Pêche – Femmes transformatrices de produits halieutiques : Le Refepas en quête de reconnaissance

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Elles exercent un métier important au Sénégal, mais qui ne bénéficie d’aucune protection juridique. Les femmes exerçant les métiers de la transformation artisanale des produits halieutiques, regroupées au sein du Refepas, voudraient en finir avec cette situation et interpellent les autorités, selon un reportage du Quotidien.

Les femmes du secteur de la pêche artisanale, regroupées au sein du Réseau des femmes de la pêche artisanale du Sénégal (Refepas), demandent à l’Etat du Sénégal de signer le décret de reconnaissance et de professionnalisation des métiers de la transformation artisanale des produits halieutiques, dont le processus est enclenché depuis dix ans. Elles ont saisi l’opportunité de la Journée internationale de la femme tenue à Mballing pour adresser un mémorandum au chef de l’Etat.
Anta Diouf, la Secrétaire générale du Refepas, a listé les revendications de leur organisation, qui viennent se greffer au besoin du décret pour la protection des métiers des femmes transformatrices. Il s’agit, selon elle, «d’une meilleure protection des ressources halieutiques pour la durabilité des métiers de la pêche et la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations sénégalaises. Il y a également le gel des autorisations d’implantation d’usines de poisson, mais aussi l’interdiction de l’utilisation du poisson entier, propre à la consommation humaine, par les usines de farine de poisson déjà installées. Nous demandons par ailleurs, le gel de toutes nouvelles licences de pêche industrielle ciblant les petits pélagiques côtiers surexploités. La publication du registre des navires de pêche industrielle autorisés à pêcher au Sénégal afin que les acteurs de la pêche puissent savoir quels sont les bateaux qui ont le droit de pêcher au Sénégal et faciliter ainsi l’identification des bateaux exerçant illégalement».
Sur le plan institutionnel, cette organisation a invité également les autorités à intégrer Refepas dans les organes à caractère consultatif du secteur de la pêche comme le Conseil national consultatif des pêches maritimes (Cncpm) et le Conseil consultatif d’attribution des licences de pêche industrielle (Ccalp). Entre autres doléances, les femmes transformatrices veulent l’accès aux financements du secteur de la pêche aux organisations de femmes sans aucune discrimination, mais également l’allocation d’un quota aux femmes mareyeuses et micro mareyeuses, dans le programme de modernisation du parc des camions frigorifiques.
La présidente du réseau, Mme Diaba Diop, a rappelé que la célébration de cette journée se tient cette année dans un contexte particulier pour le secteur de la pêche, car l’année 2022 est décrétée année internationale de la pêche artisanale africaine par la Fao. Toutefois, elle a peint un tableau sombre de la situation de la pêche, caractérisée par une rareté du poisson, qui pousse les acteurs à aller dans les pays frontaliers pour chercher la ressource. Cela n’est pas sans conséquence sur la durabilité des métiers de la pêche mais également de la sécurité alimentaire des populations sénégalaises.

Par ailleurs, elle n’a pas hésité à jeter une pierre dans le jardin du ministre de la Pêche et de l’économie maritime : «Il y a une discrimination dans le dialogue entre les professionnels de la pêche réclamant une meilleure gouvernance et plus de transparence entre le secteur des pêches, et l’autorité en charge du secteur dans un climat tendu et conflictuel non propice à une bonne gouvernance des pêches», a déploré la présidente du Refepas.
L’Ong Greenpeace Afrique, partenaire du réseau, par le biais de son représentant, Abdoulaye Ndiaye, s’est désolé que cette fête soit célébrée sur fond de désespoir des femmes transformatrices de poisson. Selon lui, avec les impacts négatifs considérables de la pandémie du Covid-19, l’économie mondiale est atteinte et le secteur de la pêche en Afrique de l’Ouest n’est pas épargné. «La situation est encore plus complexe au Sénégal avec la présence d’usines de fabrication de farine et d’huile de poisson, qui sont en concurrence directe avec la consommation locale et privent les femmes transformatrices de poisson, de leur travail et de leur principale source de revenu. Même si l’activité de ces femmes est cruciale pour la sécurité alimentaire et la stabilité socioéconomique du Sénégal, du point de vue légal, elles sont vulnérables car leur métier n’est pas légalement reconnu par les autorités administratives et elles courent depuis des années après la reconnaissance juridique de leur métier de transformatrices de poisson. En ce jour spécial, nous demandons à l’Etat la reconnaissance juridique du statut des femmes transformatrices de poisson et la fermeture des usines de farine de poisson», a déclaré Abdou­laye Ndiaye.

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