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Où va le Sénégal de Macky? Quand les dérives supplantent les ruptures. Par Momar Seyni Ndiaye

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C’est à se demander si les Sénégalais se reconnaissent le matin devant leur miroir. Que voient-ils ? Un pays au visage défiguré. Une triste réplique du régime wadien, qu’ils croyaient à jamais enterré. Un succédané d’un système inique qui aura tout simplement déclassé notre pays, plongé douze années durant dans les profondeurs du lugubre ‘’palmarès’’ des Républiques bananières enkystées dans les privilèges indus, pour tout dire la patrimonialisation du pouvoir. Un ersatz d’un pays de cocagne où tous les coups fourrés, au propre et au figuré, sont permis. Non, il n’y a pas là, la moindre illusion d’optique, et le miroir n’est pas ici un prisme déformant. Il n’est que le reflet hélas de ce qu’il est convenu d’appeler l’effet miroir. C’est-à-dire la projection effective d’une réalité quotidiennement vécue : celle d’un pays en proie aux pires angoisses existentielles, pour les Sénégalais d’en bas. Et de luxure pour ceux d’en haut. Un pays où le reniement des valeurs au profit du gain rapide est devenu loi. L’effort, un délit de vertu et la vertu, un péché d’insouciance.

Foi et jeux de hasard : deux valeurs refuges

Un pays où les seules valeurs-refuges sont la foi ou les jeux de hasards et autres paris mutuels. Si ce ne sont les deux ! Curieux syncrétisme tout de même ! La croissance macroéconomique, semble-t-il de 5%, ne profite qu’à ceux qui tiennent les leviers du pouvoir. Les autres, démunis, se déconstruisent dans la décroissance, le déclassement social et toutes les autres formes de privations, en scrutant désespérément les ruptures promises. Ne voyant rien venir, ils se retournent, crédules, vers leurs porte-drapeaux d’hier. Ceux qui défendaient à tue-tête leurs droits sociaux et luttaient bec et ongles pour leur droit de vivre décemment. Mais ces parangons de la vertu et de la justice sociale ont déjà traversé la rivière et plastronnent allègrement dans l’autre rive, nichés dans d’autres planques. A peine a-t-on aperçu leur dossard marron, qu’ils ont déjà changé leur plaque d’immatriculation et leur numéro de téléphone. C’est leur nouvelle posture au pouvoir qui les ankylose dans ce cloisonnement psychologique, cette distanciation physique et cet éloignement de la plèbe. Wade l’avait prédit, la ‘’promesse politique n’engage que ceux qui y croient’’. Le crime de naïveté des pauvres délaissés se paie cash, et leurs complaintes n’y changeront rien. Pas même l’empathie agissante des nouveaux nantis.

Les ‘’3 M’’, nouvelle référence caustique

Les quolibets, fruit de l’imagination fertile des déçus de la seconde alternance, produisent des merveilles créatives, associant la paupérisation des masses au régime de Macky, à sa femme et maintenant à leur Premier ministre. Au  classique Système D de la débrouille, il faut désormais suppléer, le système des ‘’3 M’’ de la survie à la sénégalaise (Macky, Marème, Mimi). Même dans la souffrance, les Sénégalais ne perdent pas leur humour caustique. Mais le pouvoir a-t-il compris leur hallucinant message de détresse ? Lui, dont le chef suprême déclare urbi et orbi, que le pays est liquide et que l’argent coule à flot. Peut-être confond-t-il la liquidité des larmes et du sang à celle des billets roses et verts !

Difficile à croire pourtant ! Chaque levée de soleil révèle son lot d’insouciance et de dérives. Le népotisme reprend du poil de la bête. Les proches et très proches sont grassement servis et hissés aux postes les plus juteux. Les récompenses fusent de partout et tombent dans l’escarcelle des amis, parents et beaux parents. Mais rien dans la sébile des pauvres que des sueurs et des larmes, dont le cliquetis émeut, mais ne dérange pas leurs desseins d’accumulation. Même l’obole des pauvres est une denrée rare et inaccessible aux indigents et autres hobereaux. Quand des familles désemparées, après de longues heures d’attente se bousculent, s’agressent devant les portails des mairies pour ramasser une maigre pitance de 15 000 francs Cfa d’aide afin d’acquérir le prix du mouton de tabaski, l’indignation est à son comble. A côté de juteux contrats d’exploitation pétrolière garnissent les comptes en banque et les pillards en col blanc s’en tirent à bon compte avec une médiation pénale, devenue vertueuse comme par enchantement.

