On s’emmêle les pinceaux !

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 A mesure que l’on avance dans les épisodes quotidiens consacrés à la traque des biens mal acquis, aux histoires de patrimoine, de code des marchés publics et autres sans cesse relatés par les médias, les choses s’embrouillent dans nos têtes de Sénégalais ordinaires, non rompus aux jargons d’avocats, de magistrats et de spécialistes en tous genres. Décidément !

Les populations tout en étant informées comme jamais, semblent évidemment trouver qu’il y a quelques confusions dans les informations qu’elles reçoivent quotidiennement.

Tenez par exemple cette fameuse et récente déclaration de Macky Sall, extraite d’une interview accordée au journal « Foreign Affairs », et dans laquelle, il a abordé la question de son patrimoine avec lequel, il s’est dit tout à fait à l’aise. Bien évidemment ! Qui oserait soutenir le contraire puisqu’il a fait une déclaration de patrimoine en bonne et due forme ? Il a ainsi choisi pour l’occasion un médium étranger, comme le faisait d’ailleurs souvent Wade parce qu’il y a naturellement un discours pour Sénégalais et un autre pour les occidentaux dont on a bien souvent besoin de l’onction.

Jusqu’ici c’est cool, on est dans cette impérieuse nécessité de communiquer, sauf qu’à lire ce discours, on sent bien qu’il n’a pas de chance de prospérer dans ces pays où les choses sont plus transparentes, donc moins opaques. Ils ne comprendraient pas un tel discours, à moins que ce soit nous qui cherchons la ptite bête.

« Quand vous êtes en mesure de prouver que vos biens sont en conformité avec vos revenus, vous n’avez aucun souci à vous faire. Autant que je sache, nous avons bénéficié des privilèges relatifs à nos positions (ministre, Premier ministre ou président de l’Assemblée nationale). Ce qui est tout à fait normal. Cela n’a rien à voir avec la corruption ou le détournement de fonds  », a t-il soutenu.

Une déclaration oh combien équivoque puisqu’on aimerait bien savoir, de quels privilèges parlait l’ex-Premier ministre et Président de l’Assemblée nationale ? Du téléphone à gogo, de l’essence qui coule à flot ou du logement de fonction ? Et le reste… C’est quoi au juste ?

Peut-être avait-il voulu dire autre chose qu’il aurait mal exprimée. On aimerait bien savoir. C’est en tout cas, le genre de discours qui laisse pantois plus d’un et donne à réfléchir sur la nature de nos institutions.

Et ce n’est d’ailleurs pas pour rien que tous les « wadaillons » pour emprunter le terme à Fabrice NGuéma, se sont appuyés sur l’argument des libéralités pour justifier leur patrimoine actuel.

Sur un autre sujet qui a trait à la transparence, notamment la traque des biens supposés mal acquis, il y a quelque chose qui ressemble à du désordre, dans la manière. D’abord, il y a toujours les mêmes accusés de turpitudes de gestion, alors que d’autres, à qui l’on prête de l’amitié avec le Président, seraient épargnés. Vient de s’y ajouter le prince du cadastre Tahibou Ndiaye. Pourquoi seulement eux, lorsqu’on sait l’ampleur de la prédation et la complexité du système l’ayant permise ?

Ensuite il y a des faits que l’entendement simple ne permet pas de cautionner et d’admettre comme absolument véridique. Le sensationnel de ces informations rend irréelles les accusations portées contre les supposés auteurs de ces vols aggravés. Alors, dès qu’il y a rectifications, celles-ci accréditent l’idée d’impréparation, dans laquelle s’engouffrent les amis des accusés, criant à l’innocence et à la chasse aux sorcières, alors que « ndékété yo !!! » (et si vous saviez), ces faits peuvent être prouvés avec plus de calme et de sérénité.

C’est là qu’apparaît notre ministre de la Justice, nouvelle communicante hors pair, qui manie un langage de combat et de femme à qui on ne la fait pas et qui balance grave dans les journaux, des insinuations contre certains journalistes qui seraient payés par les malfaiteurs, pour crier à leur place leur innocence. Elle y va franc du collier, avec assurance, contre les journalistes qu’elle qualifie de véreux ou mieux de manipulés. Pourquoi ne choisit-elle pas mieux les gens chargés de l’aider dans la manifestation de la vérité ?

Car, dans le même temps, il serait judicieux que pour éclaircir de telles affaires qui touchent à la volonté du chef de l’état, de procéder à une rupture en faisant la chasse aux prédateurs de nos ressources publiques, il soit fait appel à des personnes au-dessus de tout soupçon.

Que des Zorros se voient confondus comme étant eux-mêmes des personnes ayant des rapports élastiques avec la probité et l’honnêteté, demeure gênant. Que les administrateurs provisoires soient mieux choisis pour relever les manquements qu’ils sont venus pointer, est une exigence.

Car comment comprendre qu’ils soient débusqués comme au coin d’un bois, ayant pris leur part d’un gâteau déjà entamé, remerciés puis à nouveau blanchis par le pouvoir ? Papa Alboury Ndao avait été stigmatisé par les travailleurs de Dubaï Port World pour s’être avantageusement servi de ses prérogatives de contrôle, avant d’être éconduit puis….remis en selle.

De même qu’Abdoulaye Sylla a été redressé par le Palais lui-même, avant de se voir blanchi après une grand-guignolesque conférence de presse de ses avocats, venus contredire ce que lui-même avait avoué de ses propres déboires judiciaires. Tout cela embrouille les esprits de ceux qui attendent une vraie justice à l’encontre de ceux qui nous ont été présentés comme de sinistres voleurs de la République.

Il leur est permis de douter, du fait de l’impréparation de leurs dossiers ou de l’opportunité de faire savoir où en sont les investigations qui selon nos lois doivent être secrètes.

Mais nous sommes bombardés de dossiers que d’habitude nous devrions mettre des mois à constituer en les recherchant. Là, ce n’est même pas la peine d’investiguer, les dossiers nous parviennent, comme par enchantement, incriminant ou innocentant les uns ou les autres…

La télé nous donne à voir du sport en ce moment. Le basket est notre pain quotidien et nous nous apercevons que seul le travail paye. Les ivoiriens nous ont fait voir toutes les couleurs et toutes les douleurs du travail qui paye. Point n’est besoin de savoir qu’il nous a manqué de préparation. C’était évident quand on voit des joueurs pas payés, manger une fois par jour en regroupement par défiance d’un hôtel qui doute d‘être payé par une fédération exsangue, qui ne savent pas s’ils vont jouer du fait d’arriérés impayés par celle-ci. Et on veut gagner par la grâce de Dieu ? Prend-t-on le Bon Dieu pour un garçon commissionnaire ? En tous cas, il n’est pas injuste…. Comme notre défaite qui a pris des allures de sévère punition…divine

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