S’être acoquiné avec Karim Wade et se retrouver à témoigner dans son procès pour enrichissement illicite présumé fait sans doute perdre le sommeil à n’importe quel dur à cuire.
Appelés à la barre du tribunal de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), les témoins ou complices présumés rivalisent d’ardeur à se tirer d’affaire. Certains, aux moyens du dilatoire (à l’instar de l’homme de main Victor Kantoussan), tentent vaille que vaille de laver plus blanc que neige leur ex ou encore patron Karim Wade. D’autres, arguant de dire les « faits, rien que les faits » (à l’exemple du journaliste et communiquant Cheikh Diallo), « enfonce » le prévenu.
Mais l’exercice de loyauté ou de déloyauté à celui qui a été le bienfaiteur – même au prix d’entourloupes morales – est contrebalancé par une volonté d’être quitte avec sa conscience. Conscience vis-à-vis de la justice, in fine de la société, auxquelles on doit vérité (la notaire Patricia Lake Diop, chez qui nombre de sociétés en question ont été légalisées), après s’être joué de ses principes légaux et éthiques.
Mais, dans l’obsession de s’éviter une mauvaise conscience, tous ont été plus moins confondus de contradictions dans certaines réponses de la cour, des avocats (partie civile et défense). Aucun ne sortira pas de toute façon indemne de ce procès. Et tout le monde devra méditer ces vers de Baudelaire dans les Fleurs du mal : « […] Nous alimentons nos aimables remords, Comme les mendiants nourrissent leur vermine. Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches ».
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