Piètre président et excellent directeur de campagne (par Moussa Beye)

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Après avoir regretté l’absence d’un véritable débat programmatique et fustigé le peu de temps dont disposaient les acteurs pour campagne électorale digne de ce nom d’une part et rendre grâce au seigneur tout en rendant un vibrant hommage au peuple sénégalais qui a malgré toutes les contorsions et péripéties su voter dans la paix d’autre part, il convient de dénoncer avec véhémence le système de parrainage et son traitement sélectif, opaque … et même imbecile du conseil constitutionnel.
Pour le résultat des élections, avant d’être un plébiscite , c’est d’abord et avant tout une sanction celle d’un homme qui n’a jamais été à la hauteur de ses fonctions, qui n’a jamais su mettre à l’endroit le costume présidentiel trop large pour ses frêles épaules qui ont refusé de porter dignement cette noble charge. Un homme qui en plus d’avoir été foncièrement mauvais a été viscéralement petit et méchant. Tant il a usé de ses pouvoirs régaliens pour humilier, pour salir et pour tenter de mettre de dignes fils de ce pays au pas. Bien entendu il n’y est jamais arrivé et comme une bête féroce il a persisté tête baissée au point de perdre le peu de raison qu’on lui attribuait . Cet homme a été tout sauf un stratège, bien au contraire il a toujours usé de stratagèmes, de manipulations et malgré tout il n’est jamais arrivé à ses tristes fins. Il a manqué littéralement d’éthique de moralité d’esprit chevaleresque et ne parlons ni de la grandeur, ni de la noblesse encore moins d’élégance ou de raffinement, des concepts qui lui sont étrangers . Il n’a pas de limite . On ne pouvait donner du politicien une aussi vile image, une aussi mauvaise parure, puante,déguelasse et détestable. Et ce n’est pas étalonnant quand il avait pour seule ambition politique de « réduire son opposition à la plus simple expression ». Il ne faut surtout pas s’étonner de cet effet boomerang! Rien n’a été fait pour préparer son départ, éventuellement sa succession ne serait-ce que pour se faire survivre par des femmes et des hommes qui se sont sacrifiés pour ta cause, ni par sa formation politique. En réalité il ne s’est jamais préparé à quitter le pouvoir. Et il faut croire qu’il avait fait le choix de mourir au pouvoir. Et puisqu’aucun de ses amis ou partisan n’était suffisamment digne pour le succéder …
C’est aussi l’échec d’une gouvernance, d’une politique qui a consisté à donner carte blanche à un homme qui a manqué singulièrement de vision au point de confondre la vue et la vision, ce n’était pas à un tel homme qu’il fallait laisser une grande latitude, trop de pouvoirs. Aucun contre pouvoir n’a daigné ne serait-ce que tenter de calmer ses ardeurs destructrices pour notre démocratie, notre état de droit et nous avons échappé de justesse à l’explosion des fondements de la nation. Tant l’ivresse était à son paroxysme. Rien ni dans le parti, ni dans la coalition encore moins dans les institutions de la république n’a pu l’arrêter . Il est quasiment arrivé et par miracle à faire un atterrissage d’urgence, contraint et forcé! On a frôlé le crash.
Alors à force de ruse, de pilotage à vue, de combines, de reniements et de petits calculs il a réussi à engendrer un véritable monstre qui aux derniers moments l’a échappé ou même s’est sauvé, ce qui a littéralement faussé le processus électoral devenu une véritable usine à gaz avec disons-le des incompatibilités inconciliables avec une démocratie respectable. C’était devenu trop tard pour s’arrêter, ce qu’on aurait dû faire en toute lucidité et pour la justice et pour l’équité. Rien ne pouvait arrêter cette machine qui était déjà lancée en pleine vitesse. Les retardataires, les spoliés, les nombreuses autres victimes n’auront malheureusement pas droit à la justice qui avait décidé de bander ses yeux et de boucher ses oreilles. Puisque vous nous obligez à un non choix au pire et à un choix par défaut. Mais le premier choix était celui du refus de la continuité et de tout ce qui pouvait s’apparenter à lui, il n’y avait pas meilleur moyen d’enterrer ses partisans, ses partenaires, ses souteneurs et autres alliés. Vous n’avez pas réussi à museler l’opposition et vous êtes arrivé à tuer votre formation politique et à décourager tous vos alliés, et maintenant vous avez réussi à créer les conditions d’une victoire au premier tour par l’émiettement des candidatures et de l’électorat…c’est indigne…
Ça vous fait quoi maintenant à vous collectivement de nous avoir fait perdre autant de temps, autant de vies , autant d’énergie des choses qui utilisées positivement auraient participé à vous élever à fortifier un bilan, à ne serait-ce que faire naître un espoir dans votre camp politique pour ne pas dire pour tout le Sénégal, vous avez réussi la prouesse de transformer toute cette énergie positive en ce carburant qui a nourri vos adversaires que vous avez transformé en ennemis, le tout pour échouer aussi lamentablement! Ce ne sont pas nos frères, nos amis, nos enfants qui devraient mourir de façon aussi indigne et souvent dans le plus grand dénuement, dans l’anonymat et le pire c’est encore ceux sans véritables sépultures, le désert en a avalé et les océans continuent d’en rejeter des corps… et vous protégez bien vos propres enfants au lieu d’avoir été le père de tous, père de la nation!
Piètre président et excellent directeur de campagne!

