Le président de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), Henry Grégoire Diop a déclaré, le mardi 10 février dernier, à la suite de l’audition de Cheikh Tidiane Ndiaye, administrateur de la société Anmédia, les débats clos dans le cadre du procès d’enrichissement illicite opposant le fils de l’ancien chef d’Etat et ses cinq coprévenus à la Crei. Car la «Cour a fini d’auditionner tous les témoins cités dans cette affaire».
Cette décision ouvre une nouvelle étape dans le déroulement de ce feuilleton judiciaire qui a démarré depuis le 31 juillet dernier. En effet, elle marque la fin de la première phase consacrée à la comparution devant la barre de cette cour des 91 témoins cités dans ce dossier, mais aussi l’entame de la phase des plaidoiries, ultime étape de ce dossier avant le verdict de la Cour. Toutefois, il faut rappeler que sur les 91 témoins cités à comparaitre devant la barre de la Crei, tous n’ont pas répondu présents devant cette Cour. Pour cause, le président de la Crei à lui-même donné la raison le mardi dernier quand il a annoncé la suspension de l’audience. «La Cour a fini d’auditionner tous les témoins cités dans cette affaire. Certains n’ont pu comparaître, à cause de leur état de santé, au moment où d’autres sont hors du Sénégal. Il faut dire que leur témoignage n’a pas une importance particulière pour la manifestation de la vérité».
Parmi les témoins qui se sont présentés à la barre, certains, de par leurs relations avec le principal accusé, Karim Wade où encore leurs anciennes fonctions à la tête de l’Etat sous le régime de Wade, ont retenu l’attention de plus d’un.
Me Patricia Lake Diop
Appelé à la barre, la notaire s’est illustrée par ses tergiversations. Tantôt, elle reconnait avoir a été sollicitée par le fils de l’ancien président de la République, tantôt, elle soutient le contraire. Interpelée dans le cadre de la création des sociétés : Ahs Sa, Istar Immobilier, Cd Média, Terra Vision, elle commence par dire que Karim Wade n’a jamais créé de sociétés dans son cabinet, avant de reconnaitre que Wade fils l’a plutôt recommandé à des gens qui sont venus créer des entreprises. Aux questions de la cour, ses réponses se résument à : «Je ne me souviens pas ; si mes souvenirs sont exacts ; je pense… Je ne suis sûre de rien». Cette attitude a fini par pousser les avocats de Karim à la taxer de témoin de la partie civile.
Me Tamaro Seydi
Contrairement à sa collègue, Me Tamaro Seydi s’est illustrée beaucoup sereine lors de sa comparution devant la barre de la Crei. L’ancienne camarade de classe de Karim Wade n’a pas varié une seule fois dans ses déclarations face à la pluie des questions qui lui sont adressées lors de son face à face. «Jamais ! Dans mon registre, ni le nom de Karim Wade ni celui de Mamadou Pouye n’y figurent. Aucun d’entre eux ne m’a demandé de constituer une société pour lui », indique-t-elle. Cependant, elle a toutefois précisé avoir sollicité l’aide de Karim pour gagner le marché de Dp World après qu’une de ses collaboratrices lui a dit qu’elle risquait de perdre ce client qui estimait son tarif trop élevé.
Abdoulaye Diop, ancien ministre de l’Economie et des Finances sous régime de Wade, témoin à décharge sur le plan takkal
Le passage de l’ancien ministre de l’Economie et des Finances, Abdoulaye Diop devant la Crei comme témoin dans le cadre du montage financier du plan takkal a été aussi très attendu. Considéré comme un témoin à décharge, Abdoulaye Diop a tenu à préciser qu’il n’a jamais accordé de faveurs pour l’octroi de marchés ou de baux à l’ancien ministre Karim Wade. «Je n’ai jamais été au courant d’un quelconque cas de corruption le concernant. Karim Wade était une personne correcte, qui s’est beaucoup investie pour son pays». S’agissant du plan Takkal, l’ancien ministre de l’Economie et des Finances révélant avoir passé beaucoup de temps avec l’ancien ministre à chercher des financements pour sa réussite, précise que «Karim n’a jamais géré les fonds provenant des financements. Il n’a jamais été ordonnateur de crédit du fonds de l’énergie. Il n’a géré aucun marché du plan Takkal».
Bara Tall, président directeur général de Jean Lefèvre Sénégal (JLS) sur la société Dahilia
Annoncé comme un témoin à charge contre Karim Wade, le Pdg de l’entreprise Jls a blanchi le fils de l’ancien chef de l’Etat dans la constitution de la société Dahlia Sa, lors de son audition. Devant la Crei, il a assuré que le «nom de Karim Wade ne figure pas dans les actes constitutifs de la société Dahlia Sa». Selon lui, cette société a appartenu à Karim Wade, Bibo Bourgi et à lui (Bara Tall, Ndlr). Cette déclaration est contraire à celle tenue auparavant par Souleymane Sy devant cette cour. En effet, ce dernier lors de sa comparution avait soutenu que 98 % des actions de Dahlia Sa appartiennent à Dahlia Corporate, une société de Bibo Bourgi qui serait un prête-nom de Karim.
Mamadou Seck et Papa Diop
A cette liste, il faut également y ajouter le nom des deux anciens présidents de l’Assemblée nationale : Mamadou Seck, Papa Diop appelés respectivement dans le cadre des sociétés Airport handling services (Ahs) et Senegal Handling Services (Shs) sociétés concurrentes pour le premier nommé et Anmédia pour le dernier.
Devant la barre, le dernier président de l’Assemblée nationale du régime de Me Abdoulaye Wade qui témoigné en sa qualité d’ancien ministre des Infrastructures et des Transports, a assuré que c’est Karim qui lui a présenté Mamadou Pouye et Eli Manel Diop pour l’obtention des agréments pour ces deux sociétés.
Pour sa part, l’ex maire de Dakar a démenti l’ancien directeur général de Canal info, Cheikh Tidiane Ndiaye qui avait déclaré que Karim Wade était impliqué dans le montage financier du groupe de Presse AN média. Car selon lui, la réunion du conseil d’administration s’était tenue chez Pape Diop en présence de Karim Wade. Devant la barre, le leader de Bokk guis guis a assuré que c’est lui qui a donné la somme de 50 millions, suite aux instructions du Président Wade, à Cheikh Tidiane Ndiaye le jour de leur première rencontre. Précisant que cet argent provenait provenaient de la caisse du parti démocratique Sénégalais, il assure que cet argent devrait servir á l’achat de la fréquence de Canal.
Sud Quotidien via Seneplus