Jamais dans l’histoire de notre pays, un document économique n’a soulevé autant de passion dans le pays et en dehors de ses frontières. La vie publique gagnerait pourtant à s’affranchir de la tyrannie de la politique.
Dans une démocratie de marché, politique et économie se ressemblent parfois et se complètent souvent, sans toutefois se confondre. Celle-là (ne) s’accommode (que) de la clameur publique, alors que celle-ci ne peut éclore, en tant qu’activité ou exercice intellectuel, que dans la sérénité et l’apaisement.
A présent que les esprits sont en passe de s’apaiser, il est temps de revisiter le document du Pse pour s’interroger sur sa valeur intrinsèque. Une lecture rapide et non exhaustive, amènera le citoyen doué de bon sens et d’outils de base pour comprendre les phénomènes économiques, à se poser des questions : qui a rédigé ce «document» ? Qui l’a validé et décidé de sa publication en l’état ? Un décideur peut-il s’en réclamer en l’état ?
1. Une lecture rapide du Pse m’a permis de relever :
Cinquante-huit (58) fautes d’orthographe, d’usage et d’expression. Elles sont toutes mentionnées dans l’annexe ci-jointe et portent la référence 3. La concentration des fautes varie d’une page à l’autre, mais il est important de préciser que le point 310 relatif, paradoxalement, aux «réformes urgentes pour l’environnement des affaires» en concentre 14;
Vingt-neuf (29) cas de répétition de passages du texte, de tautologie inappropriée, de redondance qui érodent la valeur technique du document;
Trente (30) cas de défaut de maîtrise des concepts et théories économiques qui atténuent la qualité technique du document;
Dix (10) cas de fautes de vocabulaire ou d’utilisation inappropriée d’un concept à la place d’un autre.
Au total, le texte du Pse comporte plus d’une faute par page.
2. Pour les personnes habituées aux excellentes publications des services des ministères chargés de l’Economie et des Finances (Dpee, Dcef entre autres) et du Plan (Cepod et Ansd), le texte comporte peu de nouveautés :
– les points 4, 5 et 9 sont des redites (cf. annexe ci-jointe) ;
– le chapitre I «Diagnostic économique et social», c’est-à-dire les points 11 à 143, soit 133 points, sont une compilation de documents divers déjà publiés par la Dpee, l’Ansd et le Cepod.
– le chapitre II «La vision», composé des points 144 à 168, soit 25 points, n’est qu’un résumé du chapitre III, au demeurant plus détaillé sur beaucoup d’aspects. En outre, ce chapitre ne fait qu’obscurcir la vision du plan ;
– le chapitre IV «Fondamentaux de l’émergence» (points 284 à 317, soit 34 points) ne présente aucun fondamental. Au contraire ce chapitre fait de graves confusions entre les notions de «fondamentaux», de «piliers» et de «fondements» et achève de discréditer le texte par la concentration élevée des fautes (voir page 83 ou point 310).
– Le paragraphe 5.1 «Le plan d’actions prioritaires (Pap) 2014-2018», c’est-à-dire les points 318 à 334 (soit 17 points), ne présente aucune action prioritaire même si le point 319 énonce la méthodologie de sélection des actions prioritaires. Le reste du paragraphe (points 320 à 334) traite du financement du Pse. Pour cette raison, il aurait dû être intégré dans le paragraphe 5.1 «Financement». Même si c’était le cas, les points 318 à 350 n’énoncent que des montants de financements nécessaires, mais ils n’indiquent pas les sources de financement. Autrement dit, ces points n’ajoutent rien au texte.
Au total, sur les 384 points du texte, 228 ne sont d’aucune utilité, ou n’expriment aucune nouveauté, ou n’ajoutent aucune valeur ajoutée au texte, soit 59,3% du texte. Ce pourcentage ne tient pas compte des graphiques et tableaux reproduits dans le texte et sans indication des sources. Dès lors, il est légitime de s’interroger sur la valeur ajoutée apportée par le cabinet commis à la conception du Pse ? Quelle est la valeur technique du document lui-même ?
3 Pour ces seules raisons et sans aller jusqu’au débat technique sur la pertinence des modèles de référence utilisés, notamment pour le cadrage macroéconomique et les scénarii, le texte doit être réécrit. Les bailleurs et partenaires ne s’engageront jamais sur un tel texte.
4 En attendant le débat technique, la réécriture sera mise à profit pour améliorer la présentation générale du document et enrichir son contenu en intégrant d’autres thèmes (programmes du ministère chargé de la Restructuration des zones d’inondation, crise casamançaise, etc.). Ce répit sera également mis à profit pour hâter certaines réformes financières et budgétaires en vue d’accroître les capacités d’absorption de ressources du Sénégal, dans un contexte de gouvernance financière améliorée. De façon non exhaustive, ces réformes sont :
La déconcentration de l’ordonnancement au profit des ministères sectoriels aussi bien pour les dépenses de fonctionnement que d’investissement. Cette déconcentration doit être accélérée, mais ordonnée, cohérente et progressive, compte tenu des délais du Pse ;
L’harmonisation des procédures des bailleurs, conformément à la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide et au plan d’action d’Accra. L’idée d’explorer la mise en place de comptes d’affectation spéciale «sectoriels» (lorsqu’il s’agit de financements réguliers) ou de fonds de concours (en cas d’opérations ponctuelles) devrait être retenue ;
L’accélération du processus d’adoption du budget en mode programme et la mise en œuvre diligente des réformes subséquentes : la gestion axée sur les résultats, le cadre logique de performance (Projets et rapports annuels de performance), l’introduction plus poussée de la pluri annualité dans la gestion financière publique, etc.
