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[Points De Vue Ndukuristes] Crise De L’enseignement Supérieur Au Sénégal : Reforme, Réformisme Et Refondation

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CRISE DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR AU SÉNÉGAL : REFORME, RÉFORMISME ET REFONDATION

Abdou Ndukur Kacc Ndao

Notre système d’enseignement supérieur est en crise profonde. Ce constant est une Lapalissade. Il est juste à regretter que la complexité du débat soit souvent réduite aux Universités, le plus souvent à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.

Pourquoi réformer l’enseignement supérieur ? Regardons quelques tendances fortes. Selon le PDESR, 2011-2017, en hypothèse basse, le nombre de nouveaux bacheliers s’élèvera à 64.203 en 2017 puis à 97.616 en 2022.

De 89.555 en 2013, dans l’enseignement supérieur public, le nombre d’étudiants atteindra 105.000 en 2017, 142.000 en 2022, soit respectivement 906, 1167 et 1331 étudiants pour 100.000 habitants. Il existe un déséquilibre structurel entre les politiques sociales et les dépenses allouées à la pédagogie. Les bourses pour les étudiants à l’étranger s’élèvent à 10 milliards de FCFA. Un étudiant boursier du premier et du second cycle gagne 432.000 FCFA par an. On peut s’interroger sur l’objectivité des critères en passant. Globalement, en 2012, les dépenses sociales se sont élevées à 60 milliards de FCFA, ce qui représente 60% des dépenses courantes du Ministère de l’Enseignement Supérieur. Devons nous consolider ce modèle ? Ou le réformer ? Sur quelles bases ? Comment faire face aux urgences sociales en respectant les logiques pédagogiques ? Comment financer notre système d’enseignement supérieur en observant un équilibre critique raisonnable entre le social et le pédagogique ?

Pourtant, il est aisé de constater que le Sénégal a toujours proposé des réformes importantes de son système d’enseignement supérieur. Les questions sus mentionnées ont toujours été abordées et des orientations définies.

En 1992, 101 mesures consensuelles ont été préconisées par la Concertation Nationale sur l’Enseignement Supérieure (CNES). Lors d’un Conseil interministériel tenu en 1994, le gouvernement de Abdou Diouf avait délesté les conclusions de leur cohérence générale, en ne validant que les mesures à caractère économique, sous la dictée de la Banque Mondiale.

A ce ce projet de réforme, le Gouvernement du Sénégal s’était doté d’un «Document de stratégie pour l’Enseignement Supérieur au Sénégal : 2011–2016 » adopté en janvier 2011. Ce document s’appuyait sur deux axes stratégiques majeurs relatifs d’une part, à l’amélioration de l’efficacité de l’enseignement supérieur, et, d’autre part, au développement d’un cycle d’enseignement professionnel court. Plus spécifiquement, ce document de stratégie visait à réguler les flux d’entrée dans le supérieur, à limiter la durée de séjour des étudiants et à promouvoir l’enseignement supérieur privé.

D’autres réformes vont suivre cette dynamique de réforme de notre enseignement supérieur enclenchée depuis la fin de la première décennie du XXIème siècle. On peut notamment citer la loi n° 2011-05 du 30 mars 2011, relative à l’organisation du système Licence, Master, Doctorat (LMD). Toujours dans la même année, on peut signaler le Projet de gouvernance et de financement de l’enseignement axé sur les résultats (PGF-Sup) entre le gouvernement du Sénégal et la Banque Mondiale.

En 2013, dans le sillage des réformes, une Concertation Nationale pour Améliorer l’Enseignement Supérieur (CNAES) a mobilisé tous les acteurs pour apporter des réponses de fonds aux crises cycliques de ce secteur.

78 recommandations ont été validées par la CNAES, confirmées par le Président de la République le 14 Août 2013, à la suite d’un conseil présidentiel sur l’enseignement supérieur et la recherche. Ce Conseil présidentiel à adopté onze (11) directives présidentielles et s’est engagé à soutenir le Plan de développement de l’enseignement supérieur et de la recherche (PDESR 2013-2017).

Il est impossible de faire le résumé de toutes ses réformes importantes pour notre pays. En revanche, il me parait important de rappeler les exigences méthodologiques et les questionnements suivants. Pour ce faire :

Il est urgent que le débat s’installe sur le fonds des réformes, leur actualité et leur pertinence. Est ce nos réformes nationales ? Est ce celles dictées par la Banque Mondiale et autres institutions financières ? Devons nous avoir une vision économique voire économétrique de l’enseignement supérieur ? Ou tenir compte des urgences sociales ? Jusqu’à quel niveau ? Pourquoi nos réformes sont dénoncées par les syndicats d’enseignement supérieur et ceux des étudiants dès qu’elles sont publiées ? Est ce nos mécanismes de validation de consensus nationaux sont opératoires et suffisamment inclusifs ? Pourquoi devrions-nous laisser le débat aux acteurs directs de l’enseignement supérieur ? Comment impliquer la nation entière dans cette exigence réflexive ? Comment articuler les réformes de l’enseignement supérieur aux refondations arrivées à maturité de nos institutions et de notre Etat de façon plus globale ?

Je sais que ces questions sont posées par les différentes réformes, du moins pour certaines. Il reste que la clameur a finit de brouiller le fonds des réformes. Tout n’est pas mauvais. Tout n’est pas bon. Mais, il existe nécessairement une ligne de consensus partagé.

Pour ce qui me concerne, je suis convaincu que notre système mérite des réformes voire même une refondation profonde. Nous ne pouvons faire l’économie de cette refondation. Une réforme heurtera des acquis, mobilisera des résistances voire des oppositions. Mais, il faudra les faire. Il reste à savoir lesquelles mettre en œuvre et comment.

C’est à ce débat que je vous invite pour sortir des ornières et des caricatures. Notre enseignement supérieur mérite plus!!!

Abdou Ndukur Kacc Ndao
Socio-anthropologie

1 COMMENTAIRE

  1. Il y a toujours eu des réformes plus ou moins pertinentes. Mais à l’application, le pouvoir choisit toujours les mesures ou recommandations qui l’arrangent. Pour le cas en cours, vous dites qu’il y a eu 78 recommandations, le pouvoir en place n’a appliqué que les deux qui sont: hausse des frais d’inscription, suppression de la généralisation des bourses. Mais dans ce cas, comment ne pas penser que les 76 autres recommandations ne sont là que pour couvrir celles qui sont appliquées ?

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