XALIMANEWS-La bataille est féroce et tous les coups semblent désormais permis. Depuis que le président sénégalais, Macky Sall, a annoncé, le 3 juillet, qu’il ne briguera pas un controversé troisième mandat en février 2024, la coalition politique formée autour de lui se déchire pour sa succession. Fait du prince, le choix du candidat qui devrait porter les couleurs de Benno Bokk Yakaar (BBY) lui revient. Mais aujourd’hui, plusieurs ambitieux tentent de s’imposer à lui. En coulisses, le climat est électrique et pointe la menace de candidatures indépendantes.
Pressenti pour être le premier choix du président en cas de renoncement, le premier ministre fait l’objet d’une campagne de dénigrement interne qui pourrait se résumer par un lapidaire : « Tout sauf Amadou Ba ». Ses détracteurs tentent de torpiller une candidature qu’il n’a jusqu’ici pas déclarée, dressant au préalable son procès en illégitimité. « Il n’a aucune base politique ! On ne veut pas de lui ! », tonne un cacique de l’Alliance pour la République (APR), le principal parti de la coalition. « Trop clivant ! Trop vieux pour parler aux jeunes ! », juge un autre, considérant que 62 ans, « c’est trop vieux quand l’âge médian des Sénégalais est de 19 ans ».
Aux yeux de ses adversaires au sein de BBY, Amadou Ba a beau avoir été élu député en 2022 à Dakar, il réduirait les chances de la coalition de se maintenir au pouvoir en 2024. Derrière cette levée de boucliers, certains mènent campagne en faveur d’autres figures du parti. Parmi elles, Abdoulaye Daouda Diallo, un proche du président, dont il a été le directeur de cabinet. Ancien ministre des finances, il est à désormais la tête du Conseil économique, social et environnemental. Ou encore Aly Ngouille Ndiaye, ancien ministre de l’intérieur, désormais chargé de l’agriculture. Ces deux personnalités bénéficient de solides alliés dans la coalition, mais leur poids politique est encore incertain.
L’embarras de Macky Sall
Ce front contre le chef de gouvernement, la présidence semble ne pas l’avoir anticipé. Attendue depuis près d’une semaine, la désignation du futur candidat est sans cesse repoussée ; signe, selon certains de ses proches, de l’embarras de Macky Sall. « Il a demandé à l’ancien président de l’Assemblée nationale Moustapha Niasse d’auditionner tous les candidats puis de lui faire un rapport. Sur cette base, il fera son choix », relate l’un de ses collaborateurs.
Parmi les reproches les plus récurrents formulés contre Amadou Ba figure son manque d’ancienneté au sein du parti. « Nous étions au côté du président Sall quand il vivait sa traversée du désert [après sa rupture avec le président Abdoulaye Wade (2000-2012)]. Dès 2007, nous l’avons accompagné pour créer l’APR et soutenir sa conquête du pouvoir. Il était où, Amadou Ba, à ce moment-là ? Son arrivée a été purement opportuniste », accuse un proche du chef de l’Etat.
En 2008, Amadou Ba occupait la direction générale des impôts et domaines, puissante institution de l’administration publique sénégalaise. En 2013, un an après son élection, Macky Sall l’avait propulsé à la tête du ministère de l’économie et des finances. Un poste capital pour gagner en influence au sein du parti. Au point de susciter l’inquiétude dans l’entourage du président, qui voit alors en lui « un pouvoir dans le pouvoir ».
« Le ministère de l’économie et des finances était devenu trop puissant aux yeux de Macky Sall. D’où la scission du portefeuille en deux entités en 2019. Pourtant, il y a cassé les codes en recrutant des personnes comme moi, qui ne sont pas passées par la haute administration. Avec lui, la compétence l’emporte sur tout », juge son ami et ancien conseiller technique Pape Amadou Sarr. Débarqué en avril 2019, Amadou Ba est alors transféré la tête du ministère des affaires étrangères. Le poste est prestigieux, mais sa nomination est vécue comme une rétrogradation, selon ses proches.
