Comme le dit l’adage, «chez tout africain, il y a un fond de paganisme». La société Sénégalaise, malgré sa profonde religiosité, reste attachée à des pratiques païennes et animistes qui de plus en plus prennent des proportions inquiétantes. Dans la vie de tous les jours, au foyer comme à l’école et au bureau, dans tous les domaines à tous les niveaux, les gens s’adonnent beaucoup aux pratiques mystiques. Le poids de la pauvreté et le besoin de s’enrichir sont à l’origine de cette situation. Du moins, c’est le constat fait par le sociologue Djiby Diakhaté.
Malgré le fait que le Sénégal soit un pays profondément religieux qui logiquement devait se défaire de tout obscurantisme, on note la persistance des pratiques païennes et animistes à un degré très élevé de la société. Pour éclairer notre lanterne sur ce fait social, nous avons fait recours à l’explication sociologique. Le sociologue Djiby Diakhaté y voit de prime abord une question de pauvreté. Malgré le fait que notre pays soit composé en majorité de musulmans, en minorité de chrétiens et de pratiquants de religions traditionnelles, il a signalé pour l’essentiel que «nous avons des Sénégalais très attachés aux traditions païennes et animistes ».
Ce qui, à ses yeux, s’explique par plusieurs raisons. « D’abord, la persistance de la pauvreté fait que certains ont besoin de s’enrichir ici et maintenant en passant par la voie des pratiques païennes. Ensuite, nous avons l’urbanisation galopante marquée par l’érection de nouvelles zones, de nouveaux quartiers où la logique de compétition fait appel à ces genres de pratiques qui s’y développent de plus en plus », renseigne-t-il.
Il y a aussi, selon le sociologue, que « les terroirs sont habités par des gens qui ne se connaissent pas et avec qui nous n’entretenons pas forcement des liens de parenté ; alors qu’auparavant dans un village, tous les membres étaient des parents ». Cette situation de méconnaissance des uns et des autres «fait que chacun a tendance à se méfier de l’autre et le développement de la méfiance et de la peur de l’autre fait que de plus en plus, on a tendance à aller vers des pratiques païennes pour des besoins de protections », poursuit Djiby Diakhaté. Le phénomène s’observe dans les milieux professionnels, politiques et sportifs où des personnes ayant la même activité ont recours à ce genre de pratiques pour ne pas se faire devancer. Ce qui, de son point de vue, augmente les proportions de ces types de croyances.
Enfin, renchérit Djiby Diakhaté, « nous avons la valorisation du «moi» ; chacun cherche à être le plus important, le plus vu et le plus constaté, le plus remarqué, en wolof on l’appelle le «bayré» (popularité), qui fait que le plus souvent, on fait recours au charlatan qui a tendance à nous orienter vers ce genre de pratiques ».
Sud Quotidien