Président Adama Barrow «nous Allons Apporter À L’etat Du Sénégal Un Soutien Sans Faille Pour Une Paix Définitive En Casamance»

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Le Président élu de la Gambie, Adama Barrow, a un agenda très chargé, malgré le refus du Président sortant Yahya Jammeh de quitter le pouvoir. Le tombeur du despote de Kanilaï a établi son quartier général dans un hôtel de luxe de Serrekunda, où il reçoit à longueur de journée avant de rejoindre une somptueuse villa tenue secrète pour des raisons de sécurité. Dans cet entretien accordé à «L’As», ce féru du football aborde plusieurs sujets qui touchent particulièrement le Sénégal. Il a une connaissance restreinte du Sénégal qu’il n’a visité que deux fois.  Dans cet entretien, il s’est prononcé sur la construction du pont de Ferrafeni, sur  la rébellion en Casamance, la visite de la délégation de la Cedeao etc.

Monsieur le Président, connaissez-vous bien le Sénégal ?

En réalité, je ne connais pas bien le Sénégal. Je ne suis allé au Sénégal que trois fois. En partance pour les Etats-Unis d’Amérique en 1993, notre avion avait fait une escale à Dakar. Depuis 1993, je ne suis pas retourné au Sénégal jusqu’à cette année. Lorsque la coalition de l’opposition m’a désigné candidat à l’élection présidentielle, je suis allé à Touba pour recueillir des prières auprès du Khalife général des mourides, Serigne Cheikh Sidi Mokhtar Mbacké. Mais je n’ai jamais séjourné au Sénégal.

Donc vous appartenez à la confrérie mouride…

Non. Je ne suis pas un mouride. J’ai un ami mouride qui me demandait très souvent d’aller voir le Khalife général des mourides pour qu’il prie pour moi. Mais, je n’y suis jamais allé. Lorsqu’on m’a choisi candidat de la coalition de l’opposition, il est parti voir beaucoup de personnes pour me convaincre d’aller à Touba. C’est ainsi que je me suis rendu auprès du Khalife général des mourides qui a formulé des prières pour moi.

 Avez-vous des amis parmi les responsables politiques sénégalais?

Je n’ai aucun ami parmi les responsables politiques au Sénégal. Par contre, j’en connais quelques uns de nom, parce que je suis la politique au Sénégal. Par exemple, je connais Landing Savané, Me Abdoulaye Wade, le Président Macky Sall, Cheikh Tidiane Gadio, Pr Iba Der Thiam, Djibo Leity Ka, Moustapha Niasse etc.

Quel est votre plat préféré ?

Mon plat préféré, c’est «soupakandié». J’en raffole vraiment.

Quand est-ce que vous serez au Sénégal pour une visite officielle en tant que Président de la Gambie ?

Je ne sais pas encore. Mais, comme je l’ai dit dans une interview, je réserve ma première visite officielle en tant que chef de l’Etat de la Gambie au Sénégal. Pourquoi le choix du Sénégal ? Parce que c’est le pays le plus proche et la Gambie se trouve à l’intérieur du Sénégal. Les relations d’amitié et de bon voisinage entre le Sénégal et la Gambie constituent une priorité pour nous. Car si la paix règne au Sénégal, il y aura la paix en Gambie et vice versa.

En outre, lorsque j’ai été déclaré vainqueur de l’élection présidentielle, le Président Macky Sall a été le premier chef d’Etat à m’appeler pour me féliciter. Il a montré ainsi que nous sommes des parents et que nous constituons un seul peuple. Nous communiquions en wolof et le Président Macky Sall m’a dit, il parait que vous parlez pulaar ? Je lui ai oui. Et puis, nous avons commencé à parler pulaar. Cela montre que nous sommes tous des parents.

Les travaux du pont de Farrafeni sont bloqués depuis longtemps et les Sénégalais souffrent beaucoup pour traverser la Gambie. Est-ce que le Sénégal peut espérer la poursuite des travaux dès votre installation à la Présidence de la République ?

Dès notre installation au pouvoir, nous prendrons le dossier en main et écouterons les conseils de nos experts. En tout cas, tout ce qui va dans l’intérêt de notre pays, de la sous région et de l’Afrique, nous nous y attellerons.

Une délégation de la Cedeao et des Nations Unies a rencontré hier les différentes parties, le président de la Commission électorale indépendante, le chef d’état major des forces armées et l’inspecteur général de la Police. Avez-vous espoir que la passation du pouvoir se fera dans la paix?

J’ai espoir que le transfert du pouvoir se passera dans la paix. Ce ne sera pas difficile, parce que le scrutin a été transparent. Quand des élections sont organisées dans un pays, le président de la République a tous les moyens matériels, techniques et humains pour vérifier la clarté des résultats avant d’accepter le verdict des urnes. Il (Ndlr, président Jammeh) a accepté sa défaite en soutenant que le système électoral de la Gambie reste le plus transparent dans le monde. Il m’a appelé pour me féliciter et me souhaiter le meilleur dans la conduite des affaires du pays. En plus, cette année le décompte des voix s’est fait dans les bureaux de vote. Chaque parti avait un représentant dans chaque bureau de vote. Nous connaissions tous les résultats du scrutin avant même leur publication par la Commission électorale indépendante. Chaque représentant de parti avait envoyé par Sms les résultats du bureau de vote dans lequel il a siégé. Nous savions que nous avons gagné le scrutin et le Président Jammeh savait qu’il a perdu.

