XALIMANEWS: L’élection présidentielle sénégalaise, prévue le 25 février 2024, amorce sa dernière ligne droite. A moins de 10 mois du scrutin, partis et coalitions de partis cogitent, s’activent. Bref, ça manœuvre de partout. Aussi bien du côté du pouvoir qu’au sein de l’opposition. De la candidature supposée ou réelle de Macky Sall à la quête de l’éligibilité de Karim Meïssa Wade et Khalifa Ababacar Sall en passant par les épées de Damoclès suspendues sur la tête de Ousmane Sonko, à cause des affaires juridico-judiciaires, et le retour supersonique de Idrissa Seck, sans occulter des candidatures en embuscade, la course au Palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor est déjà lancée. Sur fond de manœuvres tous azimuts !
Le compte à rebours, pour la présidentielle du 25 février 2024, est déjà lancé. Les Quartiers généraux des partis et/ou coalitions de partis affutent leurs armes. Chaque camp est à la recherche d’un meilleur candidat, capable de remporter la mise. En attendant le verdict des urnes, le temps est à la manœuvre.
La candidature Macky Sall : un suspense savamment orchestré
Inutile de se torturer les méninges. Macky Sall sera candidat de la coalition Bennoo Bokk Yaakaar (BBY). En grand stratège, le Chef de l’Etat a réussi à faire l’unanimité autour de sa personne. D’abord, il a réussi, d’une manière subtile, à installer un débat entre juristes qui ne sont jamais d’accord sur rien. Chacun y va de son interprétation de l’article 27 et de ses deux alinéas. Ce qui a poussé le président de la République à dire que «la question juridique est déjà réglée».
Autrement dit, son éligibilité ne souffre d’aucune ambiguïté, à ses yeux. Reste juste à faire avaler l’opinion publique ses dires et autres écrits. Il s’agit là de l’éthique et de la morale. Sur ce, il est et reste le seul maître de sa conscience. Se dédire à ses risques et périls ou bien renoncer à une troisième candidature pour installer le chaos dans son camp.
En véritable disciple de Machiavel, le président Sall ne pouvait espérer un tel scénario. Du délit d’ambitions qui a étouffé les velléités supposées ou réelles de certains cadres comme Amadou Bâ, Aly Ngouille Ndiaye et autres Mouhamadou Makhtar Cissé en maintien du «ni oui, ni non», Macky Sall a su manœuvrer subtilement pour installer une impasse dans sa coalition. «Laamu wedde taake» (on ne vendange pas un pouvoir, trivialement en langue Pulaar).
Au finish, il a obtenu l’effet recherché parce que ce serait presque suicidaire qu’un de ses lieutenants accepte de porter la candidature de BBY, à moins de 10 mois d’une élection présidentielle. Lui, non plus, ne devrait pas manquer de loyauté, en empêchant ou presque de préparer sa succession, pour ensuite laisser le pouvoir lui filer entre les mains. Ce ne serait pas du Macky Sall.
Ousmane Sonko, l’Hydre
Le régime a fabriqué un monstre à mille têtes, à l’image de l’Hydre de Lerne dans les 12 travaux d’Hercule. De leader syndical, Ousmane Sonko est devenu l’adversaire le plus redoutable du régime de Macky Sall. Surtout au niveau des urnes. S’il est arrivé 3ème lors de la dernière élection présidentielle, le président du Pastef a gagné en galons et a même réussi à mettre en ballotage la coalition Bennoo Bokk Yaakaar. D’abord, lors des élections locales où son simple passage dans un meeting suffit pour faire basculer le vote. Leader de la coalition de Yewwi Askan Wi (YAW), il a réussi à installer une cohabitation à l’Assemblée nationale. Une situation inédite qui a débouché sur le blocage de cette institution.
Sonko est devenu une patate chaude, pas seulement pour le Chef de l’Etat, Macky Sall, qui peine à trouver la tête de l’Hydre pour la tuer, mais aussi pour toute la classe politique sénégalaise. Un véritable phénomène qui a même réussi à séduire un intellectuel de la trempe de Boubacar Boris Diop. «Ousmane Sonko a atteint un niveau de popularité jamais égalé dans toute l’histoire du Sénégal», dixit l’écrivain. Qui ajoute, «Je suis assez âgé, j’en ai assez vu. J’ai vu Abdoulaye Wade, Abdoulaye Ly, ils étaient extrêmement populaires mais, là, cette adhésion quasi irrationnelle, il n’a même pas besoin de décliner un programme politique. On en a fait un martyr», a-t-il confié.
