«Il y a une chute de l’électorat bleu» à Podor. Ce n’est pas un responsable de Bennoo ou une personnalité d’un mouvement citoyen qui fait le constat, mais bien un député-maire de la majorité libérale, Moussa Sow précisément, par ailleurs 7e vice-président de l’Assemblée nationale. Ce dernier exprime ses inquiétudes face aux percées de Me Aïssata Tall Sall, Macky Sall et Cheikh Tidiane Gadio dans le département de Podor. Par Daouda GBAYA
La percée de l’opposition «hante» le sommeil de «beaucoup de cercles libéraux» de Podor. Le constat est de Moussa Sow, Secrétaire général de la fédération départementale du Parti démocratique sénégalais (Pds), dans une déclaration rendue publique. Le député-maire de Walaldé en veut pour preuve «la force probable de ces trois opposants», à savoir Me Aïssata Tall Sall du Parti socialiste (Ps), maire de Podor, Macky Sall patron de l’Alliance pour la République (Apr) et Cheikh Tidiane Gadio, leader du mouvement politique citoyen?Luy Jot Jotna. Une force qui peut probablement motiver les «militants du Pds frustrés» et «peu entretenus» à rejoindre le camp de l’opposition incarnée par ces leaders politiques. Même si, soutient M. Sow, l’ancien ministre des Affaires étrangères, «natif de Gadiobé, fils du département,?n’a rien fait pour la Fédération Pds de Podor». Toutefois, le 7e vice-président de l’Assemblée nationale pense qu’«on ne doit pas le sous-estimer», car Cheikh Tidiane Gadio est?«issu d’une grande famille, et ça joue». Alors, prévient le responsable libéral à Podor, «si nous allons aux élections de 2012 dans la même situation politique et économique que celle que nous vivons actuellement à Podor, nous pouvons voir fondre l’avance sur nos concurrents». Le député-maire de Walaldé constate que «la formidable machine libérale qui avait envahi Podor en 2003-2004 avait commencé à grincer à partir des élections de 2007» et va «atteindre des proportions inquiétantes après les Locales de 2009». A titre indicatif, M. Sow note qu’en dépit de les victoires de son parti obtenues lors de ces élections, «il y a une chute de l’électorat bleu» qui est passé de 57 000 voix en 2007 (Présidentielle) à 42 000 voix en 2009, soit une moins-value de 15 000 voix correspondant à 26% du potentiel initial. Il s’y ajoute, poursuit le député libéral, que sur les 20 collectivités?locales obtenues, certaines ont été gagnées in extremis, avec 60 ou 100 voix. Un recul qui, analyse le Secrétaire général de la fédération départementale Pds de Podor, «est le fait d’un effritement de la base Pds et non de vote-sanction, car le département n’a pas connu de problèmes importants d’investitures».
Pour contrecarrer la percée de l’opposition dans la localité, Mous-sa Sow considère que le fait d’«écouter les représentants de la base», de «discuter avec les porteurs de voix et les responsabiliser, analyser les suggestions émanant de ces derniers» ne suffisent pas comme démarche «pour garder l’électorat». Ce qu’il faut, suggère le 7e vice-président de l’Assemblée nationale, c’est de satisfaire la «demande économique et sociale» des populations de Podor dont les détails se trouvent dans le mémorandum qu’ils avaient envoyé, après ces élections au Secrétaire général national, Abdoulaye Wade. Cette «demande» a, entre autres, pour noms, la panne de forage, la non-connexion au réseau électrique sur des lignes passant à côté des villages, la non-attribution sans raison de motopompes indiennes pour l’agriculture à des périmètres irrigués villageois qui n’ont pas cultivé depuis des années. Qui plus est, ajoute-t-il, «les populations ne savent rien de la Goana (Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance), si bien que l’espoir ne demeure aujourd’hui que dans les projets programmés dans le Mca (Millenium challenge account)».
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