[Opinion] Comment contrer les tricheurs du PDS Par Mamadou Goumbala

Malgré la détermination du M23 et l’engagement de tous les démocrates, nos cinq Yao N’dré ont bravé la volonté populaire et ont accompli leur forfaiture sans état d’âme ni remords. Nous avons perdu la première manche mais le plus dure est encore devant nous. Au soir du 26 février, nous aurons en face l’administration de Wade avec ses sous-préfets, préfets et gouverneurs aux ordres selon les dires de Khoureyssi Thiam. Depuis cinq ans, je suis en Côte D’Ivoire pour m’occuper d’élections. J’ai participé à plusieurs séminaires avec des experts confirmés et je n’ai jamais entendu parler de logiciel ayant la capacité de fabriquer des résultats. Avec un vote manuel, comme au Sénégal, on ne peut fausser les résultats que manuellement. A ce niveau plusieurs pistes existent et nous allons les analyser en nous appuyant sur notre propre expérience.

La côte D’Ivoire compte, pour une population estimée à plus de vingt millions d’habitants, environ 5.7025.720 électeurs. Pourtant il y avait deux enjeux majeurs : le choix du Président de la République et la possibilité d’avoir des papiers surtout pour les gens du Nord.

Au Sénégal, nous avons 5.080.000 électeurs pour une population de onze millions d’habitants.  Je crois qu’ici le chiffre est manifestement exagéré  à dessein. Certes,  on ne peut plus auditer le fichier mais l’opposition doit s’interroger sur ce gonflement du nombre d’inscrits pour percer le mystère. Ici, il y a anguille sous roche. Est-ce-que c’est pour créer des bureaux fictifs ?  L’administration électorale  a-t-elle communiqué, dans sa fameuse carte électorale, tous les bureaux de vote? Est-ce-que ce découpage administratif anarchique n’est pas fait pour utiliser ce surplus d’inscrits ? Est-ce-que la carte épouse exactement ce découpage aberrant et farfelu. Autant de questions qu’il faut se poser pour rentrer dans le secret de ces tricheurs à l’imagination fertile et mille fois récidivistes. Les anciens du PDS disaient récemment qu’ils avaient fait inscrire des mineurs en 2007 pour faire gagner Wade. Est qu’ils n’ont pas repris la même astuce en 2012 ?

Avant le début du vote, il faut veiller à ce que tous les bulletins des candidats soient sur la table et en quantité suffisante sinon bloquer le début des opérations jusqu’à ce que  l’anomalie soit réparée. La présence des représentants et  des mandataires des candidats, dans tous les bureaux de vote, est impérative. Il ne faut pas laisser le champ libre au PDS. La personne qui vote est-elle le propriétaire des papiers qu’elle présente ? Le chef du bureau de vote et ses assesseurs doivent s’astreindre à ce contrôle fastidieux surtout s’il y a prorogation de l’heure de fermeture du bureau de vote. Le votant doit être bien dévisagé. Prendre toutes les mesures nécessaires pour annihiler les velléités  de votes multiples ou d’autres formes de manœuvres frauduleuses.

Après la fermeture du bureau de vote, le dépouillement se fait devant tout le monde et on compte le nombre de voix obtenus par chaque candidat. Ces différents scores sont consignés sur les procès verbaux et à chaque représentant de candidat on remet un exemplaire qu’il doit impérativement garder et plus tard remettre à ses supérieurs. Les exemplaires qui sont entre les mains du président du bureau, en Cote d’Ivoire, sont centralisés au siège de la CEI (Commission Electorale Indépendante) à l’échelon sous-préfectoral, ensuite à l’échelon préfectoral, à l’échelon régional et finalement à Abidjan à la grande CEI centrale. A chaque échelon on additionne les PV qui viennent de l’échelon inferieur et on donne les résultats devant tout le monde. Au niveau de la S/préfecture, on compile les scores de tous les bureaux de vote  de la S/préfecture et on donne le résultat final devant tout le monde. A la préfecture on compile les résultats  venus des s/préfectures et on donne les résultats du département devant tout le monde. Au chef-lieu de la région,  on compile les résultats des préfectures pour avoir les résultats de la région. Après tout ce travail en amont, les résultats des régions sont convoyés à Abidjan où la CEI centrale vérifie,  additionne et proclame les résultats finaux.

Au Sénégal,  au niveau  des échelons correspondants à ce schéma ivoirien, nous avons l’administration d’Ousmane N’gom « le traitre repenti» et de Cheikh Guèye, le dinosaure, qui donne des gages d’honnêteté  pour nous endormir.  C’est au niveau de ces différents échelons qu’il faut exercer une surveillance sans faille dans la compilation des résultats et l’acheminement des PV. Si la surveillance est défaillante l’administration du PDS peut facilement modifier les résultats et dans la précipitation et la confusion  proclamer Wade vainqueur ou, si inéluctablement un 2ème tour est inévitable, lui choisir son adversaire.  Au premier tour des élections présidentielles ivoiriennes, de 16 heures à 5 heures du matin, j’ai parcouru 800 km  avec une escorte armée pour convoyer des urnes et des PV.

Au soir des élections, il faut avoir les moyens de suivre le convoyage des PV des S/préfectures aux préfectures et des préfectures au ministère de l’intérieur.  Les radios libres doivent investir ces lieux et nous aider à proclamer, le plus rapidement possible, les résultats avant que l’administration n’accomplisse ses méfaits comme nos Yao N’dré.

Nos frères et amis guinéens qui bénéficient de notre hospitalité doivent s’abstenir de voter. Pape Diop leur avait tous donné des papiers sénégalais en échange de vote pour les premières municipalités d’après alternance mais cette fois c’est  plus sérieux ; nous les prions de rester à la maison s’ils ne veulent pas s’attirer des ennuis. En Côte D’Ivoire une caravane avait fait le tour du pays pour demander aux étrangers de s’abstenir et ils l’ont. Nous demandons aux étrangers, en terre sénégalaise, de faire la même chose.

Mamadou Goumbala membre du M23