Passer devant l’entrée principale du lycée Maurice Delafosse et…. Chavirer de dégoût, tant le spectacle qui s’offre aux yeux est révulsant. Naguère fleuron du système scolaire, la devanture ce lycée est transformée en dépotoir d’ordures. Elle abrite des déchets de toutes sortes jetés à même le sol, proposant leurs exhalaisons fétides aux passants. En somme, elle a revêtu les allures d’une véritable porcherie. Un destin indigne d’un prestigieux établissement ayant formé dans ses glorieuses années de nombreux cadres sénégalais et africains. Et juste à côté, dans une douteuse coexistence, on peut observer, installées à leurs « tables », des commerçantes proposant des mets aux potaches. On croirait rêver tant cette proximité est grosse de dangers pour la santé.
Cela fait des mois que cela dure sans donner l’impression de gêner ni l’administration, ni les élèves encore moins leurs parents. Auraient-ils tous perdus cette capacité d’indignation qui permet de ne pas baisser les bras, de s’habituer à tout, jusqu’à accepter l’inacceptable. En tout état de cause, cette saleté exhibée telle une vitrine est révélatrice d’une école qui sombre dans la médiocrité sans aucune vergogne. A l’image d’une société qui ne sait plus se tenir et qui a érigé le laisser aller en mode de comportement.
Un simple exemple pour s’en convaincre : il suffit de constater que de partout, ça urine sur les murs de la capitale. Même la place de l’Indépendance que l’on se plait de qualifier de mythique n’est pas épargnée. Comme si les gens avaient oublié, au sortir dans leurs maisons, toutes les bonnes pratiqués inculquées par une bonne éducation. S’y ajoute qu’il n’est pas rare de voir des Sénégalais confortablement installés dans leurs rutilantes voitures, jeter sur la chaussée toutes sortes de cannettes de boissons, des papiers et autres saletés, comme si la ville était devenue une poubelle à ciel ouvert.
Ces mêmes conducteurs n’ont aucun égard pour le Code de la route. Au niveau des passages cloutés, c’est sidérant de les voir ne prêter aucune considération aux piétons qui risquent de se faire tout bonnement écraser en voulant exercer leurs droits. Et ce n’est pas fini. Lorsqu’ils empruntent des sens interdits, ils font des bras d’honneur à quiconque se met à vouloir les ramener à l’ordre. Dans cette anarchie, ils rivalisent avec les marchands ambulants qui se disputent les trottoirs avec les piétons lorsqu’ils ne les importunent pas tout simplement en leur proposant leurs marchandises de façon assez agressive.
L’incivilité n’épargne aucun secteur. Elle donne d’ailleurs le sentiment d’être un simple reflet d’une société ayant perdu ses repères, tellement ses membres ont été malmenés durant ces dernières décennies par des pratiques de corruption et de concussion. A l’image de cette délinquance à col blanc dont les journaux rendent compte à longueur de colonnes, avec notamment des hommes et des femmes profitant en toute impunité de leurs positions dans l’appareil d’Etat pour se livrer à des détournements d’objectifs qui coûtent des milliards de francs Cfa à la collectivité nationale.
A se demander d’ailleurs si ces pratiques qui se sont généralisées n’ont pas contribué à faire le lit de tout un tas d’incivilités ? La question se pose d’autant plus qu’on a vu au cours de ces trente dernières années, le changement de comportement des Sénégalais se métamorphoser en étant beaucoup plus portés vers un laisser aller sidérant. Comme si toutes les balises avaient sauté. Aucune barrière ne semble pouvoir contenir le désir de s’enrichir par tous les moyens. La morale et l’éthique piétinées, seul le résultat est célébré. Qu’importe les moyens utilisés !
Aussi, après des années d’enrichissement sans cause, la débrouille comme mode d’être, s’est-elle diffusée à dose homéopathique dans le corps social pour se révéler en culture du « maateey ». Chacun en fait à sa tête, comme il veut, comme il l’entend, ouvrant ainsi la porte à toutes les dérives. Nul ne voulant être l’idiot du village dans ce contexte, c’est-à-dire, celui qui s’entête à faire les choses dans les normes édictées par les lois et règlements, en ayant comme unique boussole la morale et l’éthique. Comment continuer de s’arcbouter à cette posture si l’on constate que sur l’autre trottoir se développent des pratiques peu orthodoxes mais tellement efficaces. Avec notamment des gens qui se sont enrichis outrageusement pour avoir occupé un poste de responsabilité dans les hautes sphères de l’Etat ou pour avoir bénéficier d’une proximité avec le pouvoir en place. Basées sur la corruption et la concussion, ces manières de faire prédatrices qui ont été encouragées parce que non sanctionnées et surtout banalisées, ont sans doute pour beaucoup contribué à tous ces comportements délétères. Aussi, le dépotoir à la devanture du lycée Maurice Delafosse est-il sans aucun doute révélateur d’une société en déliquescence avancée, marchant sur la tête et qu’il convient de remettre sur ses pieds.
Vieux SAVANE
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