En réponse à des jeunes militants de l’Apr qui ont sévèrement pris à partie certains de ses ministres, samedi dernier, lors du lancement des activités de la Convergence des cadres républicains (CCR) du département de Fatick, Macky Sall a annoncé hier, mardi, le lancement d’un nouveau programme visant la création de 30.000 emplois d’ici la fin de l’année 2013 et, éventuellement de 300 000 avant qu’il ne boucle son quinquennat. Sans en définir les modalités, les moyens, les types d’emploi proposés…
Moins d’une semaine après avoir lié le maintien à leur poste des directeurs d’agences et de sociétés nationales à leur implication sur le terrain politique local, le chef de l’Etat et non moins président de l’Apr semble s’exercer à un exercice périlleux, note-t-on. A défaut de sombrer dans un populisme sans qualificatif, comme au bon vieux temps du régime libéral et en déphasage avec la « rupture » tant vantée, Macky Sall ne serait-il pas déjà en campagne électorale, avec les Locales qui se profilent à grande vitesse, une campagne toutefois déguisée ?
Le Président Macky Sall serait-il en train de faire comme son prédécesseur Me Abdoulaye Wade qui excellait dans les promesses mirobolantes, jamais exaucées, ou aurait-il tout simplement foi absolue en son programme de redressement économique (Yoonu Yokkuté) du Sénégal ?
La question mérite bien d’être posée, dans la foulée de l’engagement pris par le chef de l’Etat hier, mardi 12 février 2013, devant les jeunes de Fatick. De passage dans sa commune (centre ouest du Sénégal), en partance pour la région de Kaolack, le président de la République a annoncé le lancement d’un nouveau programme visant la création de 30.000 emplois d’ici la fin de l’année 2013, compte non tenu des 5.500 agents qui seront recrutés dans la Fonction publique. Allant même plus loin, Macky Sall a indiqué qu’ « En procédant ainsi, nous avons en vue la création de plus de 300.000 emplois dans le cadre de notre quinquennat ». Les milliers et milliers de travailleurs non actifs, de chômeurs et de sans-emploi sauront apprécier. Quoi qu’il en soit, force est de reconnaître que le Président Macky Sall persiste et signe dans sa conviction de prendre, à bras le corps, la question du chômage et du sous-emploi endémiques de la jeunesse sénégalaise. S’en donne-t-il les moyens matériels, techniques et financiers, est-on cependant tenté de se demander ?
Et pour cause, le recrutement des 5500 agents de la Fonction publique, annoncé à l’occasion du discours à la nation du 31 décembre dernier, avait accouché d’une souris. Sur l’effectif prévu des 5500 agents, plus de 3000 postes étaient dévolus à l’armée, à la gendarmerie, à la police et autres services galonnés. Certainement pour des raisons sécuritaires dans un cadre géostratégique sous menace terroriste ( Djihadistes au Mali et dans la sous région). Cette annonce trompe-l’œil, d’une certaine façon, a laissé bien de chômeurs sur leur faim. Alors de là, à parler d’un programme devant générer une trentaine de milliers d’emplois avant fin 2013, il y a tout un univers « masqué » que les demandeurs d’emplois et non actifs du Sénégal auront de la peine à cautionner.
L’autre hic que suscite l’annonce du Président est certainement lié au contexte. Macky Sall a fait part de son programme des 30000 emplois avant la fin de l’année devant de militants (en majorité des jeunes) de l’Alliance pour la République (Apr) à Fatick. Une ville où ses ministres ont été sévèrement pris à partie, samedi dernier, lors du lancement des activités de la Convergence des cadres républicains (CCR) du département de Fatick par des jeunes mécontents de l’action gouvernementale dans leur zone et de leur marginalisation dans le partage du gâteau présidentiel. « Je comprends la détresse de cette jeunesse, je comprends son message. Et j’ai été très surpris lorsque j’ai appris ce qui s’est passé, samedi dernier. Mais, très vite, j’ai compris que votre cri de détresse était une sorte de rappel en matière d’emploi, mais surtout que vous souhaitiez une plus grande présence des responsables politiques », a notamment affirmé le chef de l’Etat.
Macky Sall se serait-il engagé tout simplement pour calmer l’ardeur de ces jeunes militants en rogne contre ses ministres ou bien… ? En tout cas, force est de reconnaître que la sortie circonstanciée du Président de l’Apr, à Fatick, peut rappeler bien des pratiques récusées par la « rupture » tant louée par le nouveau régime. Du temps de l’ancien pouvoir, Me Abdoulaye Wade excellait ainsi dans les déclarations populistes sans effet de lendemain.
Les populations lasses d’attendre des promesses jamais matérialisées, en butte à la détérioration de leur qualité de vie et à une gouvernance problématique de leur Etat, avaient tiré les rideaux sur le « théâtre » libéral, un certain 25 mars 2012. Reste à savoir si Macky Sall qui pose de plus en plus d’actes, en perspective de 2017, saura montrer qu’il est bien d’un autre acabit en concrétisant son programme de 30000 emplois avant la fin de l’année et de 300 000 postes de travail avant de boucler son quinquennat !
sudonline.sn
J’avoue avoir quelques convergences avec monsieur le Président de la République et avec son gouvernement dans la manière de gérer notre pays, mais je lui rappelle ces quelques mots d’un grand homme d’Etat Français : » Il faut écouter beaucoup et parler peu pour bien agir au Gouvernement d’un Etat » – R I C H E L I E U ( 1766 -1822) .