L’année 2018 à peine a-t-elle démarré que les attentats se poursuivent en Afghanistan où la sécurité se détériore chaque jour un peu plus. Au moins 11 personnes ont été tuées jeudi dans une attaque-suicide à Kaboul, une vingtaine d’autres blessées. Les victimes sont des civils et des policiers.
La tension était palpable tout au long de la journée dans le district numéro 9 de la capitale. La police avait perquisitionné plusieurs échoppes, soupçonnant certains commerçants de s’adonner au trafic de drogue et d’alcool, prohibé dans la République islamique d’Afghanistan.
Des échauffourées ont éclaté, un homme a été tué, un autre blessé, déclenchant la colère des commerçants qui ont entamé une manifestation spontanée. Alors que la police anti-émeute est déployée sur place, un kamikaze à pied s’introduit au milieu du convoi et déclenche sa ceinture d’explosifs.
Le mode opératoire est classique chez les talibans qui ciblent régulièrement les forces de sécurité afghanes. Les insurgés contrôlent 40% du territoire, mais ils ne sont pas les seuls à s’attaquer aux forces gouvernementales.
Depuis trois ans, l’organisation Etat islamique multiplie aussi les attentats. Le groupe terroriste a revendiqué l’attaque contre un centre culturel chiite la semaine dernière faisant plus de 40 morts, et des dizaines de blessés.
Devant le portail de l’entrée, des hommes font les cent pas, d’autres attendant dans leur voiture des nouvelles de leurs proches soignés à l’hôpital. Dans une Corolla blanche, Piloute attend, son téléphone sonne sans cesse. Au bout du fil, sa femme, ses enfants, son frère qui viennent aux nouvelles. Deux heures plus tôt, il était encore chez lui.
« J’ai demandé à mon fils et à mon neveu d’aller me chercher des médicaments. Ils sont sortis de la maison. Quelques instants après, j’ai entendu une explosion. Je me suis précipité dehors et des gens m’ont dit que mon neveu avait été grièvement blessé. J’étais sous le choc. Regardez les sandales que je porte, ce long châle, ils ne sont pas à moi, des gens me les ont donnés alors que je partais pour l’hôpital dans la précipitation ».
C’est la deuxième fois que son neveu âgé de 25 ans est blessé dans une explosion, explique-t-il. Son fils a 18 ans. Les deux cousins sont étudiants.
« La situation ne fait qu’empirer chaque jour un peu plus. Tout ça, c’est de la faute du gouvernement. Regardez, mon neveu et mon fils sont simplement allés chercher des médicaments. Et pour ça, ils ont failli mourir ».
En colère, impuissant, triste, ce résident de Kaboul avoue vouloir fuir son pays. Mais il n’en a pas les moyens, dit-il. « Nous devons subir le chômage et l’insécurité », souffle-t-il avant de décrocher pour la énième fois son téléphone.
Rfi