Pourquoi Yahya Jammeh s’est rétracté en rejetant les résultats ?

Il (Ndlr, Président Jammeh) est le seul à pouvoir répondre à cette question. Son reniement a été une grande surprise et une honte pour nous et toutes les populations de la Gambie. Nous avons eu honte pour la Gambie parce que depuis qu’il m’a téléphoné pour me féliciter, la Gambie était sous les projecteurs. La Gambie était respectée à travers le monde. Mais dès qu’il s’est dédit, l’immense considération que le monde avait à l’endroit de la Gambie s’est affaissée comme un château de cartes. C’est une honte.

Nous avons été très choqués par ses propos indignes d’un président de la République. Il a violé la loi en annulant l’élection présidentielle. C’est un abus de pouvoir. C’est déshonorable de voir un président de la République ignorer ses prérogatives. On a l’impression qu’il n’a pas de conseillers juridiques. C’est la première fois qu’on voit un Président qui se considère à la fois comme chef de l’Etat et président de la Commission électorale indépendante. C’est pourquoi après sa déclaration, nous lui avons rappelé qu’il n’a pas le pouvoir d’annuler une élection.

Sur la toile, des informations circulent faisant état de la nomination des membres de votre gouvernement. Qu’en est-il exactement ?

Je n’ai pas encore nommé les membres de mon gouvernement. Nous ne sommes pas pressés. Nous allons prendre le temps nécessaire pour nous concerter et former l’équipe gouvernementale. Dans une coalition, avant de prendre ce genre de décisions, il faut prendre le temps de se concerter avec tous les membres de la coalition.

Vos adversaires prédisent l’éclatement de la coalition, avant la fin de la transition…

C’est le souhait de nos adversaires politiques, mais nous sommes sûrs que la coalition survivra. Ce qu’il faut éviter, c’est l’absence de concertations, alors que nous échangeons sur tout ce que nous envisageons de faire. L’information selon laquelle nous avons formé un gouvernement est l’œuvre de nos adversaires politiques.

La rébellion en Casamance a duré plus de trois décennies sans que le problème ne soit résolu définitivement. Peut-on s’attendre à une contribution efficiente de la Gambie pour aider le Sénégal à tourner cette page ?

Le conflit armé en Casamance a duré plusieurs années, sans qu’une solution définitive ne soit trouvée. A mon avis, la Gambie doit contribuer à côté du Sénégal pour une paix définitive en Casamance. Nous allons apporter à l’Etat du Sénégal un soutien sans faille pour le retour de la paix en Casamance. Les deux pays ont intérêt à ce que la Casamance retrouve définitivement la paix.

Entretien réalisé par Ousseynou BALDE (L’AS)

 

(Envoyé spécial en Gambie)

3 Commentaires

  1. « Dès notre installation au pouvoir, nous prendrons le dossier en main et écouterons les conseils de nos experts. En tout cas, tout ce qui va dans l’intérêt de notre pays, de la sous région et de l’Afrique, nous nous y attellerons ».

    Le gouvernement du Sénégal ne doit pas trop prendre ses désirs pour argent comptant sur le projet de construction du pont de Farraféni. Le Président Barrow, dans ses déclarations au sujet de ce pont sont d’un grand flou par rapport à sa position du début, quand il déclarait que ce pont doit être considéré comme déjà réalisé parce que dès notre arrivée aux affaires le travail va démarrer. Maintenant Barrow dit que « ce sont ses experts qui diront si ce pont va dans l’intérêt de son pays ou pas ». Tout le monde sait que la Gambie perdrai des dizaines de milliards par ans si l’activité du bac et son économie corolaire était arrêtée. Rien n’empêcherait alors aux Gambiens de demander des compensations équivalentes ou à peu près équivalentes à ce qu’ils gagnaient avec le Bac.

  2. « Ce nouveau Président Gambien a une drôle de façon d’aimer le Sénégal qu’il ne connait pas du tout. J’en déduit que c’est uniquement par opportunisme que monsieur Barrow est allé à Touba pour y bénéficier de prières auprès du Khalif des mouride. Cet homme n’est pas assez « Sénégambien » pour développer nos relations bilatérales. Les deux peuples Sénégalais et Gambien, sont de vrais frères et soeurs, heureusement!

  3. Je ne comprends toujours pas qu’un grand pays comme le Sénégal, si on le compare à la Gambie en soit arrivé à quémander de l’aide pour résoudre son conflit avec quelques centaines de rebelles campés dans des zones identifiées dans des forêts en Casamance ! Nous avons quand même le droit de créer des bases militaires partout au Sénégal où le besoin de sécurité se ferait sentir ! Deux ou trois nouvelles bases de militaires et de gendarmes à des endroits stratégiques à la frontière avec la Gambie régleraient définitivement le problème avec les rebelles du MFDC et parallèlement celui des trafiquants de bois expédié en Gambie depuis deux décennies !

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