Désormais, tel Hercule, Macky Sall cherche sa tête pour la mettre à prix. Le «tout sauf Sonko» est en marche. Même Idrissa Seck manque de sincérité dans sa volonté de permettre à Ousmane Sonko de prendre part aux élections. Le risque est tellement énorme, le leader de Pastef semble être en avance sur ses adversaires. Personnage plus ou moins clivant, il tente depuis quelques temps de polir son image, arrimée à la violence, à l’invective etc. Son silence, plus que rare, en dit long sur sa nouvelle stratégie. Reste à savoir s’il sortira indemne des procès pour diffamation face à Mame Mbaye Niang (le 8 mai) et contre Adji Raby Sarr, pour viols répétés avec menaces de mort. Selon plusieurs observateurs, la déclaration de candidature ou non de Macky Sall dépendra de l’issue de ces procès.
Idrissa Seck, le phénix
Idrissa Seck a encore dribblé son monde, à qui il avait promis d’arrêter la politique à 63 ans. Ceux qui l’ont enterré, suite à son alliance avec Macky Sall et son intégration à la coalition Bennoo Bokk Yaakaar, ont aussi vite déchanté. Même son changement de «Tarikha» (Tidiane à Mouride) ne semble guère l’ébranler. Tel un phénix, Idy tente de renaitre de ses cendres. Courageux, grand tribun, maître dans la rhétorique, l’ancien Premier ministre espère enfin toucher le graal, après trois tentatives infructueuses : en 2007, 2012 et 2019.
Son avantage reste son courage. Il a été le premier allié à demander à Macky Sall de renoncer à un troisième mandat. Mais avec une subtilité qui ne froisse pas le Chef de l’Etat. Une rupture à l’aimable qui installe davantage de doute dans les têtes de Sénégalais, qui croient à un deal entre les deux hommes. Le cas échéant, ce serait la mort programmée de Idrissa Seck, qui est plus que jamais proche du but. Surtout si le dialogue lancé par le président Sall n’aboutit à rien. Khalifa Ababacar Sall, Karim Wade et Ousmane Sonko, tous out, l’ancien maire de Thiès deviendra de facto la seule voix du salut, pour l’opposition, face à Macky Sall dont la candidature semble irréfutable.
Khalifa Sall, la force tranquille
Sorti de prison, Khalifa Ababacar Sall avait fait profil bas. Le ton employé lors de sa conférence avait étonné plus d’un observateur. Mais, depuis quelques temps, l’ancien maire de Dakar s’est lancé à la conquête de la magistrature suprême. Qualifié d’homme d’Etat, calme et serein, il se garde pour l’instant d’entrer en conflit avec le Chef de l’Etat qui, seul, pourrait faire lever son inéligibilité. Son mutisme en dit long, d’ailleurs. Il se livre à des tournées pour redynamiser sa base politique, surtout à l’intérieur du territoire national notamment dans les zones rurales. Pour beaucoup d’observateurs, Khalifa Ababacar Sall pourrait être l’homme de la 3ème voie, entre le camp de Ousmane Sonko et celui du président Sall qui se regardent en chiens de faïence. D’autant plus qu’il n’écarte pas l’idée de travailler avec ses anciens camarades socialistes.
Karim Wade, la dernière roue de secours
Enfin, il y a Karim Wade. L’ancien ministre d’Etat, exilé au Qatar, continue de surfer sur la popularité de son père qui tire encore les ficelles pour son fils. Même s’il réclame la révision de son procès, pour se blanchir définitivement, celui qui était surnommé ministre de la Terre, de la Mer et du Ciel, à cause de son portefeuille, ne cracherait pas sur la révision du Code électoral. Son coup de pub, suite à son inscription sur la liste électorale en Turquie, ne fait de lui ni électeur encore moins éligible. Son camp et lui même en sont conscients. Dans ce méli-mélo, Karim Wade pourrait bien être la dernière roue de secours pour le maintien des Libéraux au pouvoir, pendant 50 ans, avait prédit son père Abdoulaye Wade. En 2024, ils auront fait 24 ans. Presque à un quart de siècle. Le rêve est donc permis !
Abdoulaye THIAM Sud Quotiden
On ne peut pas nous faire avaler la grosse pilule » la candidature du Président Maky Sall semble irréfutable » pour ne pas installer le chaos dans son camp. Ce pays ne leur appartient pas et ce n’est pas à eux de décider de la façon dont ils doivent quitter le pouvoir et qui doit les remplacer. La paix de Nation est bien plus importante que leur destin d’après pouvoir et l’intérêt National est bien au dessus de leurs intérêts personnels. S’ils ont bien géré le pays, ils devraient pas avoir peur d’être remplacé par qui que ce soit. Un élève du primaire peut nous expliquer cette phase simple et claire « Nul ne peut faire plus de 2 mandats successifs ». Pas besoin d’être juriste pour comprendre ça