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Prime à l’omerta. Par Malick Ndaw

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Dans la mafia, il va sans dire que la rupture de l’omertà est punie de mort, même des décennies après la sentence, s’il le faut. Cela implique notamment que le mafieux n’écrive jamais rien, sous aucun prétexte, sur Cosa Nostra.

Le Commissaire Cheikhna Keita a franchi le rubicond et voila qu’il en paie le prix, celui de l’agneau sacrifié, ainsi que le subodorait, il y a peu, Seydi Gassama « Sanctions disciplinaires ». Ce n’est qu’un euphémisme car le texte de la sentence des ministres du gouvernement a beaucoup insisté sur des sanctions disciplinaires « fortes » à l’égard du policier « récalcitrant » qui, comme il l’a clamé haut et fort, s’est refusé à la compromission, voire à la complicité, persuadé que se taire c’est prendre position.

Or, dans toutes les organisations « mafieuses », l’omerta est bien plus qu’une injonction à se taire, plus même qu’une loi du silence ; c’est une véritable manière de vivre, une culture – l’élément central de la vision mafieuse du monde-, pétrie de méfiance et de mystère. Le secret impose de réprimer sa curiosité sur les faits illicites, au sujet desquels il est interdit de poser des questions. Il implique de tenir cachés les réseaux particuliers par lesquels on peut influencer les juges, la police, le monde politique bref, la société.

Cela signifie une mentalité empreinte de discrétion, de silence et de méfiance.

C’est comme cela que l’édifice « mafieux » tient debout. Par la fragmentation obligatoire, systématique et constante de l’information qui irrigue l’honorable société et ne doit jamais, sous peine de mort immédiate, filtrer hors de la mafia. Or, en optant de briser le silence, ouvrant ainsi les yeux du monde sur un univers traditionnellement hermétique, presque ésotérique et qui a toujours affiché l’image policée de la cathédrale du juste, le Commissaire Keita dévoile pourtant la possibilité du choix de dire non, une autre véritable manière de vivre, une culture… politiquement incorrecte. Il en fait les frais.

Dans la police, on préfère l’omerta plutôt que de voir dénoncer publiquement les abus de pouvoir, la corruption, les trafics… Raison d’Etat ?

Quant au chef de la Police nationale, le Commissaire divisionnaire Abdoulaye Niang, la sentence gouvernementale le soustrait momentanément de son poste de Directeur général de la Police Nationale tout en lui conservant galons et uniforme et qui plus est dans un souci de le « mettre à l’aise ». Mieux, pour lui permettre de préparer sa défense afin de se laver de la boue nauséabonde qui l’a éclaboussé. Il s’en sort plutôt bien.
Quoi qu’il en soit, l’affaire semble être déjà jugée tandis que le Chef de l’Etat a ordonné la poursuite des enquêtes judiciaires engagées par le Procureur de la République.

La République, justement. Elle vacille ici dans ce qu’elle a de plus fondamentale : la participation des citoyens à leur propre destinée. De là découlent une morale et une politique, matérialisées dans le projet humaniste reposant sur les considérations essentielles d’égalité, d’élévation de l’homme qui est le but ultime de toute action et l’acte librement délibéré qui doit toujours être préféré à celui qui serait accompli sous la contrainte.

En déniant ce droit au citoyen Keita, quelles que furent les motivations de ce dernier, c’est un fondement de la République qui est ainsi sapé et les vrais coupables sont ceux-là qui, en toute connaissance de connaissance et durant tout ce temps, ont opté pour l’Omerta et mis l’ « affaire » sous le coude. Mais le ver est déjà dans le fruit et la Police, quelle que soit l’issue de cette affaire, ne sera plus regardée pareil.

1 COMMENTAIRE

  1. Cela semble passer par-dessus la tête de bons nombre de nos observateurs et hommes politiques de notre pays, mais je trouve inadmissible que le Sénégal ait du mal à mettre au pas une bande de trafiquants étrangers semer la zizanie jusque dans le Corps de la Hiérarchie policière!
    Ces trafiquants n’évoluent pas dans le désert du Kalahari, ni dans celui du Nevada, mais dans un rayon de moins de vingt kilomètres à partir du centre-ville de notre Capitale.
    Depuis PLUS DE VINGT ANS, ce trafic et la facilité avec laquelle les Nigérians opéraient dans la Région de Dakar et jusqu’à Saly station balnéaire était devenu un secret de polichinelle dans beaucoup de cercle de Dakar, mais par crainte de représailles supposées possibles, de prétendus bons patriotes ont fermé les yeux, et pire, ont même accepté de prendre un verre avec ces malfaiteurs.
    Ce temps doit être révolu et j’espère que madame Anna Sémou Faye mettra tout en œuvre dans les mois qui viennent pour traquer et mettre entre les mains de dame justice tous ces trafiquants qui rêvent de faire de notre Pays, leur base commerciale.
    Le Sénégal doit corser d’avantage sa législation anti-trafic de drogue à l’image de ce qui est fait en Gambie, grâce à la fermeté du Président Yaya Diammeh qui n’est pas homme à se laisser impressionner par ces bandits qui savent jusqu’où ne pas aller avec lui!
    Allez en Gambie, vous y constateriez que ces bandits et autres trafiquants d’enfants mendiants n’y sont plus depuis des années, et il ne leur reste maintenant le Sénégal, grand pays de la « Téranga » et du laxisme !

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