La rationalisation du système de contrôle, avec une meilleure articulation entre contrôle parlementaire, contrôle administratif et contrôle juridictionnel. Dans cette perspective, l’Ofnac devrait être renforcé en moyens matériels, humains et financiers. Le Parlement devrait voir ses compétences techniques en matière de contrôle améliorées. L’Inspection Générale d’Etat devrait coiffer, coordonner et harmoniser les activités des services de contrôle interne des ministères avec son propre programme de contrôle, de sorte que les structures d’exécution du Pse soient sous «tension permanente». Enfin, la Cour des comptes, en tant qu’organe de contrôle juridictionnel, devrait être dotée de pouvoirs juridictionnels et disposer de chambres des comptes dans les régions.
5. Le Sénégal a toujours obtenu plus que ses attentes à un Groupe consultatif. Les pays n’ayant pas obtenu plus que ce qu’ils demandaient sont très rares. La Centrafrique réunira bientôt son Groupe consultatif et obtiendra plus que ce qu’elle aura demandé. Il nous faut plutôt apprendre à travailler. Sérieusement. En commençant par apprendre à présenter des documents irréprochables, sur lesquels on peut recueillir des intentions de financement. Ensuite, il faut travailler à transformer ces intentions en engagements fermes de financement, puis en points de croissance réductrice de pauvreté. En concertation, sinon en complicité avec le secteur privé national laissé en rade par le Pse.
6. Soyons direct et loin des théories économiques arides inaccessibles au commun des mortels et surtout, osons le dire haut et fort : un pays en congé permanent, où les étudiants entament l’année au mois de février, où des cérémonies de distribution d’argent public sont organisées et retransmises à la télévision, où le secteur privé n’a pas accès au crédit bancaire malgré d’énormes liquidités, où l’activité bancaire est la plus rentable avec un taux de rentabilité supérieur à la moyenne mondiale, où la législation fiscale même vous incite à faire du commerce plutôt que de la production, où les agents économiques sont plus incités à consommer qu’à investir, n’émergera jamais. Enfin, j’ai pris une carte du monde à la recherche d’un pays qui a émergé en empruntant une langue étrangère : je n’en ai pas trouvé. Le Sénégal sera-t-il une exception ?
El Hadji Abdou SAKHO
Ancien Commissaire aux Politiques économiques et à la Fiscalité intérieure de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (Uemoa)
Par Lequotidien.sn
Et ceci n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan de la PSE. Si le pouvoir Arc en Ciel pensait inoculer aux sénégalais la farce médiatique du PSE, qu’il sache qu’il lui reste à faire.
Mr Sakho dit: »A présent que les esprits sont en passe de s’apaiser, il est temps de revisiter.. » Oui, c’est seulement maintenant, et longtemps encore qu’on pourra expliquer. Au moment où la presse des 100 avait encore son argent en poche ou ne l’avait pas encore touché, ceci était impossible. Le tintamarre payé allait noyer ses explications. Et on ne peut le reprocher aux journalistes payés. Pensez donc, il y a eu un déjeuner pour la presse avec un menu à la demande. C’était pour leur expliquer comment communiquer sur le PSE (comment communiquer, pas comment informer). Ils ont eu leurs voyages payés pour Paris (rien que pour aller suivre un film à la télé). Il a été prévu un milliard, rien que pour les journalistes pour les aider à bien expliquer à leurs lecteurs. Mais il ne faut pas oublier qu’un milliard qui descend perd de son poids, sous l’effet de la gravitation, c’est une loi de Newton. Alors, c’est normal qu’en fin de chaîne le journaliste ne reçoive que 100 mille. Mais c’est suffisant pour ne plus se taire.
Si vous ajoutez à cela, des mannequins qui se prélassent en France au nom du PSE et au frais du contribuable, des promoteurs de lutte qui gagnent le milliard pour l’hébergement, des journaux français fichés comme racistes et islamophobes qui gagnent des marchés de pub de notre PSE, etc, etc, … franchement, il n’est pas beau notre PSE.
Ils ont oublié une chose: Le menteur ne mesure pas l’ampleur de sa tâche. Parce que pour chaque nouveau mensonge, il lui faut en fabriquer 100 pour soutenir le premier.
Et pourtant ce sont les politiciens qui aurait du tenir ce discours de M. Sakho, mais bon les politiciens connaissent plus le bavardage d’un niveau intellectuel de grand place que autre chose.
Je ne comprend toujours pas pourquoi cette médiatisation de ce fameux groupe consultatif de paris, à croire que le président et ses collaborateurs n’ont pas mieux à faire que de communiquer à outrance.
Pour se développer M.Sakho donne sa vision. Précision : ya des pays qui se sont développé avec une langue etrangère Exemple : Singapour. Le problème c’est plus profond, c’est que nos élites donne l’impression de s’abrutir avec la langue française, usant de la langue de bois et du bavardage à gogo, à qui la faute ? à l’autre bien sur.