De ses années passées aux finances, où il a piloté les prêts pour des mégaprojets d’infrastructures comme le train express régional (TER), l’autoroute à péage ou le supercalculateur de Diamniadio, l’énarque a néanmoins élargi son réseau dans le monde des affaires et s’est façonné une image de technocrate rigoureux dans les capitales occidentales et parmi les bailleurs de fonds. « A Paris, Londres ou Berlin, sa candidature pourrait rassurer, car il est connu pour traiter ses dossiers avec sérieux, sous une approche d’abord technique avant d’être politique. Il est par ailleurs constructif dans ses échanges, loin du rapport de force », estime un acteur économique français.
« L’homme du consensus »
Jusqu’à ces dernières heures, Amadou Ba figurait donc en pôle position dans l’ordre de succession. Mais voilà que depuis mardi 11 juillet, un autre ténor, disparu de la scène politique depuis 2021, est rentré brusquement de Paris, où il était soigné, pour se lancer dans la course. Comme Amadou Ba, Mahammed Dionne a été premier ministre et a joué un rôle central dans la mise en place du Plan Sénégal émergent (PSE). Mais il a un atout majeur : « C’est un vrai fidèle de Macky Sall. Il l’a accompagné et soutenu tout le long de son ascension. On est dans un rapport d’amitié sincère. Macky Sall reconnaît ses compétences », explique Babacar Ndiaye, analyste politique au sein du cercle de réflexion Wathi, qui s’interroge cependant : « Est-il populaire auprès des Sénégalais ? Difficile à dire après ce long retrait. »
Dans ce contexte de rivalité exacerbée se pose inévitablement la question : Mahammed Dionne a-t-il été encouragé par les rivaux d’Amadou Ba ? « 2024, il y pense depuis des années. Maintenant qu’il est requinqué, il est prêt. Etre loin lui a permis de se protéger des querelles et d’apparaître comme l’homme du consensus. Il est plus introduit et pourra compter sur le soutien des cadres », juge un observateur, pour qui M. Dionne serait le choix de raison de Macky Sall : « Le président est sensible à son héritage. Qui de mieux que ce fidèle pour assurer la continuité de son travail ? »
Là où Mahammed Dionne apparaît comme « le bon soldat de Macky », Amadou Ba souffre d’une image de déloyauté. « Amadou est un homme réservé. Il a rasé les murs pour ne pas qu’on l’accuse d’avoir des ambitions présidentielles. Quand on l’accuse d’être proche d’Ousmane Sonko [il fut le professeur de l’opposant à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature], il ne se défend pas assez. Il n’est jamais monté au front pour défendre le président, même lors des émeutes de juin. Cette stratégie d’évitement permanent se retourne contre lui », déplore l’un de ses amis.
Macky Sall aura su maintenir autour de lui pendant plus de onze ans une coalition soudée par le partage du pouvoir et des postes qu’il confère. Aujourd’hui, l’espoir d’une candidature unique dans son camp s’amenuise. « Il est confronté à ce qu’il redoutait, c’est-à-dire une lutte de succession. C’est l’une des raisons pour lesquelles il a préféré garder longtemps secret son renoncement. Nul ne sait dans quel état la coalition sortira de cette lutte fratricide », conclut un élu de la majorité.
En choisissant de se prononcer sur son avenir à seulement sept mois de l’élection présidentielle, Macky Sall a préservé son poids politique jusqu’au dernier moment. Il laisse derrière lui un champ de bataille où les ambitions rivales de ceux qui l’ont servi s’affirment d’autant plus brutalement que le temps est compté pour obtenir le soutien présidentiel puis séduire les électeurs.
Le Monde
Aucun de ces soit disant candidats qui en realite seront des prete noms ne peut passer le premier tour lors des elections presidentielles si je prends la grande base electorale
Dakar Thies Ziguinchor Touba St-Louis Louga Mbour Kaolack Kedougou aucun ces messieurs Dione Ba Sarr Ndiaye Diallo ne peuvent gagner dans ces localites d’ailleurs ils sont inconnus mais ils n’ont plus le temps pour faire le tour de ces localites et se faire connaitre
Dakar est peut etre leur seule base electorale commune qu’ils ont perdu par deux fois
En plus il y a un grand rejet de la personne de Macky Sall et son regime sanguinaire et pourri je me demande qui prendra le risque de revendiquer son heritage