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Paule Robitaille, députée et porte parole de l’opposition au Québec: « Il est difficile de comprendre pourquoi la déléguée aurait interdit à ses employés de parler le wolof»

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L’affaire Houda-Pépin, du nom de la déléguée du Québec à Dakar, est sur toutes les lèvres après les révélations fracassantes de Radio Canada (voir par ailleurs). En effet, dans une enquête détaillée, nos confrères ont révélé le train de vie fastidieux de Houda-Pépin mais aussi la misère qu’elle fait vivre aux employés québécois et sénégalais à qui elle aurait même interdit de parler le woloff. Pour les lecteurs de Libération quotidien, la députée et porte-parole officielle de l’opposition québécoise, Paule Robitaille s’est prononcée sur cette affaire. Entretien exclusif !

Libération : Madame la députée, pourrions-nous avoir une brève présentation ?

Paule Robitaille : Qui suis-je ? Je vais vous référer à ma page wikipédia (https://fr.wikipedia.org/wiki/Paule_Robitaille ). Mais, grosso modo, je suis une ancienne journaliste qui a travaillé longtemps à l’international et qui est devenu commissaire à la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada avant de plonger en politique. Je suis présentement porte-parole de l’opposition officielle (le Parti libéral du Québec) en matière de relations internationales.

Justement, avez-vous, en tant qu’opposition, posé des actes après les accusations visant la déléguée générale du Québec à Dakar ?

Lorsque j’ai pris connaissance du reportage de Radio-Canada, j’ai appelé le Premier ministre du Québec et sa ministre des Relations internationales à nous expliquer ce qui se passe réellement dans notre délégation au Sénégal. J’ai demandé que le Premier ministre fasse rapidement la lumière sur ces allégations très graves tant à l’égard des employés de la délégation qu’à l’égard des contribuables québécois. Et si les faits du reportage s’avèrent exacts qu’il rapatrie la déléguée Houda-Pépin et qu’elle soit démise de ses fonctions. Le lendemain de ma sortie (ndlr, hier), le Premier ministre a réagi en promettant que la lumière serait faite sur ces allégations et qu’il attendait les conclusions d’une enquête avant de prendre une décision. C’est très bien mais ce que je dis c’est qu’il est déplorable qu’il ait fallu que la situation devienne publique pour que François Legault (le Premier ministre) agisse alors que le gouvernement était au courant des problèmes à la délégation de Dakar depuis janvier.

Ce que l’on apprenait hier (ndlr, avant-hier) en effet, c’est qu’il y aurait, depuis janvier 2020, deux enquêtes, menés par des fonctionnaires du ministère des Relations internationales qui seraient en train de rédiger les rapports. Alors, si cette information est juste, le Premier ministre a tous les éléments pour agir avec célérité dans cette affaire. J’ai aussi demandé- et c’est très important- à ce que les résultats de ces enquêtes soient rendus publics. Le Premier ministre doit prendre une décision rapidement par respect aux employés sénégalais et québécois de la délégation mais aussi, par respect aux contribuables québécois, parce que c’est notre réputation qui est entachée. Il ne faut pas laisser pourrir la situation. Il est difficile de comprendre pourquoi la déléguée aurait interdit à ses employés de parler leur langue nationale, le wolof. Si c’est le cas, c’est déplorable. Mais attendons de voir le rapport d’enquête.

Pensez-vous que cette affaire risque de ternir l’image du Québec ?

Oui, malheureusement et c’est pour cela qu’il faut que le Pm agisse vite afin que l’on sache réellement ce qui se passe pour réparer les pots cassés. Le Sénégal est un grand pays avec une grande histoire, un ami de longue date du Québec, nous avons chez nous une communauté sénégalaise qui a apporté beaucoup au Québec tant par sa culture que sa vitalité.

Sous le dernier gouvernement (celui de mon parti), nous avons ouvert la première délégation générale du Québec en Afrique à Dakar. C’était en 2017. Dakar est pour nous la porte d’entrée sur l’Afrique. Nous avions bâti notre diplomatie brique par brique. Le Québec est un Etat à part entière au sein de l’Organisation internationale de la francophonie et dans ce contexte, la Délégation joue un rôle clef au Sénégal qui a aussi une position déterminante au sein de cette organisation. Nous ne souhaitons pas qu’une affaire, comme celle-là, ternisse notre image.

Doit-on congédier madame Houda-Pépin ?

Il faut voir réellement ce qui s’est passé avant de demander le congédiement de la déléguée générale. Il faut voir les rapports des fonctionnaires. Il faut que les résultats de ces enquêtes soient rendus publics et si les allégations s’avèrent exacts il faut que le Pm agisse avec célérité et dicte les mesures qui s’imposent.

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