[Opinion] Bakary Sambe, un intellectuel communautariste? Les Réalités du Salafisme au Sénégal. Président Macky, ne commettez pas une bourde. Par Moustapha Ba

Ces derniers temps, avec la situation au Mali, les interventions médiatiques de Bakary Sambe sont multiples et se ressemblent. Sur tous les palataux de Télé et de radio, ce dernier parle du danger de l’idéologie des Jihadistes, de la large diffusion de leur idéologie, et de la présence de cellules sénégalaises les représentant. Ce qui étonne dans l’analyse de Sambe est qu’elle est tellement alarmiste qu’on se demande si les services secrets sénégalais sont au même niveau d’information que lui.
M. Sambe dit qu’il y a des cellules terroristes au Sénégal sans jamais donner la moindre preuve. Même s’il n’hésite pas à pointer du doigt un certain groupe, une certaine université, une certaine mosquée, il n’a jamais fourni une seule preuve pour appuyer ses graves affirmations. Par ce présent article, je lance un défi à M. Sambe et je prends toute l’opinion sénégalaise pour témoin. M. Sambe, s’il y a une seule preuve qui montre que les individus auxquels tu fais allusion dans tes interventions médiatiques sont liés de prés ou de loin aux terroristes, présente la aux sénégalais. La vérité est que M. Sambe a un agenda bien déterminé, et je vais vous l’exposer dans les lignes qui suivent.

Un intellectuel au service de sa confrérie
M. Sambe est adepte du soufisme, et du Tidianisme en particulier. Ses articles sur le Net, et son affiliation à Aga Khan University ne font que confirmer son appartenance à la confrérie de Cheikh Ahmed Tidjane. Dans toutes ses interventions, M. Sambe glorifie le travail de nos « pieux aïeux » ( Mak you bakh yi) et fustige ‘ceux qui importent les idéologies d’ailleurs.’ L appartenance de M. Sambe au Tidianisme ne fait aucun doute, et il est totalement libre de se souscrire à l’idéologie de son choix. Cependant, en tant qu’ universitaire, il doit se baser sur des faits avant d’émettre des opinions aussi alarmistes qu’injustes. La réalité est que M. Sambe est un intellectuel communautaire et communautariste au service de sa confrérie. M. Sambe appartient à une confrérie qui a du mal à tolérer une certaine communauté musulmane sénégalaise qui a fait l’option de pratiquer un Islam non-confrérique qui se réfère aux sources premières de la religion qui sont le Coran, la Sounnah, et l’interprétation des textes islamiques par les premiers musulmans. Cette communauté se désigne comme « Salafiste». Le mot « salafiste » signifie ‘celui qui se réfère à l’ancien.’
Le Tidianisme ne digère pas cette idéologie, et ses dirigeants de premier plan ont été les premiers à jeter les membres du salafisme à la vindicte populaire. L’un des plus visibles et plus prolixes membre de la Tidiania du Sénégal n’a pas hésité de menacer de mort l’un des dirigeants du salafisme sénégalais. Ce dernier s’en était ouvert à la police sénégalaise qui a fait ce qu’elle devait faire.
Quand on appartient à une confrérie dont les leaders insultent et menacent les salafistes, quelle position peut-on prendre en parlant d’eux ? M. Sambe mène le combat de sa communauté religieuse, et en même temps il crée une situation sociale délétère qui ne pourra qu’être néfaste à la stabilité et à la paix sociales du Sénégal.
L’idéologie des Salafistes Sénégalais :
Ce que je demande à tous les observateurs ce n’est pas d’attendre de moi ou de M. Sambe une présentation des salafistes sénégalais. Il faut découvrir cette idéologie et les personnes qui s’en réclament soi-même. Il faut assister aux rencontres de ces salafistes, écouter leurs sermons/conférences/cours, et faire des efforts pour les connaitre. Ce qui est intéressant avec ce mouvement est que ceux qui l’animent pratiquent une transparence exceptionnelle : les enregistrements sonores et vidéo de leurs sermons, cours, et conférences sont diffusés partout sur le Net ou en forme de casette et de CD. Allez découvrir l’idéologie du mouvement salafiste, et jugez par vous-mêmes s’il y a une once de terrorisme dans ce que ses adeptes enseignent et pratiquent.
Il est totalement vrai de dire que les salafistes sont fondamentalistes car ils déclarent vouloir pratiquer un Islam authentique dont les sources sont uniquement Le Coran, la Sounnah, et la compréhension de ces deux sources par les premières générations de musulmans. Pour ce mouvement, l’Islam, à travers les peuples et cultures, est devenu aujourd’hui une religion teintée de folklore et d’innovations. Pour le Salafisme, il faut retourner à l’Islam authentique pour ce qui concerne la pratique religieuse. Pour la vie mondaine, les salafistes sont pour le progrès et l’innovation. Ils embrassent tout ce qui peut leur faciliter la vie et la pratique religieuse tant que cela ne va pas à l’encontre des préceptes de l’islam.
Sur le plan politique, les salafistes croient que la priorité est d’abord l’éducation et la pratique religieuse. Les salafistes, dans leur majorité, ne s’impliquent pas dans la politique. Ils sont animés par un désire d’enseigner l’Islam authentique et de le pratiquer. Ils croient que les peuples ont toujours des régimes qui les reflètent. Donc, pour arriver à des changements politiques, il faut reformer les peuples d’abord. Tous les mouvements islamiques qui se sont lancés dans la politique ne se réclament pas du salafisme. L’idéologie des frères musulmans n’est pas salafiste ! En effet, les salafistes ont toujours critiqué les mouvements islamiques qui s’impliquent dans la politique en les accusant de vouloir changer des systèmes sans changer les personnes qui animent ces mêmes systèmes.

