Pour manifester contre leur pension de misère : Les militaires invalides mettent le feu à Ouakam

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Ils n’avaient que leurs vociférations pour exprimer leur dépit face à une ‘situation difficile et injuste’ qu’ils vivent depuis plusieurs années. Ils, ce sont les militaires invalides qui, en bloquant la circulation et en mettant le feu, hier à Ouakam, ont tenu à se faire entendre pour qu’enfin, ils soient rétablis dans leur droit.

Ouakam, ce mercredi, il est 11h 20. Devant l’Ecole des officiers de la gendarmerie nationale, à quelques encablures de l’hôpital militaire, se trouve un groupe de personnes manifestant des signes de nervosité et de mécontentement. Leur dénominateur commun : ils sont invalides. Ce sont soit d’anciens militaires, soit des militaires en service mais qui trainent, quelque part dans leur corps, un handicap du fait de la rébellion en Casamance. Pour la défense de l’intégrité territoriale, ils y ont reçu une balle dans l’un de leurs membres ou ont sauté sur une mine. Leur attroupement, d’hier, pour manifester leur colère a été, pour le moins, spontané pour ne pas dire ‘impréparé’.

C’est en venant renouveler leurs prescriptions d’ordonnance et les faire viser au niveau de leur chefferie, que l’idée de se faire entendre a germé. ‘Nous allons brûler des pneus et bloquer la circulation !’. ‘Non, il nous faut casser des bus pour que ça fasse tilt !’. Telles étaient, entre autres, les vociférations qu’on pouvait entendre et qui en disaient long sur le courroux de ces invalides mais également sur la spontanéité de leur action. Une dizaine, au départ, le groupe va s’élargir, au fil des minutes, et passera à trente quatre personnes. ‘Il faut que tous sortent et acceptent de prendre part à la manifestation, il ne faut pas que certains soient dehors et d’autres à l’intérieur’, peste l’un deux qui semble s’être autoproclamé chef de la bande, comme pour justifier le peu de personnes qui étaient là.

Mais finalement, ce que tout le monde voulait faire et dont personne ne voulait prendre l’initiative se produisit. Il a fallu, en effet, qu’une voix anonyme s’écria ‘Feu!’ pour que ces militaires invalides mettent leur menace à exécution. Aussitôt dit, aussitôt fait. Tout d’un coup, la circulation dense sur cette route de Ouakam qui était jusque-là normale, connut une grave perturbation parce que les manifestants en avaient décidé ainsi. Des pneus calcinés, toutes sortes de gravats versés sur la route, de gros nuages de fumée, tel était le spectacle offert, hier, à la mi-journée, à Ouakam, par les militaires invalides. Pendant une trentaine de minutes, ils bloquèrent la circulation, sommant les automobilistes à rebrousser chemin. Un motocycliste qui s’était frayé un passage, refusant d’obtempérer, en a pris pour son grade. Il sera pris à partie par deux membres du groupe et malmené. Visiblement contents de leur action, les militaires invalides se cotisèrent, séance tenante, cent francs chacun pour s’acheter de l’essence et renforcer le feu qui commençait à s’éteindre.

C’est en ce moment que surgit le Commandant de la gendarmerie de Ouakam, rejoint quelques minutes plus tard par les éléments de l’Ecole des officiers de la gendarmerie nationale. Il prit sur lui de discuter avec les manifestants et finit par les convaincre d’arrêter. De l’avis de ces derniers, s’ils ont accepté d’obtempérer, c’est par solidarité de corps. ‘Si nous avons accepté d’arrêter, c’est parce que ce sont des militaires comme nous qui sont venus nous parler. Si c’étaient des policiers, nous aurions refusé, quitte à en découdre avec eux’, explique Ibrahima Ndoye, le plus virulent des manifestants.

Expliquant le sens de leur mouvement d’humeur, le chargé de communication de l’Association nationale des militaires invalides soutient que lui et ses camarades exigent la revalorisation de leurs pensions d’invalidité et leur prise en charge correcte. Selon Serigne Fallou Thioune, depuis trois ans, ils réclament l’application de la loi 67-42 relative à l’indice des pensions militaires des invalides. D’après lui, celui-ci ne répond plus aux réalités de leur vécu quotidien. A l’en croire, ladite loi est claire et ne fait aucune discrimination puisque celle-ci stipule que l’indice des pensions d’invalidité doit évoluer au même titre que celui des fonctionnaires.

Les manifestants disent avoir été reçus par le ministre des Forces armées puis par le Premier ministre pour demander l’application des textes de loi. Promesse leur avait été faite que leurs doléances trouveront bientôt satisfaction puisque l’autorité compétente, en l’occurrence le ministre des Finances aurait pris en charge la question. ‘Mais rien n’a été fait. Nous ne quémandons rien puisque nous ne sommes pas des mendiants, tout ce que nous demandons, c’est l’application d’une loi’, martèle Ibrahima Ndoye.

Aguibou KANE
walf.sn

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