XALIMANEWS: Selon l’économiste, Meissa Babou, l’Etat et les syndicats doivent poursuivre les concertations pour régler la question des salaires qui préoccupe davantage les travailleurs, suite au refus du président de la République,
Macky Sall, le 1er mai dernier, de revoir à la hausse la rémunération des fonctionnaires. M. Babou faisait une présentation samedi dernier sur le thème : «L’augmentation des salaires au Sénégal et problème du pouvoir d’achat» dans le cadre des «samedis de l’économie» organisé par l’ Africaine de recherche et de coopération pour l’appui au développement endogène (Arcade). «Il faut des concertations. La trésorerie est en panne. Il faut engager des négociations pour une augmentation des salaires l’année prochaine», a recommandé le Pr Meissa Babou. Qui croit que la question de la hausse des salaires peut être réglée.
Par ailleurs, dit-il, il faudrait que l’Etat revoit sa copie en n’étant pas catégorique sur cette question. Parce que, prévient l’enseignant, «on ne sait pas où cela va mener». Néanmoins, il a étalé un ensemble de facteurs qui ont fait que l’Etat s’avoue incapable de procéder à la hausse immédiate des salaires. Parmi ces raisons, le Professeur de gestion cite les iniquités de salaires ou encore l’endettement. A l’en croire, «l’Etat a pris le choix d’un endettement qui est extrêmement élevé. Il s’est mis dans des conditions qui font qu’il a du mal à payer». C’est en cela qu’il recommande qu’entre l’endettement et le remboursement, le Sénégal doit «savoir maîtriser sa capacité de remboursement». Sinon, il sera condamné à faire d’éternels emprunts, Eurobonds, alors que le niveau de la dette est élevé.
Dans la foulée, Mody Niang, enseignant et célèbre chroniqueur, souligne qu’il faut veiller à l’équité salariale parce que «le front social sera toujours en ébullition, tant qu’il y aura l’iniquité de salaire».
Meissa Babou explique aussi la peine de l’Etat à honorer les salaires par le fait qu’il soit surchargé par les agences, institutions et dépenses de prestige au grand dam de la demande sociale. «Si l’Etat a des problèmes, c’est à cause de sa manière de gérer. C’est mal orienté, même s’il a fait des choses», dixit le professeur Meissa Babou. Qui signale que si le gouvernement fait aveu de ne pas pouvoir augmenter les salaires, c’est également à cause du fondement de l’économie. En effet, selon M. Babou, les travailleurs demandent une hausse de leurs salaires parce que la vie est chère. Ce coût de la vie est dû au modèle de base de l’économie, notamment l’économie primaire qui garantit le manger, le boire et le minimum d’argent. «Les besoins de l’homme conditionnent le développement. Ils commencent par manger et boire. Quand c’est difficile de les satisfaire, il faut trouver des alternatives sinon cela coûte cher».
Le public a aussi mis à l’index la responsabilité des syndicats dans l’incapacité de l’Etat à augmenter les salaires. Pour ces intervenants, les rivalités syndicales ont affaibli leur pouvoir de pression pour obtenir ce qu’ils veulent. Il y a toutefois espoir que l’Etat et les syndicalistes renoueront le dialogue après le choc. «La déclaration inattendue a heurté la conscience des travailleurs», interprète Mamadou Lamine Diante, syndicaliste de l’enseignement qui explique que cette demande est justifiée dans la légitimité et la légalité, mais que «c’est dans la faisabilité où le bât blesse». Le syndicaliste révèle qu’ils ont demandé à voir le tableau des opérations financières pour voir les déséquilibres, mais c’est sans succès.
Emile DASYLVA
Walfnet