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Président, on ne choisit pas sa famille, mais on choisit ses amis. (Par Mohamed Dia?)

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Au Sénégal, depuis les indépendances, les relations entretenues entre les gouvernements et les populations ont toujours été illusoires. Les gouvernants ont toujours cru qu’ils sont au-dessus de la loi et que le mariage forcé aux autres pouvoirs et les forces de sécurité leur permettraient d’assurer la stabilité du pouvoir politique. Pendant qu’on nous dit que la démocratie progresse en Afrique, on voit toujours que les vieilles habitudes persistent encore dans plusieurs pays dont le Sénégal. Parmi ces habitudes, on retrouve la manipulation sans vergogne de la Constitution, et le dialogue national pour apaiser la tension sociale en graciant et en amnistiant des délinquants financiers.

Aveu d’échec

Après un aveu d’échec de son septennat, le président Sall est dans l’obligation de respecter les reformes signées avec le FMI dans le but de crédibiliser son Etat et de pouvoir bénéficier de prêts de cette institution en cas d’urgence. Pour mettre en œuvre ces réformes impopulaires dont certaines ont commencé à voir le jour, le président a besoin d’une atmosphère décrispée pour empêcher les opposants de pousser leurs sympathisants et militants à marcher pour décrier ces réformes.

Pendant que des malversations ont vu le jour durant le septennat, le pouvoir législatif, ce pouvoir sans pouvoir, dont la majorité ne fait que charmer le pouvoir exécutif pour des avantages, n’a enquêté sur aucun des dossiers qui incriminent les membres de l’APR, ils viennent maintenant nous tympaniser avec cette enquête parlementaire sur les 94 milliards. Quel faux dossier ! La population est en train de souffrir, la vie est chère et le pouvoir d’achat est quasi inexistant, la pauvreté est galopante et vous parlez de dossiers fictifs pour ne pas adresser les vrais problèmes qui affectent les générations futures de tout un pays. Et si vous enquêtiez sur les ressources naturelles et les contrats signés en catimini ? Et si vous parliez des malversations commises par les membres de votre parti ? Chers parlementaires, on ne peut pas cacher le soleil avec une main.

Le protocole inachevé de Doha, qui a été poursuivi à Conakry, a-t-il été le fruit de cet accord de réconciliation entre l’actuel président et son prédécesseur ? Le président Wade ne prend jamais une décision politique sans gain personnel et Jean Colin avait coutume de dire que : “ Wade est un homme dangereux. Il n’a qu’une idée, c’est de devenir Président, il est prêt à tout sacrifier à cette idée. Il n’est pas l’homme d’un programme, mais l’homme d’une ambition personnelle ”. Le président Sall, serait-il en train de négocier avec ce Wade qui a mis le Sénégal à terre à cause de la corruption et des malversations sous son ère. L’argent qui a été détourné est l’argent de tous les Sénégalais et non l’argent du président Sall, comment peut-il pardonner ce qui n’est pas à lui ?

Invitons un peu le passé dans cette conversation. Pendant que l’économie sénégalaise agonisait et que la corruption battait son plein, malgré les rapports des organes de contrôle de l’Etat, il n’y avait aucun procès de personnalités civiles ou politiques. Quelles réponses Wade nous avaient-ils fournies ? Il nous avait dit que ses ennemis politiques utilisaient la presse pour faire de fausses accusations, qu’il était difficile de prouver que la corruption existe et qu’en tant que président, il ne pouvait pas surveiller tout ce qui se passe dans son gouvernement. N’avait-il pas finalement reconnu qu’il était impossible que ses affirmations selon lesquelles il n’y avait pas de corruption au Sénégal soient vraies et qu’il fallait répondre aux préoccupations des donateurs concernant l’augmentation de la corruption au Sénégal ?

Quid pro quo

Le montant des factures impayées dépassait 450 milliards de FCFA, le Sénégal traversait un moment de dépassement budgétaire, dû à la corruption sous Wade. Les banques souffraient, elles n’avaient plus de liquidité, car aidant les entreprises durant ces moments difficiles où le gouvernement ne payait pas les entreprises. Plus de 15 ministères ont reçu des fonds illégaux, et le ministère de l’Infrastructure a reçu plus de fonds illégaux parmi ces 15 ministères. Cette voracité financière a coûté au Sénégal ses partenaires économiques, le Sénégal avait perdu sa crédibilité à cause de sa gestion budgétaire. C’est ainsi que les Pays-Bas ont refusé d’octroyer au Sénégal l’aide au développement tant qu’il n’y aurait pas de réforme budgétaire. C’était la posture de tous les pays développés durant cette époque. Pendant ce temps, le président a décidé de réaliser son fameux monument dans l’illégalité totale.