Des pratiques archaïques

Quand dans la banlieue dakaroise, à Saint-Louis, Kaffrine, Rufisque, Mbour…, les eaux de pluies envahissent les concessions et tuent de pauvres innocents, les nouveaux ministres, tous apéristes, font la bamboula. Certaines passations de services ministériels se muent en meeting politique avec tout l’attirail festif, incantatoire et récréatif. Pendant ce temps, la commande publique et les règles de passation des marchés sont menacées publiquement de démantèlement.  Le rapport de l’Agence de régulation des marchés publics (Armp) regorge de cas de fraudes manifestes par l’entremise du gré à gré, des ententes directes et autres sources d’enrichissement… organisé.

Qu’à cela ne tienne, il y a toujours des militants enthousiastes, prêts à s’enflammer et rivaliser d’ardeur pour accueillir des chefs d’Etat hôtes de Macky. Comme la cigale, ils chantent et dansent, vêtus et colorés comme des camions volés, s’en donnent à cœur joie sans rien y croire. L’essentiel, c’est d’y être, même si la cuvée est dérisoire. Le tintamarre est partout, la résonance des tam-tams, le bruit vrombissant des moteurs, le cri strident des sirènes et l’éclat éblouissant des gyrophares, dérangent les malades, gênent la circulation. Mais cette pollution sonore ne semble pas réveiller les Sénégalais de leur torpeur. Ces festivités d’un autre âge, surannées et éculées, démontrent l’archaïsme de cette méthode de propagande digne du bolchévisme. Elle illustre amplement le manque du sens des réalités d’un régime qui se regarde dans son miroir et ne voit que les traits grossis de ces ridicules mises en scène.

Mais, ces refrains ressemblent bien à des chants du cygne pour peu qu’on leur accorde une petite oreille attentive. Mais la surdité et la cécité sélectives du régime les empêchent d’entendre, et de voir que ce qu’il a envie d’écouter ou regarder. Quand les dérives supplantent les ruptures, la suite, c’est un basculement d’horizon aux conséquences incalculables.

 seneplus.com

3 Commentaires

  1. JE NE SAIS SI L’AUTEUR DE CET ARTICLE A VU JUSTE MAIS IL Y A UNE CHOSE QUE MEME LES PARTISANS LES PLUS FANATIQUES DE MACKY SALL DOIVENT ACCEPTER SI ILS VEULENT DU BIEN A LEUR LEADER ET SOUHAITENT SA REELECTION EN 2017
    MACKY SALL EST TROP ELOIGNE DU PEUPLE MEME WADE ETAIT PLUS PROCHE DES SENEGALAIS MACKY SALL FAIT DU ABDOU DIOUF ET IL LE FAIT MAL
    MACKY SALL EST CONTROLE PAR SA BELLE FAMILLE SURTOUT SA FEMME ET SES FAMEUX CONSIELLERS QUI NOMMENT DEGOMMENT
    MACKY SALL DOIT REPRENDRE LES CHOSES EN MAIN PERSONNELLEMENT CAR A L’HEURE DU BILAN C’EST LUI QUI VA SE PRESENTER DEVANT LES SENEGALAIS POUR DEFENDRE SON MANDAT DE 5 ANS OU 7 ANS
    DEJA DANS 6 MOIS IL FERA 2 ANS DONC IL FAUT QU’IL SE RESSAISISSE QU’IL SE LIBERE IL NE SERT A RIEN DE FAIRE DU NIANGALE EN 2017 OU 2019 IL NOUS SORT UN VISAGE SOURIANT

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