L’élection présidentielle du 24 février 2019, dans ses phases pré électorales et électorales, a été jalonnée par une vive tension née de la rupture de confiance entre la majorité et l’opposition.
Cette tension a souvent charrié des violences de plusieurs natures : verbales, physiques, et parfois même financières.
Le summum avait été atteint, après les procès de Karim WADE et de Khalifa SALL, avec le vote de la loi sur le parrainage qui avait fini de radicaliser les deux parties qui se regardaient désormais en chien de faïence.
On a joué à se faire peur. Mais même si l’opposition a beaucoup fait dans l’agitation et la menace, force est de reconnaitre que ses manifestations ont souvent été étouffées dans l’œuf. La journée du 19 avril, qui consacra le vote de la loi sur le parrainage, est en une parfaite illustration.
L’opposition a souvent eu du mal à trouver des prétextes suffisamment fédérateurs pour mobiliser les foules. Cela lui a valu des railleries permanentes et parfois déplacées des belliqueux du régime en place.
Cette même logique a prévalu après la publication des résultats de l’élection présidentielle qui donnaient 58, 26 % au président sortant, Macky SALL.
Les contestations des leaders de l’opposition n’ont pas eu les échos souhaités au niveau de l’opinion, malgré un appel voilé à la résistance du président Idrissa SECK qui, s’exprimant, juste après la proclamation des résultats, disait :
« Force est de constater que le candidat sortant a confisqué la volonté du peuple souverain et sera le seul à assumer les conséquences face au peuple et face à l’histoire ».
Ensuite toute tentative de révolte avait été annihilée par le discours du Calife général des mourides, recevant Idrissa Seck et Madické Niang venant lui rendre visite après la proclamation des résultats.
Ce dernier mettait en exergue le mérite des leaders de l’opposition de n’avoir pas appelé les populations au soulèvement après le verdict de la commission nationale de recensement des votes.
L’opposition doit-elle continuer de s’opposer radicalement en refusant toute main tendue du Président de la république ?
Le Président Macky SALL ne disait-il pas dans son discours du 28 mai 2016 que :
« … la compétition pour l’accès au pouvoir n’est pas incompatible avec la concertation entre les forces vives de la Nation, sur les questions majeures de la vie de notre cher Sénégal. A cet égard, je m’inscris dans la tradition de notre peuple dont le génie a toujours permis de trouver les ressorts pour construire des convergences fortes autour de notre pacte social sur la base de la confiance mutuelle. » ?
C’est justement cette confiance mutuelle qu’il convient de restaurer dans le cadre d’un dialogue national constructif, ouvert et inclusif entre les différents acteurs de la vie nationale.
Autrement dit, il s’agira pour le Président Macky SALL, durant les cinq prochaines années de réécrire de nouvelles pages de l’histoire de notre pays en tenant en compte des avis des différents segments de la société dont les politiques au premier chef.
Cela passera nécessairement par l’élaboration de termes de référence clairs identifiant les différents points sur lesquels portera le dialogue.
Quelle sera la place de l’opposition dans ce dialogue ?
Elle doit répondre à la main tendue du Président et œuvrer davantage à la pacification de l’espace politique indispensable à la résolution des problèmes des Sénégalais.
C’est une opportunité qui lui est offerte pour revoir ses stratégies de lutte qui seront désormais orientées vers des négociations autour d’une table qu’il faudra privilégier aux seet-ing et aux marches souvent non autorisées et dont le cachet populaire n’est pas toujours garanti, lesquelles débouchent sur des violences et des arrestations de ses leaders.
Cette modalité de lutte, il faut l’avouer, a fini de montrer ses limites. D’où la pertinence de la revoir.
Elle devra en profiter pour poser les priorités de l’heure que sont :
Le recensement exhaustif de l’ensemble des problèmes relatifs au processus électoral avant l’échéance des élections locales de décembre 2019 (parrainage, troisième mandat, révision du fichier, renégociation du calendrier électoral si besoin, …) ;
Aider à trouver des solutions à l’emploi des jeunes et des femmes, à mettre en place des mécanismes pour une bonne gouvernance des affaires de l’Etat ;
Régler la question du statut de l’opposition et du financement des partis politiques ;
Créer des consensus forts sur toutes les questions d’enjeu national, etc.
Ce dialogue pourrait même préfigurer une nouvelle recomposition de l’espace politique sénégalais avec des alliances qui vont certainement se défaire et d’autres qui vont se nouer pour aller vers cette ère de la relecture des perspectives qui semble incontournable.
En effet, la réalité a montré la perte de vitesse de grands partis tels que le PS, l’AFP ou le PDS, la montée en puissance d’un nouveau leadership politique et enfin les difficultés qui pointent pour la majorité qui aura sans doute des difficultés pour maintenir sa coalition avec la guerre qui s’annonce très âpre pour la succession du président Macky Sall.
Il s’y ajoute que le Président Macky Sall doit se départir de toutes les logiques politiciennes avec le jeu des compromis pouvant aller jusqu’à la compromission pour ne s’orienter que vers la résolution des problèmes du pays en faisant appel à la meilleure expertise nationale.
A vos marques !
Le dialogue est en marche pour l’intérêt du Sénégal et des Sénégalais !
Fait à Thiès ce 22 avril 2019
El Hadji Abdou WADE dit Mara,
Pôle de communication du Grand Parti.