Cet homme sans grand charisme est parvenu au pouvoir en 1981 après l’assassinat du président Anouar al-Sadate.
Le président Hosni Moubarak, chassé vendredi 11 février par la rue après dix-huit jours d’une contestation populaire sans précédent, a gouverné l’Egypte sans partage pendant trois décennies.
Hosni Moubarak quitte la présidence de l’Egypte et remet le pouvoir à l’armée, a annoncé en fin de journée le vice-président Omar Souleimane lors d’une brève intervention télévisée. Cette annonce est intervenue peu après celle du départ du raïs et de sa famille pour Charm el-Cheikh, dans le Sinaï égyptien.
82 ans
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Les principaux acteurs politiques en Egypte
Cet homme de 82 ans, qui avait érigé la stabilité de son régime autoritaire en dogme, s’était accroché au pouvoir ces deux dernières semaines malgré un mouvement populaire d’une ampleur croissante lancé pour dénoncer les maux de son règne: chômage, pauvreté, corruption, libertés étouffées, violences policières.
Mais ses multiples annonces pour tenter de calmer la rue, dont celle qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat à la présidentielle de septembre, ont été vaines: ses détracteurs ont continué de réclamer son départ immédiat.
Durant ses années au pouvoir, aux multiples appels -y compris des Etats-Unis- en faveur d’une ouverture du système, il a opposé régulièrement le spectre d’une déstabilisation catastrophique du plus peuplé des pays arabes (plus de 80 millions d’habitants).
Un redoutable appareil policier
Cet homme sans grand charisme a succédé en 1981 au président Anouar al-Sadate qui a été assassiné par des islamistes, deux ans après avoir été le premier dirigeant arabe à signer la paix avec Israël.
Pragmatique, volontiers patelin, aimant les tournées à travers le pays, Hosni Moubarak, l’un des dirigeants les plus anciens du monde arabe, a maintenu contre vents et marées l’ancrage de son pays dans le camp pro-américain et préservé les accords de paix avec Israël.
Ancien commandant de l’armée de l’air, il a réussi à maintenir jusqu’au 25 janvier la stabilité de l’Egypte -et la sienne propre- en s’appuyant sur un redoutable appareil policier et un système politique dominé par un parti à sa dévotion.
Il s’est aussi montré un adversaire résolu de l’islamisme radical façon Al-Qaïda. Mais il n’a pas réussi à enrayer la montée d’un islam traditionaliste, inspiré par le mouvement des Frères musulmans toujours puissant malgré de récents revers électoraux.
Avec sa silhouette trapue, sa chevelure toujours drue malgré l’âge et son regard souvent caché par des lunettes de soleil, Hosni Moubarak est devenu au fil des ans une figure familière des réunions internationales, imposant l’Egypte comme un pilier modéré au sein du monde arabe.
Commandant en chef des forces aériennes
Né le 4 mai 1928 dans une famille de la petite bourgeoisie rurale du delta du Nil, Mohammed Hosni Moubarak a fait ses preuves dans l’armée, jusqu’à devenir commandant en chef des forces aériennes puis vice-président en avril 1975.
Au cours de sa longue carrière, il a échappé à au moins six tentatives d’attentat, et n’a jamais levé l’état d’urgence mis en place depuis son accession au pouvoir.
La montée en puissance de son fils cadet, Gamal, proche des milieux d’affaires, avait nourri les suspicions d’une transmission « héréditaire » du pouvoir lors de la présidentielle de septembre 2011, provoquant les protestations de l’opposition.
Malgré l’ouverture de l’économie qui a permis ces dernières années d’amorcer un décollage économique et l’émergence de « champions » égyptiens dans le domaine des télécoms ou du bâtiment, quelque 40% des Egyptiens continuent de vivre avec moins de deux dollars par jour, selon des statistiques internationales, alors que le pays est mis en cause pour des affaires de corruption.
Hosni Moubarak, opéré de la vésicule biliaire et d’un polype du duodénum en 2010, a un autre fils, Alaa, de son mariage avec Suzanne Thabet, « première dame » d’Egypte réputée influente auprès de son mari.
(Nouvelobs.com avec AFP)