Les résultats des élections locales de mars 2009 ont montré que le peuple sénégalais n’est pas disposé à tout gober, à tout accepter de ses dirigeants. Qu’il n’était pas prêt à avaliser sans retenu tous les schémas, notamment ceux d’une dévolution « monarchique » du pouvoir qu’on a voulu lui soumettre de manière quasi référendaire en prenant part sans y être convié et sans être concerné à une campagne électorale. Il est à même de rectifier les déviations institutionnelles préjudiciables à sa marche vers l’avenir que l’on désirerait lui imposer.
Détenteur du pouvoir de sanctionner par le biais des urnes, il a corrigé les tenants du pouvoir qui n’en faisaient qu’à leur tête, sans vaine cruauté, mais sans faiblesse et tapages inutiles. Il a fait subir à la majorité dite libérale une bérézina électorale pendant ces consultations populaires bien que locales. Il revient certainement à cette majorité, d’en tirer toutes les leçons, pour son maintien au pouvoir et la pérennisation de celui-ci pour les cinquante ans à venir ainsi qu’elle en a formulé le voeu. Mais on peut noter avec elle, qu’en face, existe désormais une population qui ne s’en laisse pas compter et conter et qui sait la valeur de sa carte d’électeur.
A-t-elle, pour autant, cette population, voté pour l’opposition, changeant par un phénomène de vase communicant, de maîtres ? Rien de moins sur. Il semblerait plutôt, qu’en plus de refuser d’avaliser une allocation royaliste de la magistrature suprême et d’exprimer un besoin de changement de dirigeants locaux, elle a cautionné une dynamique induite par les Assises nationales qui ont enregistré la participation de l’opposition et d’une partie importante de la société civile et qui se sont voulues une réponse aux attentes populaires insatisfaites. C’est ainsi que le « Bennoo » (l’Union) qui en a résulté en a tiré les dividendes le 22 mars 2009 même si, il n’a pas reçu un chèque en blanc.
D’autant plus que les citoyens paraissent désabusés par leur classe politique du moment toutes obédiences confondues, qui semble se préoccuper davantage d’un retour sur investissement que d’offres politiques nouvelles, porteuses d’émancipation et d’épanouissement pour les masses laborieuses. Depuis une quinzaine d’années, voire plus, le discours politique est en effet axé essentiellement sur la question électorale et/ou sur celle d’un partage des responsabilités dans une gouvernance dont les contours, fonctions et finalités n’infèrent pour l’essentiel discordance en son sein. On s’y accorde sur le fait que les seules politiques qui vaillent sont celles qui sont concoctées et décrétées pars les Institutions de Bretton Woods, on y diverge simplement sur ceux et celles parmi les élites politiciennes qui doivent les appliquer sur le terrain si l’on n’accepte pas de se faire de la place, même à l’étroit, dans un gouvernement de large majorité ou de majorité présidentielle élargie. Dès lors, le chaos peut s’installer, les institutions déstabilisées, les fondements même de l’Etat remis en cause, la pauvreté d’augmenter, l’élite a d’autres chats à fouetter. La classe politique a son investissement à rentabiliser.
Fortement influencées cependant par une société civile et un mouvement citoyen qui ont assurément en même temps que les populations soif d’une nouvelle offres politiques, les Assises nationales de juin 2008 à juin 2009, ont suscité espoir quant à la prise en charge des besoins-aspirations d’un peuple en quête d’un mieux être qui le fuit, chassé en grande partie par des dirigeants dont une gouvernance utile et profitable au plus grand nombre n’est pas forcément le premier des soucis. Les Assises nationales ont, dans leurs conclusions, défini de nouvelles exigences et ouvert de nouvelles possibilités pour le pays. Espace public de débats participatifs, elles ont débouché sur un projet de société, une charte de gouvernance, peut être discutable, mais possible et porteuse. Elles ont aussi fortement mis en évidence une exigence d’éthique et d’équité qu’une classe politique en mal de renouvellement éprouve quelques difficultés à satisfaire.
L’implication directe dans le débat de personnalités politiques et syndicales, mais aussi de femmes et d’hommes de culture, de guides religieux, de militaires, de Sénégalais de la diaspora…, a paru en effet susciter une réponse à la faillite morale, programmatique et sociétale qui plombe le pays et qui s’est accentuée ces dix dernières années. Les travaux des Assises ont contribué à alimenter un débat sur les politiques à mettre en œuvre à court et à long termes. Un tel processus a non seulement modifié même parcellairement et partiellement le rapport du citoyen à la gestion de la cité mais également changé assez sensiblement, la perception que beaucoup de secteurs significatifs ont de leurs rôles et de leurs responsabilités dans la Cité, rôles et responsabilités qui les émancipent davantage. Le pouvoir libéral ne s’y était pas trompé, lui qui avait trouvé en ces Assises une réplique dangereuse et une menace sérieuse à son pouvoir et à sa gouvernance. Il n’a ménagé aucun effort pour contenir les effets et supprimer les nocivités pour son régime. En vain, au regard du 22 mars 2009 ? 2012 en fournira réponse certainement.
Les signataires du Manifeste citoyen pour la refondation nationale où l’on trouve un certain Mansour Sy Djamil, disent vouloir quant à eux, réaliser la vision et les orientations stratégiques des Assises nationales. Ils se veulent les messagers d’une nouvelle offre politique qui refonde et consolide l’Etat républicain et démocratique en provoquant concomitamment des pôles économiques pour un développement endogène, une transformation sociale et culturelle. Vaste programme qui déborde, on peut s’en rendre compte aisément, le cadre d’un simple mouvement citoyen, fut-il le plus large possible, même si c’est pour mutualiser les efforts et les convergences avec ßennoo. Peut-on dès lors s’attendre à la naissance d’une nouvelle formation politique ? Nul ne sait pour l’heure, mais il n’empêche que le citoyen électeur attend, lui, offre d’une gouvernance nouvelle salutaire pour sa cité.
sudonline.sn
Merci de faire publier ce manifeste en intégralité (texte et signataires) sur xalima afin que les internautes puissent se faire une idée par eux-mêmes!