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Pour une lutte durable contre les violences faites aux femmes au Sénégal, s’y prendre par l’éducation et la sensibilisation (Par Mouhamed DIANKHA)

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Les violences physiques sont les plus connues, mais elles ne représentent que la partie visible de l’iceberg. En 2015, j’ai eu l’opportunité de travailler en tant que consultant évaluateur sur un projet du ministère de la Justice soutenu par l’ONUFEMMES. Ce projet avait, entre autres, objectif d’offrir une aide juridictionnelle et une assistance aux femmes et aux filles, victimes de violence, à travers les bureau d’écoute installés au niveau des maisons de justice. En faisant l’inventaire des cas recensés et traités par ces bureaux d’écoute, il ressortait que les violences morales et psychologiques (38 % des cas traités) et les violences économiques (33 % des cas traités) étaient les plus dominantes. Les violences physiques restent les moins traitées, représentant seulement 13 % des cas traités.

Au regard de ce constat, la lutte contre les violences faites aux femmes reste un enjeu crucial au Sénégal. Aujourd’hui, il est impératif de s’attaquer davantage à ce fléau. Cela doit passer par l’éducation des enfants et la sensibilisation des populations.

L’éducation des enfants est non seulement un moyen de prévenir les violences, mais aussi un vecteur de changement culturel durable. Elle permet de former des individus respectueux des droits de chacun. Pour cela, il est impératif d’intégrer des programmes de sensibilisation sur l’égalité des genres dans les écoles, afin d’aider les enfants à comprendre que le respect mutuel et l’égalité sont des valeurs fondamentales. En apprenant à reconnaître les comportements violents et à les condamner, ils deviennent des acteurs du changement. D’où la nécessité du renforcement des enseignements de sur éducation civique et morale portée sur le vivre ensemble, la solidarité et la tolérance.

Les violences faites aux femmes sont souvent transmises de génération en génération. En sensibilisant les enfants à ces problématiques, nous briserons le cycle de transmission. Leur montrer des modèles de relations saines, basées sur l’écoute et la compréhension, permettra de leur offrir des alternatives aux comportements toxiques qu’ils pourraient observer dans leur environnement familial ou social.

Il est également essentiel de prôner l’inclusion des garçons dans les discussions sur les violences faites aux femmes. En leur enseignant le respect et l’égalité, nous leur donnons les outils pour devenir des alliés dans cette lutte. Les garçons, en prenant conscience des inégalités et en apprenant à les remettre en question, peuvent jouer un rôle déterminant dans la prévention de la violence.

Cette démarche permettra de créer un environnement où les enfants se sentent libres de s’exprimer. En leur offrant des espaces de dialogue, que ce soit à l’école ou à travers des activités communautaires, nous leur permettons de partager leurs expériences et leurs préoccupations. Cela favorise une culture de l’écoute et de la compréhension, essentielle pour lutter contre la violence.

L’éducation ne doit pas se limiter à l’école. Les parents et la communauté doivent également jouer un rôle essentiel dans cette sensibilisation, à travers des ateliers, des campagnes de sensibilisation et des forums communautaires, afin de renforcer le message transmis aux enfants et de créer un environnement collectif de soutien contre les violences.

L’éducation et la sensibilisation des enfants sont des démarches essentielles pour lutter contre les violences faites aux femmes au Sénégal. En semant les graines du respect, de l’égalité et de l’écoute, ferons germer un avenir où chacun peut vivre en sécurité et en dignité. La transformation des mentalités commence avec les plus jeunes, et il est utile de les accompagner sur ce chemin.

L’implication active des communautés, des organisations de la société civile et des leaders locaux est impératif. Ces acteurs ont la responsabilité d’élever la voix contre ces violences de plus en plus critiques. De plus, le renforcement du dispositif de prise en charge et des victimes par le biais de services d’accompagnement et la dénonciation des comportements abusifs doivent être une réalité de la lutte pour pouvoir créer un environnement où les femmes se sentent en sécurité et soutenues. La mobilisation de l’ensemble de la société est donc essentielle pour instaurer une culture de respect et d’égalité, permettant ainsi de bâtir un avenir sans violences pour les femmes au Sénégal.

Mouhamed DIANKHA

Économiste planificateur, spécialiste des politiques publiques de développement économique et social

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