Le scandale des passeports diplomatiques ne cesse de révéler des situations aussi insolites les unes que les autres, à mesure que l’enquête avance.
De la Présidence au Ministère des Affaires étrangères, en passant par divers services de sécurité, les masques tombent et des arrestations sont opérées suivies de révélations sur les noms notamment de personnalités bénéficiaires.
D’ailleurs, à ce propos, les deux députés dont les noms ont été cités dans cette affaire, Mamadou Sall et Boubacar Biaye seront entendus aujourd’hui.
L’audition très attendue par les sénégalais, devra nous dire si oui ou non ils sont impliqués. Et éventuellement, si d’autres députés le sont ou pas.
Leurs immunités parlementaires étant levées, ils comparaissent libres mais comme n’importe quel autre citoyen. C’est dire que rien n’est exclu pour ce qui les concerne, eux qui calment, urbi et orbi, leur innocence.
Toutefois, l’enquête avance à grands pas et il n’est pas exclu que le juge ait à ses possessions, déjà des éléments qui pourraient disculper ou enfoncer les deux parlementaires.
En tout état de cause, il est bon de rappeler que le Sénégal sortira difficilement indemne de ce scandale où des passeports sont vendus par des agents de l’Etat comme de vulgaires chiffonniers sur le marché noir des transactions sordides avec la complicité d’agents ou d’officiers de sécurité.
Ceci est d’autant plus humiliant, que le monde entier nous regarde à deux niveaux : Au premier niveau de notre diplomatie où les vrais acteurs ne devraient pas souffrir de la perfidie de certaines personnalités et vouer aux gémonies un document aussi précieux et hypothéquer la réputation du Sénégal.
L’autre niveau, c’est le judiciaire : le monde entier est en train de tester la capacité de notre Justice, à travers cette affaire, à affirmer son indépendance et sa crédibilité en agissant avec compétence et professionnalisme sans aucune forme de pression y compris celle de la rue.
Si le test est admirablement réussi comme le Sénégal en a souvent le talent, celui de rebondir, nos partenaires pourront fermer les yeux sur certains écarts et continuer à nous faire confiance.
Mais, si par extraordinaire, il y a des dilatoires qui ne trompent plus personne, les dégâts seront incommensurables.
Personne ne nous pardonnera de laisser passer un tel scandale sans des sanctions judiciaires mais aussi des mesures coercitives préventives pour qu’à l’avenir, cela ne soit même pas possible.
Car, il est étonnant que ce soit seulement maintenant que le scandale éclate.
Or, au temps de l’ancien Président Abdoulaye Wade, nous avions également connu ces genres de situation qui nous avait valu des grincements de dents de la part de certains pays.
Il faut désormais verrouiller davantage la délivrance de ce document afin que tous les bénéficiaires soient des gens qui le méritent.
Nous en avons les moyens techniques et humains. Il suffit de plus de volonté car le passeport n’est pas un outil de promotion sociale ou de facilitation de business.
Nous devons faire preuve de cette même rigueur dans toutes nos relations avec les tiers au sens des relations internationales en suivant l’exemple des anciens, celui des cadres qui avaient travaillé à porter le nom du Sénégal très haut.
C’est seulement à ce prix que nous pourrons continuer ce rôle de pionnier dans beaucoup de domaines en Afrique et à travers le monde.
Donc, en aucune façon, le désir de protéger certains proches ne doit pousser les autorités à tenter une quelconque interférence dans ces dossiers exactement comme Y’en a marre est en train de le faire pour le cas de Kilifeu. Ces contre-exemples sont à bannir d’où qu’ils viennent.
Ce n’est pas parce que la Justice ne tranche pas en ta faveur qu’elle n’est pas juste et équitable. Même s’il y a beaucoup à dire sur le fonctionnement de Dame Justice, il est important de savoir raison garder et d’éviter de faire pression sur elle.