Président Macky, ne commettez pas une bourde !
Lors de son discours aux Quaies du Port autonome de Dakar ce mardi 15 janvier 2013, le Président Macky Sall s’est, à juste titre, désolé du fanatisme. En même temps, il a magnifié le travail de nos ‘pieux aïeux’ et a dit, en des termes clairs, que les sénégalais n’ont pas besoin d’idéologie importée d’ailleurs. Le President Sall a , vraiment, fait usage du langage des adeptes de confréries d’où les applaudissements nourris de l’assistance. Le Président est allé jusqu’à demander au Sénégalais de dénoncer ceux qui prêchent la violence. En agissant de la sorte, notre Cher Président a fait une grosse faute, et je me demande s’il a un conseiller qui maitrise bien la question du fondamentalisme islamique.
Monsieur le Président, l’Islam est une religion importée ! Il vient de l’Arabie. L’Islam est entré très tôt au Sénégal, mais il reste une religion venue d’ailleurs. Donc, il n y pas lieu de se glorifier d’un islam sénégalais. C est pourquoi, El Hadj Moustapha Gueye dit toujours « nous sommes des convertis. ». Il ne faut pas qu’on tombe dans le piège du « dictat des confréries. » Les adeptes des confréries accusent les autres d’importer des idéologies d’Arabie tout en oubliant très souvent que l’une des confréries les plus importantes du Sénégal a été fondée par un Algérien. Le soufisme, en tant que philosophie ou pratique, est venue d’ailleurs. Donc, il est important de laisser chacun pratiquer son islam comme il l’entend dans le respect scrupuleux des lois laïques qui régissent notre société sénégalaise.
M. Le Président, en Egypte et ailleurs, le terrorisme s’est propagé parce qu’il a eu discrimination et injustice contre une partie du peuple. Dans ces sociétés, la délation a détruit la cohésion sociale et la confiance mutuelle et respect entre citoyens. Il ne faut jamais demander à une partie de la population de se mettre contre une autre. Il appartient à la police et aux services secrets de faire leur travail. Il faut encadrer et surveiller tous les mouvements religieux. J ai vécu pendant des années dans un pays arabe de l’Afrique du Nord, et dans ce pays, les autorités accordent une liberté encadrée à tous les courants de pensées. C’est une des raisons pour lesquelles, l’extrémisme n’y est pas un problème majeur.
Un Président doit être au dessus de la mêlée, et éviter d’afficher un quelconque favoritisme. Vous ne devez pas faire l’apologie des confréries. Le Sénégal est un pays laïc. Chacun a le droit de croire à ce qu’il veut. Au Sénégal, on parle très souvent de tolérance, mais une analyse approfondie montrera que notre tolérance est sélective, et qu’elle est réservée, avec condescendance, aux fidèles de d’autres religions. Les musulmans ne se tolèrent pas entre eux. Ils ne peuvent même pas fêter ensemble. En tant que Président, vous devez aider à rassembler les sénégalais, pas les diviser.
La Suite à venir, in cha Allah

Moustapha Ba