Le ministre de l’Intérieur a reçu hier le Front Mankoo wattu Senegaal. Mais la majorité qui se sent exclue des négociations sur le processus électoral y voit un manque de neutralité de Abdoulaye Daouda Diallo.
Après l’opposition, la majorité a récusé hier Abdoulaye Daouda Diallo. Suite à des débats houleux. Parfois tendus. Son autorité de ministre de l’Intérieur en a reçu un coup. 17h 15, recevant la classe politique, M. Diallo annonce le départ de la délégation du Front Mankoo wattu Senegaal. Cette rencontre qui devait débuter à 16h a été retardée par l’audience en aparté que le ministre a accordée à cette frange de l’opposition. Chargé des élections au niveau de l’Alliance pour la République et membre du pôle de la majorité, Benoît Sambou, révulsé par l’attitude du ministre, parle de «rupture d’égalité» entre les acteurs politiques. «Nous constatons avec regret que l’opposition est en train de rompre complètement le consensus qui a prévalu au sein de la classe politique depuis 1992. Les différents pôles constituant la classe politique devaient se retrouver autour de vous pour une restitution des différentes concertations que le Président a eues avec ces pôles. Nous sommes surpris de voir que l’opposition préfère un échange bilatéral avec le président de la République ou le ministre de l’Intérieur. Nous devons suspendre la séance d’aujourd’hui (hier) pour avoir une audience avec vous. Sinon, il y aura rupture d’égalité entre les pôles.»
A peine rappelle-t-il l’ordre du jour, Abdoulaye Daouda Diallo se fait remonter les bretelles par ses camarades de parti comme Zahra Iyane Thiam. «L’opposition voulait un ministre de l’Intérieur neutre et capable de gérer les élections. Nous, en tant que pôle de la majorité, voulons également un ministre neutre à l’égard de tous les pôles en concertation sur cette question du fichier électoral. Il faut un minimum de considération à l’égard de la majorité. M. le ministre, vous devez être neutre. Ne penchez pas vers l’autre côté !», recadre vigoureusement le ministre conseiller du Président Macky Sall. Abdoulaye Daouda Diallo n’en a pas fini avec les critiques de son propre camp. Me Ousmane Sèye, leader du Front républicain, corse la dose : «Avant de rencontrer Mankoo, le Président Sall a rencontré la majorité. Donc, on doit suspendre cette réunion et avoir un autre jour où on va se rencontrer.»
2 projets de loi en procédure d’urgence
Finalement, le ministre va céder à la pression malgré le veto de Bruno D’Erneville du pôle des non-alignés. Par ailleurs, dans un communiqué du Front Manko wattu Senegaal, la délégation conduite par Oumar Sarr (Pds), Déthié Fall (Rewmi) et Makhtar Sourang (Unp) rend compte de sa rencontre avec Abdoulaye Daouda Diallo. «Le ministre de l’Intérieur s’est engagé au nom du gouvernement à présenter dans les plus brefs délais deux projets de loi en procédure d’urgence : le premier, portant refonte partielle du fichier électoral et le second, portant modification du Code électoral.» Dans la lignée des accords entre le chef de l’Etat et Manko, rapporte l’opposition, Abdoulaye Daouda Diallo a promis de mettre en place 500 commissions administratives au plus tard le 22 décembre 2016 et les porter à 700 avant le 15 janvier 2017. Il sera aussi question de mettre en place un comité de suivi pour la refonte partielle du fichier électoral avec des représentants de chaque pôle politique.
Le Quotidien