Phénomène nouveau à Ziguinchor : Les Baye Fall envahissent la ville

XALIMA NEWS: Phénomène inconnu de la grande majorité des populations, selon le quotidien «La Tribune», «les Baye Fall» ont fini de s’installer dans la capitale du sud. Devant les banques, les grandes surfaces ou les grands magasins d’électroménagers ou d’alimentation générale, ils sont à la quête de leur fameux «haddiyya» (aumône). Certains comprennent et donnent souvent. C’est le cas de Serigne Diop, commerçant originaire du Baol, établi à Ziguinchor depuis dix ans. «C’est une coutume bien de chez nous ; c’est pour quoi on les donne souvent des pièces de monnaies pour chercher la bénédiction (barkelu)». Cette conviction, cependant, est loin de faire l’unanimité. Certains ne comprennent pas que ces «personnes bizarres» dans leur accoutrement se «pavanent» à longueur de journée pour demander ce que les gens «ont peiné à avoir». C’est le cas de cet enseignant sous le couvert de l’anonymat. «Je ne comprends pas que ces gens, bien portant, passent toute la journée à quémander alors qu’ils peuvent travailler comme tout le monde» s’étonne t-il. Et de poursuivre : «C’est à la limite une agression, ce qu’ils font. Car à chaque fois qu’ils vous demandent et que vous ne donnez pas, ils insistent et vous suivent». Ce sentiment de peur est partagé par ce touriste français, habitué de la région. «Moi je m’inquiète parfois ; s’ils arrêtaient de suivre les gens comme si on les devait quelque chose ce serait bien. J’ai peur souvent. Et ils sont là toute la journée» lance-t-il. Même son de cloche chez cet agent de banque qui confirme que «des clients, surtout étrangers, se plaignent souvent des agissements des baye Fall qui les sollicitent devant le guichet automatique. C’est difficile pour tout le monde» reconnaît-il.
Gérant de pharmacie, en face d’une banque locale, M. Diatta n’a pas confiance aux Baye Fall. «Ils passent la journée ici, et vous savez quoi, ils se dispersent et un d’entre eux surveille les alentours pendant que les autres prennent du chanvre indien et vis versa. Il faut être là tout le temps pour le constater» révèle t-il.
Psychose
Beaucoup de riverains craignent pour leur sécurité dans le centre ville de Ziguinchor. Il arrive que des actes de vols soient commis en pleine journée mais surtout la nuit. M. D.., tailleur à l’Escale, quartier commercial de la ville, affirme ne pas faire confiance aux «mendiants» de la journée. «Moi je pense qu’ils viennent scruter les lieux la journée pour revenir la nuit commettre des forfaits». Il y a trois ans, un commerçant, représentant d’une firme de fabrication électroménager, a été victime de vol. M. Thiam avait perdu des dizaines de téléphones portables estimés à plus d’un million Cfa. Les voleurs s’étaient introduits dans son magasin par le toit qu’il a renforcé avec des barrettes de fer depuis lors.
Les habitants dudit quartier ne se sentent pas à l’aise avec la présence des disciples de Mame Cheikh Ibra Fall. «Le quartier était calme mais depuis qu’ils (les Baye Fall) ont commencé à le fréquenter on est inquiet. Ils entrent dans les maisons sans se faire introduire et ça nous met mal à l’aise» regrette cette libanaise domiciliée en plein centre ville de Ziguinchor. Derrière son comptoir, M. Diallo, commerçant de pièces détachées, affirme son impuissance et interpelle la conscience collective et les autorités. «On les subit au quotidien et on n’y peut rien. Je peux comprendre que les petits ‘’talibés’’ quémandent de quoi rapporter à leur éducateur mais de gros gaillards comme ça, je ne pige rien. Si c’est leur culture, ce n’est pas de la sorte qu’ils peuvent la propager en l’imposant aux autres au quotidien». Et de conclure que «les autorités doivent nous aider pour rendre le travail des commerçants plus facile car nous ne pouvons pas gérer tout le temps des clients et d’autres qui ne paient jamais mais qui demandent toujours». En attendant de voir une solution, commerçants, banquiers et riverains vont devoir encore patienter…
Tidiou
xalimasn.com