du mouvement «tazartché ».

A la lumière de ces alliances politiques malséantes et de ces défections intempestives, il y a lieu de s’interroger si le peuple Nigérien a vraiment les leaders politiques qu’il lui faut ? La classe politique Nigérienne actuelle est–elle véritablement celle dont le Niger a besoin pour avancer dans un monde en pleine transformation ? Comment des leaders politiques qui excellent quotidiennement dans les dribles, la trahison et la tricherie en leur sein peuvent-ils bâtir un Etat fort et respecté ? Comment des leaders de ce genre peuvent-ils relever les redoutables défis développement auxquels le Niger fait face ?

Beaucoup pensent qu’en politique la seule morale à prôner est celle des intérêts et non des vertus, des valeurs ou des normes. Il s’agit là d’une compréhension moyenâgeuse du jeu politique et d’une grave offense aux normes de la Démocratie. Encore que partout en Afrique, le respect de la parole donnée est l’une des vertus essentielles qui doivent guider la conduite de tout homme, pas seulement de celui qui aspire à diriger un peuple. C’est pourquoi, nous pensons que mieux vaut un régime d’exception soucieux de l’intérêt général qu’un régime qui se dit démocratique mais fondé sur des calculs politiques et des intérêts individuels ou partisans. Les moeurs politiques sont en danger, l’émergence d’une nouvelle élite politique s’impose au Niger.

Abdoul Ecrivain du Sahel

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