LE QUOTIDIEN – Six malades du cancer seront évacués dans la semaine vers le Maroc. C’est une méthode palliative après la panne de la machine de radiothérapie dont le renouvellement est prévu dans au moins 6 mois. Patience !
Les malades du cancer doivent prendre leur mal en patience. La panne de l’appareil de radiothérapie de l’hôpital Aristide Le Dantec va continuer à hanter leurs nuits noires d’inquiétude. Awa Marie Coll Seck informe que la machine de radiothérapie, dernière génération, commandée par le Sénégal ainsi que le bunker en construction pour son installation seront prêts dans six mois. C’est presqu’une éternité même si les autorités essaient de faire bonne figure dans la gestion de cette affaire.
«Nous avons négocié avec nos partenaires pour qu’ils raccourcissent ce délais de six mois et accélèrent les choses. On a aussi d’autres filières que nous sommes en train d’approcher parce que plus vite on l’aura quelque part, mieux ce sera. Le président de la République est prêt à affréter un avion pour que l’appareil arrive vite au lieu de passer par un bateau», a expliqué le ministre de la Santé et de l’action sociale. L’appareil de radiothérapie, a précisé le ministre de la Santé, va coûter entre un milliard 200 millions et un milliard 400 millions Cfa.
«Mais l’essentiel, c’est que nous sommes en train de tout faire pour avoir un appareil de radiothérapie de bonne qualité», a-t-elle dit. Le ministre de la Santé essaie de cacher les failles de son département dans la gestion de cette affaire qui a provoqué une panique et nécessité une implication de plusieurs segments de la société. Elle prie pour que cette période de panique entraînée par la panne de la machine de radiothérapie soit rapidement dépassée. «Tout Etat dans sa progression peut avoir des hauts et des bas, mais cela ne remet pas en question la tendance vers le progrès et la prise en charge des malades», estime-t-elle.
Dans sa plaidoirie, le ministre estime que cet épisode de panne de l’appareil aura permis de faire travailler tout le monde pour trouver des solutions. Aux médias, Mme Seck appelle à faire passer la bonne information et de faire baisser l’émotion, la pression et le stress. Juste ça ?
Deux radiothérapeutes pour tout le pays
Cette panne a permis de lever le voile sur la gestion de cette pathologie qui ronge des centaines de personnes. A ce jour, il est impossible de savoir le nombre annuel exact de malades de cancer au Sénégal à cause de l’absence de registre. Alors que celui-ci mettrait tous les spécialistes et les médecins dans l’obligation d’enregistrer tous les cas qu’ils reçoivent. Néanmoins, le pays est en train de mettre en place ce document qui est déjà effectif dans dix structures de santé de Dakar et qui va être élargi aux différentes régions afin d’avoir des statistiques claires sur le nombre de patients traités chaque année. «A ce jour, tous les chiffres sont juste des estimations que nous tenons du Centre international de recherche contre le cancer», indique Macoumba Gaye.
Pis, le Sénégal ne dispose que deux radiothérapeutes. Par contre, l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar a validé une formation dans cette spécialisation et le ministère de la Santé s’est engagé à accompagner les premiers candidats que le comité pédagogique aura acceptés. «Quatre dossiers sont validés et les candidats vont démarrer la formation la semaine prochaine», avance le ministre de la Santé.
Ces révélations ne vont pas désenfler la polémique qui entoure cette affaire. En attendant l’acquisition d’une nouvelle machine, tous les malades nécessitant une radiothérapie et qui sont sélectionnés par le comité scientifique installé à cet effet seront acheminés au Maroc ou dans d’autres pays. Après les trois malades qui ont rallié ce royaume la semaine dernière, six autres y seront évacués dans la semaine, selon Awa Marie Coll Seck. Leurs frais médicaux (minimum 3 millions Cfa) ainsi que les billets d’avion, l’hébergement, l’argent de poche et les frais de mission du médecin sont entièrement pris en charge par l’Etat, d’après le ministre de la Santé et de l’action sociale.
Selon le Pr Macoumba Gaye, chef du service radiothérapie de l’hôpital Dalal Jamm de Guédiawaye, les patients ne seront pas accompagnés par des proches. «Les patients seront dans d’excellentes conditions. Ils sont pris en charge dans des hôpitaux de référence. Ils seront reçus par les autorités de l’ambassade du Sénégal au Maroc et assistés par des associations de Sénégalaises sur place. Pour le voyage, ils seront accompagnés par un médecin ou un membre de l’équipe soignante ou de l’hôpital Le Dantec ou Dalal Jamm», a expliqué Pr Gaye hier en conférence de presse. Bref, les autorités ont oublié que «la santé et la raison sont les deux trésors de l’humanité», comme le dit un proverbe grec…