Dans une de ses publications scientifiques, intitulée «Parler politique du religieux et discours religieux du politique au Sénégal : quand les frontières communicationnelles se brouillent», Patrice Corréa, enseignant-chercheur à la section communication Ufr Crac, à l’Université Gaston Berger (Ugb) de Saint Louis pense que les hommes politiques se livrent à une sorte de manipulation en exposant publiquement leur piété, lors des grands événements religieux. A son avis, « ce simulacre de piété cache en réalité une quête de popularité et de légitimité, plutôt que du dévot entraîné par un élan de spiritualité».
Annoncés en pompe à Touba, à la veille du grand Magal, comme dans tout autre événement religieux dans le pays, les leaders politiques sénégalais se livreraient à «une mise en scène d’acteurs politiques en quête de popularité et de légitimité que de dévots entraînés par un élan de spiritualité». C’est du moins l’avis de Dr Patrice Corréa, enseignant-chercheur à la section communication Ufr Crac, à l’Université Gaston Berger (Ugb) de Saint Louis. En effet, dans une de ses publications scientifiques, intitulée «Parler politique du religieux et discours religieux du politique au Sénégal : quand les frontières communicationnelles se brouillent», Patrice Corréa fait savoir que «le recours à une piété publique circonstancielle est à la mode au Sénégal». Il trouve, cependant, que ce phénomène ressemble à un simulacre de personnalités politiques, soucieux de rechercher la popularité et la légitimité.
Portant un regard quelque peu critique à l’accord parfait entre les religieux et les politiques, lors des événements religieux, deuils et autres solennités, l’enseignant-chercheur indique, qu’en réalité, «ce paraître est communicatif et opportuniste». Pour lui, «cette pratique occasionnelle est vraisemblablement insincère, dans la mesure où, par ce type communication, même les leaders des partis historiquement marxistes ou communistes, pourtant estampillés athées, recherchent des marques de sympathie légitimantes auprès des communautés religieuses». Cela, même si par ailleurs, il estime que cela passe pour un phénomène normal dans un pays où la religiosité ambiante est la chose la mieux partagée, fait-il comprendre.
Sur la base de deux hypothèses, à savoir que «la religion (islamique) a contribué à forger l’espace public» et que «les modes de communication des acteurs publics se renforcent par des attitudes, des actions et des postures admises par la structure religieuse», M. Corréa explique le «courtage dont la religion fait l’objet par les acteurs politiques». Car, à son avis, «on observe au Sénégal que le politique recourt au marabout dans sa stratégie de mobilisation des citoyens d’autant plus que la confrérie, institution progressivement politisée et acteur politique puissant, actif ou passif, est susceptible, selon les circonstances, de monnayer son influence».
De ce fait, poursuit-il, «afin d’être en phase avec le système de communication producteur de sens dans ce contexte socioculturel, la stratégie de l’homme politique sénégalais implique assez souvent des références basées sur la religion, y compris des façons ostentatoires de prendre part à des cérémonies religieuses publiques». En définitif, Patrice Corréa conclu que «le but est alors plus un conformisme intéressé qu’un engagement réel dans les logiques religieuses».
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