Que dire de tous ces autres candidats? Dans cette mosaïque, il y a eu des gens de très grande qualité et à ce niveau, nous n’avons pas su par notre vote encourager toutes ces belles âmes avec pour certaines des qualités humaines, technocratiques, de management des institutions et des organisations, une expérience avérée dans la conduite des affaires publiques et privées… on peut entre autres citer:
Anta Babacar Ngom, la grande révélation de cette campagne, elle a apporté jeunesse, fraîcheur, féminité et un certain savoir-faire. Il faudra compter sur elle pour la relève qui peut arriver plus vite que prévu. Il ne faut surtout pas qu’elle se décourage , elle doit continuer ce travail entamé et c’est une demande sociale.
Khalifa Ababacar Sall, il a montré une connaissance fine de la politique, mais aussi de l’histoire politique sénégalaise, un maîtrise de l’état, de la nomenclature administrative. Il est courtois, poli et très diplomate, un pure produit du Parti socialiste.
Thierno Alassane Sall, il a incarné la rectitude, la droiture d’un homme véridique désintéressé qui n’a point besoin de donner des gages de son grand esprit de patriote et ce qualificatif n’est pas galvaudé …
Nous pas eu le de découvrir un Déthié Fall, un Malick Gakou, un Pape Djibril Fall ou même un Kamara entre autres…
Nous devons aussi nous interroger sur nos choix et garder à l’esprit comment les soutenir, comment les encourager, comment ne pas les décourager à se donner pour ce pays … La nature de cette élection si singulière aux allures d’un referendum ne leur a malheureusement laissé aucune chance.
Sur l’organisation des élections: nous n’avons pas encore entendu de reproches portant sur la qualité et le sérieux de son organisation matérielle. Et Dieu sait qu’il y a eu beaucoup de surenchères au point de susciter quelques inquiétudes.
Sur le fichier, nous en sommes encore à nous demander si c’est le bon qui a été utilisé , là encore, il y’a eu autant de légèretés que d’accusations gratuites et non fondées. Et cela malgré les délais serrés et les inquiétudes portant sur l’effectivité de ces élections. Une mention honorable doit être attribuée à Mouhamadou Mactar Cissé en tant que ministre de l’intérieur et à toute l’administration qui a concouru à cette prouesse.
Pour le nouveau président élu, à qui nous adressons nos félicitations et vœux de réussite éclatante pour le plus grand bonheur des sénégalais. Ce plébiscite est le fruit d’un long chemin de combat, de lutte et de refus de l’injustice. C’est aussi une étape décisive dans le cheminement d’une jeune organisation politique qui a montré un savoir-faire. Elle réussit surtout à taire ses divergences internes et à mener ses activités avec des méthodes innovantes notamment dans l’organisation, dans la communication et la capacité à faire parler d’elle et de son leader en toutes circonstances … ça finit par avoir un écho rentrer et dans les têtes et dans les cœurs. Des promesses immenses ont été faites et qui sont tout autant proportionnelles à l’espoir suscité et des attentes sans doute demeurées de l’autre côté. Vous avez réussi à faire bouger des lignes historiquement inflexibles. Autant prendre conscience que la période d’état de grâce ne durera pas tant vous avez réussi à réveiller trop de choses qui étaient en sommeil en nous…
Le premier discours, il est bon voire très bon, aussi bien sur le fond que sur la forme, il faut une indulgence pour un débutant . Il a su s’adresser à la nation//parti dans un ton encore hésitant, mais ferme et sincère non sans laisser apparaître une certaine émotion au regard de cette nouveauté pour le moins surprenante et il y a une grande marge de progression surtout pour quelqu’un qui n’en a jamais délivré de sa vie surtout à ce niveau de responsabilité inattendue . Ce discours a su également s’adresser à l’Afrique et au monde avec responsabilité tout en donnant des gages d’assurance, l’homme d’État est en téléchargement!
Des réajustements seront nécessaires et même indispensables par apport au projet d’origine, la réalité du pouvoir est une chose complexe, gérer le pouvoir c’est gérer des réalités impactant directement sur nos vies, ce n’est plus la gestion des idées. C’est le moment de gérer cette transition personnelle de l’opposant à dirigeant principal. Faire mieux que Macky Sall est facile, ce n’est même pas une ambition. Et ici, il ne s’agit plus ni des sacrifices consentis ni des injustices subies encore moins de l’importance du travail accompli à date, mais plus de l’ampleur du travail qui est à accomplir.
L’on ne saurait en aucune manière passer sous silence les nombreuses exactions commises par les forces de l’ordre, les abus répétés de certains magistrats, la dilapidation des ressources publiques et les nombreux assassinats y compris des agents des services de renseignement … pas de chasse aux sorcières , mais la reconnaissance du droit légitime des victimes. Le rétablissement de l’État de droit passe incontestablement par là aussi…
Vous avez une obligation de résultat.
Puisse le tout-puissant accompagner et éclairer le chemin du président Bassirou Diomaye Faye et de son équipe.

Moussa Bèye
Montréal ce 27-03-2024

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