En faisant état de la fiabilité du fichier électoral, à mi-chemin des travaux d’audit, le pouvoir est-il allé trop vite en besogne ? L’opposition, qui décrypte déjà un faux jeu, répond par l’affirmative. Des conclusions de la conférence des leaders de Bennoo Siggil Senegaal (BSS), il ressort que le document ne sera jamais crédible « tant que les 108 recommandations des auditeurs ne seront pas intégrées ». A l’issue de leur réunion d’hier, Ibrahima Sall, président les travaux du jour, a par ailleurs évoqué d’autres « nids de fraudes » décelés par BSS.
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A quelques mois de la présidentielle de 2012, le fichier électoral peine toujours à réunir tous les suffrages. Du coup, les chances de succès autour d’un consensus sur ce document sont de plus en plus proches de zéro. Aussi, le désaccord entre le régime et l’opposition, risque-t-il de perdurer tant les 108 recommandations des auditeurs ne seront pas pris effectives. Visiblement occultée par le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, évoquant la « fiabilité » du fichier électoral, la prise en compte de ces recommandations est plus que jamais, une condition sine qua none pour Bennoo, avant toute approbation de crédibilité. C’est que Me Ousmane Ngom n’aurait pas abordé les véritables questions de l’heure. Car, de l’avis du président du Model, là où le bât blesse c’est au niveau de ces 108 recommandations. BSS explique ainsi sa position : « Les auditeurs ont publié pré rapport accompagné de 108 recommandations qui ne sont pas pris en compte par le pouvoir ». En outre, cette méprise est aggravée par le million d’électeurs flottants dont faisait état l’ancien président de la Cena, Moustapha Touré. En effet, malgré son intégration dans l’agenda des auditeurs, cette question n’est toujours pas vidée, tout comme les 21% d’électeurs inscrits sur les listes et qui « n’ont pas d’adresse identifiable », révèle le président du Model.
Une abondante source de « fraudes »
Dans la même veine, le président du Model a pointé un doigt accusateur sur le régime qui, à travers l’implantation des audiences foraines pour l’inscription sur les listes électorales, cache mal ses velléités « frauduleuses ». A cela, Ibrahima Sall ajoute « la non fiabilité de l’état civil et de la biométrie, la rétention des cartes d’électeurs dans les communautés rurales gagnées par Bennoo », moyens de « fraudes massives » lors des prochaines joutes électorales. Plus grave encore selon Bennoo, le comité de veille chargé de sécuriser le processus de l’audit n’est toujours pas fonctionnel ; et pour cause. Wade « refuse » de nommer son président, malgré les propositions de l’opposition dans ce sens. Et, renouvelant cette « exigence » BSS l’assimile à une garantie du respect des conclusions des auditeurs, gage de la crédibilité du fichier et du processus électoral Sénégalais. Pour le président du Model, « tant que le président de ce comité n’est pas nommé, le fichier audité peut être substitué à tout moment ».
Haro sur le projet de découpage administratif
Le projet de découpage administratif entrepris par le chef de l’Etat a également été au menu des discussions des leaders de BSS. Sur le sujet, Ibrahima Sall et ses camarades exigent « l’arrêt immédiat de cette entreprise ». Aussi, la conférence des leaders de Bennoo en a également appelé à l’arrêt de « l’accaparement des médias d’Etat par le régime à quelques mois des élections ». En clair, Ibrahima Sall a demandé à ces médias de cesser « l’apologie du régime à travers leurs supports ». Enfin, abordant la vie de Bennoo, Ibrahima Sall a fait savoir que la coalition dont son parti est membre va « renforcer ses rapports et harmoniser ses positions avec le bureau des Assises nationales, notamment sur la question du projet de constitution ».
Mansour NDIAYE
loffice.sn