Penda Mbow – « Karim n’est pas contraint en exil »

Il n’a jamais été question de contraindre Karim Wade en exil, même s’il a rejoint le Qatar après sa libération, a déclaré dimanche à Dakar, Penda Mbow, historienne et enseignante à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar.

Selon le Pr Mbow cela a été fait pour des raisons de sécurité et pour permettre au pays de se retrouver dans une situation de « calme ». Cela a-t-elle confié, peut installer le pays dans un « débat unitile ». Par contre, elle a indiqué que la symbolique du jet privé de Karim Wade lui parait « inapproprié ».

« Voilà un garçon qui a voulu vivre comme un monarque du Golfe. Sa référence se sont les rois arabes. Se retrouver en jet privé avec un Procureur dit-on du Qatar, mon imagination commence à aller dans tous les sens. Il faut plus de transparence dans cette affaire », a suggéré le Pr Penda Mbow.

De l’avis de l’universitaire, les Sénégalais ont besoin de connaître les sont les tenants et les aboutissants qui ont participé à la libération de Karim Wade.

« Est-ce- que le président Macky Sall devait gracié Karim Wade ou pas, je ne peux pas répondre directement à cette question, parce que dans mon esprit, il y a un faisceau de faits et d’idées contradictoires par rapport à cette situation. Le président Sall a usé de son droit que lui confère l’article 47 de Constitution pour gracier le détenu Karim Wade », a expliqué Mme Mbow.

Invitée de l’émission Remue-ménage, le Pr Mbow a estimé que face à cette prérogative dont dispose le chef de l’Etat, le peuple « ne peut pas réagir ».

« J’ai quelques problèmes dans mon fort intérieur. Pourquoi l’action humanitaire ? j’espère que dans les jours à venir, les semaines et les mois, on aura plus d’éléments d’information derrière cette action humanitaire », a révélé Penda Mbow.

Pour le Pr Mbow, la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) dont certains pensent qu’il faut la désactiver, doit être dotée de plus de moyens pour mener à bien sa mission. Selon l’universitaire, le Sénégal est un pays très pauvre, où certaines familles ne mangent pas encore à leur faim, a-t-elle déploré.

« Je ne sais pas pourquoi les organisations de défense des droits de l’homme attaquent la Crei. Nous avons besoin de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). Elle doit continuer à faire son travail pour savoir qui a fait quoi et quand », a ajouté Penda Mbow.

« La démocratie sénégalaise avait connu une effervescence extraordinaire. Ce sont des périodes qu’on oubliera jamais. Et le mouvement du 23 juin a atteint ses objectifs, car il portait un projet très précis. Il appartient au président de République de penser à ce qui c’était passer le 23 juin 2011. Si les conditions ne sont pas réunies, le peuple sortira », a affirmé le Pr Penda Mbow.

Il est temps, a-t-elle insisté de mener une réflexion nationale pour former une élite capable de conduire le Sénégal vers l’émergence.

Pour sa part, Pape Samba Kane, journaliste et éditeur du journal Le Populaire, a invité les Sénégalais à travailler à faire « avancer leur pays » plutôt que de s’attarder sur un ex-prisonnier qui a été gracié par le président Macky Sall.

« Karim Wade a bénéficié d’une grâce présidentielle. Cependant, il a été reconnu coupable. L’Etat a recouvré 50 milliards de F CFA dans l’affaire Karim Wade. Il en reste peut-être une cinquantaine. C’est bien. Il est temps de passer à autre chose », a renchéri le Pape Samba Kane.

La libération de Karim Wade, a indiqué le journaliste, n’a pas de conséquences réelles sur la vie du pays. Selon lui, celle-ci n’a que des conséquences politiques.

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Gaustin Diatta