Pour la réalisation de son fameux monument, Wade s’était approprié un terrain public occupant le promontoire le plus à l’ouest de la côte. Il voulait tout au début donner une partie de ce bien aux Nord-Coréens contre son monument. Il avait ensuite engagé une entreprise nord-coréenne pour la construction du monument pour un coût total de 35 millions de dollars, soit 16 milliards de FCFA au temps. Pour couvrir les coûts de construction, il fallait trouver les fonds, car notre budget, qui était insuffisant, ne pouvait pas s’en charger. C’est ainsi que le terrain près de l’aéroport a été approprié. Wade a alors engagé les services de Mbackiou Faye, un homme d’affaire et son ami, pour commercialiser le bien immobilier. Pour sa défense, Wade avait dit que ce sont les Nord-Coréens qui ont choisi Mbackiou Faye, mais c’est avec certitude que nous disons que c’est Wade qui l’a choisi.

C’est ainsi que Mbackiou avait vendu 12 hectares du bien au temps à l’IPRES pour 54 millions de dollars et avec le reste du terrain, le plan était de construire plus de 250 de résidences luxueuses, dont chacune serait commercialisée à hauteur de 300 000 dollars pour un total supplémentaire de plus de 80 millions de dollars. Tout était fait dans l’illégalité, car Wade avait mis la pression sur le Conseil d’Administration de l’IPRES pour faciliter la transaction.

Le 30 juin 2009, l’Union européenne avait envoyé une lettre au gouvernement pour remettre en question l’accord foncier. Ils n’ont pas compris pourquoi le gouvernement n’a pas profité de cette occasion pour générer plus de revenus au lieu de donner le terrain à Mbackiou Faye pour la commercialisation et ce dernier s’est fait du profit qui pouvait et devait aller dans les caisses de l’Etat. Le Sénégal était dans le droit de faire ce qu’il voulait en tant que nation souveraine, mais c’est inadmissible dans ce cas que le Sénégal demande un soutien budgétaire aux donateurs.

Le 9 juillet 2009, le Premier ministre du temps, Souleymane Ndéné Ndiaye avait répondu par une lettre pour défendre l’accord foncier. Il disait que le Sénégal n’avait rien fait de mal et que ce sont les Nord-Coréens qui avait choisi Mbackiou pour la commercialisation du bien immobilier. Il avait ajouté que le ministre de l’Économie et des Finances a été impliqué dans tous les aspects de l’accord financier. Le seul problème est que le ministre des Finances, Abdoulaye Diop, lors de la présentation du budget rectificatif à l’Assemblée nationale la même année, avait affirmé que son ministère n’était pas impliqué dans les négociations sur le bien immobilier. La vérité est que c’était Wade et son fils qui s’occupaient de tous les accords fonciers, et que les terrains dans les quartiers huppés de la capitale étaient gérés par la Présidence.

Wade avait alors affirmé que puisque le monument était son idée personnelle, il revendiquait des droits de propriété intellectuelle sur la statue. Il avait alors créé une fondation et avait dit que 35 % des recettes iront à la fondation sous forme de redevances. Il avait même nommé son fils, comme président du conseil d’administration de la fondation. Le but était d’utiliser ces fonds pour financer les Cases des Tout Petits qui était un autre projet dont les membres du gouvernement ont détourné des milliards de nos francs. C’est avec cet homme que l’actuel président du Sénégal s’est réconcilié. Si c’était à titre personnel, on n’aurait pas réagi, mais le fait qu’il veuille nous imposer un autre deal est une chose que nous n’accepterons point.

Enfin

Pour une décrispation de l’atmosphère politique, Macky Sall s’est réconcilié avec Abdoulaye Wade et a gracié Khalifa Sall. En tant que sénégalais, anciens camarades de parti et frères en religion, ils peuvent se reconcilier et cela n’engagera qu’eux, mais de là à vouloir nous imposer cette réconciliation, nous ne l’accepterons pas, car si le Sénégal est en retard, c’est à cause de la gestion des deniers publics de l’Etat de 2000 à 2012, et de 2012 à 2019. Nul ne peut imposer aux Sénégalais un candidat en 2024, que ce dernier soit amnistié ou créé de nulle part. Le banditisme financier et l’amateurisme budgétaire continuent toujours à nos jours et le Sénégal traverse des moments très difficiles, car les populations ne mangent pas à leur faim et ne se soignent pas convenablement. Ce gouvernement, qui n’a même pas pu assurer l’eau durant le Magal de Touba. Pensez-vous que les sénégalais s’occupent des détails de vos réconciliations, grâces et amnisties ? Travaillez et arrêtez de tout politiser !

Mohamed Dia

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