L’ambassadeur n’a pas fait dans la langue de bois au sujet de ses relations avec le ministre d’Etat Karim Wade : « Je l’ai rencontré à Paris. Ecoutez, c’est quelqu’un que je connais un peu effectivement, qui m’inspire sympathie et respect. Mais mes relations avec le ministre d’Etat Karim Wade sont avant tout des relations professionnelles. Et j’espère avoir toujours avec lui des relations confiantes et si possibles amicales. Mais de la même façon qu’avec les autres responsables politiques sénégalais, le Premier ministre par exemple. Mais aussi avec les autres responsables sénégalais et pas forcément politiques ou politiques aussi. Donc voilà, j’ai bien commencé avec Karim Wade, j’espère bien poursuivre avec lui. Et j’espère avoir la même relation confiante et amicale, avec tous les interlocuteurs qui voudront bien établir avec moi ce type de relations. »
Interrogé par « L’Observateur » sur le fameux projet de « dévolution monarchique du pouvoir », celui qui voudrait voir le président Wade organiser sa succession en faveur de son fils, l’ancien plénipotentiaire de France à Brazzaville cherche à écarter toute volonté de Paris de s’immiscer dans ce débat qui vampirise la vie politique sénégalaise depuis 2007 et la réélection du « pape du Sopi ». Nicolas Normand annonce solennellement qu’il n y a pas de « position souterraine » de la France à ce sujet.
« Alors j’observe. On observe. Tout le monde observe. Et en lisant les journaux, on observe ce débat qui existe au Sénégal. C’est vrai qu’on m’a fait un procès d’intention sur ce sujet. Moi, je considère que c’est une question de politique intérieure. Même pas. Pour l’instant, j’ai l’impression que c’est un débat un peu théorique. Il est évident que de mon point de vue, il n’y a pas de position souterraine de la France, qui soutiendrait tel ou tel projet, concernant la désignation du prochain président de la République », assure t-il.
Et les fameux réseaux de la « Françafrique » ? Sont-ils toujours décisifs ? D’ailleurs, ne vivent-ils pas d’une réputation surfaite ? « Non, je n’ai pas de point de vue particulier sur ça, sauf, encore une fois, la France ne s’occupe pas de savoir ou d’influencer qui sera le prochain président de la République au Sénégal », précise le diplomate qui estime que « l’époque est totalement révolue où des puissances étrangères voulaient tirer des ficelles. C’est une vision néo-coloniale totalement révolue. Et nous tenons, avant toute chose, à respecter totalement la souveraineté de l’Etat sénégalais. »
Pourtant, on a vu au Gabon et au Togo en particulier, ce schéma faire florès en Afrique ? « Non, je ne pense pas non plus au Gabon », ajuste Nicolas Normand. « L’élection au Gabon a été décidée par les électeurs Gabonais. C’est eux qui ont choisi. Et c’est effectivement le fils d’Omar Bongo Odimba. Mais Ali Bongo Odimba a été choisi par les électeurs Gabonais. Et la France n’a pas d’ailleurs exprimé de position à ce sujet », conclut-il.