Qu’est-ce qui pourrait se passer si les audits incriminaient des voleurs de la république déjà élus députés ?
La question nous agace l’esprit depuis quelques temps. En lisant les listes des coalitions en compétition pour les législatives du 1e juillet 2012, nous y retrouvons pratiquement toutes les cibles des prétendus audits qui ressemblent beaucoup plus à de la gesticulation grotesque pour amuser la galerie qu’à une réelle volonté d’assainir nos finances publiques. Ces « audits » trainent les pieds comme un vieillard de cent douze ans alors que nous nous rapprochons de plus en plus des élections législatives. Nous souhaiterions avoir l’éclairage de nos juristes sur cette question : qu’est-ce qui pourrait se passer si les audits incriminaient des voleurs de la république déjà élus députés ? Le peuple qui a chassé le régime de Wade doit veiller à bien choisir ses listes de députés. Certaines d’entre elles posent un véritable problème d’éthique et de morale.
En effet, au moment où le Forum Civil, Transparency International et d’autres organismes similaires sont en train de se battre pour nous donner des pistes pouvant nous aider à rapatrier les fonds dilapidés et cacher dans des comptes à l’étranger, ceux qui sont sensés nous dire où est-ce qu’ils ont parqué cette manne financière s’agitent comme un cheval fou pour se caser à l’Hémicycle. Le nouveau régime a intérêt à aller très vite dans le règlement de cette affaire sous peine de donner raison à ceux qui pensent qu’il ne fera rien parce qu’étant sous la crainte d’une certaine équilibre de la terreur.
C’est cela qu’attend une bonne partie de la population pour être rassurée sur la probité morale de ses nouveaux dirigeants ; autrement, le doute persistera toujours sur l’origine des richesses faramineuses de certains membres de l’actuel exécutif. Cela doit primer sur les nominations actuelles guidées par le népotisme qui aboutit généralement au despotisme. Nomination oui ! Mais à condition qu’elle ne soit pas guidée par le copinage, le souci de contenter sa famille et ses amis.
Nous demandons à tous ceux qui aiment le président Macky SALL de l’encourager à booster le rapatriement de nos deniers publics. Ces intellectuels de son parti qui s’organisent en bouclier contre ceux qui parlent de son patrimoine sont en train de faire fausse route. Ils se trompent d’adversaire. L’une de leur adversaire aujourd’hui est la lenteur constatée dans l’éclairage de l’opinion sur l’origine de la richesse de leur mentor. L’autre est assurément l’hésitation notée dans l’application de sa volonté d’auditer ses anciens compagnons. Certes, l’ami d’hier est le pire des ennemis mais à condition qu’il détient des preuves irréfutables sur des actes délictueux commis en sa présence par ce dernier.
Le combat de ces intellectuels ressemble à un appel du pied en direction du Président pour obtenir leur part du gâteau. Ils ont certainement vu qu’il distribue les strapontins ça et là (sans toujours tenir compte de certains critères dont la compétence, le patriotisme et la droiture) à ses amis, sa région de Fatick, ses parents et quelques membres de son parti et des coalitions qui l’ont soutenu au second tour. Hé bien, ils prennent prétexte sur le fait que des citoyens s’interrogent, de façon légitime, sur la déclaration de patrimoine du Président pour se faire remarquer. Nous sommes victimes du débat creux de la majeure partie de nos prétendus intellectuels qui ne font que gérer des plans de carrière sur le dos du peuple en vivant de compromissions avec les décideurs publics. Macky doit rompre avec ce genre de personnage. Ces intellectuels doivent savoir que ce n’est pas de cette manière qu’ils pourront l’aider. Lorsqu’une richesse est bien acquise, on n’a jamais du mal à expliquer son origine licite.
Si certaines questions liées aux audits et à la transparence des déclarations de patrimoine qui sortent de partout ne sont pas réglées dores et déjà, après ces législatives, notre pays risquent de ne pas quitter de sitôt son statut de caserne d’Ali Baba que lui a conféré le régime sortant, à moins que les électeurs ne choisissent de voter pour les listes des religieux en boycottant complètement celles conduites par les politiques.
Qui aime bien châtie bien. Macky gagnerait à ne pas s’enfermer dans le silence en allant jusqu’au bout de sa logique de déclaration de patrimoine : dire au peuple l’origine de son trésor pour clore définitivement ce débat. Sinon, il va peupler la campagne électorale à venir et de quelle manière… Il doit aller jusqu’au bout de sa logique avec les audits et éviter de reconduire les mêmes erreurs que Wade avec des nominations guidées par le népotisme. Ça cafouille déjà et ce n’est pas bien pour lui face à des adversaires qui ne sont pas des enfants de chœurs et dont certains, comme les jeunes socialistes, préparent déjà la compétition de 2017. L’attention c’est qui nous sauve disait Jacques-Bénigne Bossuet. Alors, Président, attention !
Tafsir Ndické DIEYE
Auteur de polars et de poésie
Membre du Pôle programme de Macky 2012
E-mail :[email protected]
Que le Seigneur te garde. C’est ce qu’on attend de l’intellectuel. Merci Tafsir pour ta constance.
Je suis rassuré, le Sénégal a encore des penseurs qui ont la tête sur les épaules. Dieureuf M.Tafsir. Article pertinent et percutant. La vérité, quand elle est bien posée, avec les mots qu’il faut, elle donne lieu à un texte comme celui-ci. Mais je doute que Macky puisse bien comprendre la gravité des actes qu’il commence à poser avec une inélégance révoltante, son oncle gagne le marché des engrais pour plus 6 milliards, il le nomme 3 jours après à la tête du port, son beau frère comme délégué à la sécurité alimentaire, six de ses anciens amis de Fatick deviennent ministres d’office, etc. Même Bonoit Sambou le troubadour est bombardé ministre du secteur le plus sensible de notre économie à savoir l’agriculture comme du temps de Farba sous Wade… madame suce sa sucette: une fondation… El pistoléro réclame la présidence de l’Assemblée… Saleh s’assoit au palais et menace un ancien ministre de représailles comme s’il était lui-même la justice du Sénégal… Cela ressemble fort à du Wade sans wade. Qui vivra verra. M. Tafsir, bonne continuation. C’est comme ça qu’on doit accompagner un leader, en lui disant attention quand ça ne va pas. Un fidèle lecteur de tes bonnes réflexions très engagées.
Bien di
Merci pour tes conséils