Proposer Une Alternative Politique Véritable Aux Alternances Politiciennes
Abdou Ndukur Kacc Ndao
Socio-anthropologue
2016 se profile inéluctablement à l’horizon. Moment de bilan sans doute. De projections vers l’avenir, incontestablement. UN BILAN qui permet d’observer les mêmes reliques de régimes qui se succèdent en gardant la même nature de classe. Des régimes – de Senghor à Macky en passant par Diouf et Wade – arrimés à un système néocolonial prédateur de nos ressources nationales. Une responsabilité évidente des élites politiques qui dirigent un pays loin des enjeux scientifiques, technologiques, culturels d’une modernité de compétition et de compétitivité. Un pays qui n’a pas encore crée son premier moteur mais qui a produit des juristes toujours prompts à discuter de la pertinence d’un mandat présidentiel. Un espace public parasité assez souvent par des débats politiques stériles. L’économie, notre ancrage au monde, nos perspectives pour les 50 prochaines années peuvent attendre, le temps que les tonitruants députés du prince finissent leurs invectives. 2015 se termine avec toujours et encore cette minorité politique de la conglomération des initiés qui imprime aux majorités sociologiques silencieuses, parfois complices, sa cadence et ses aspérités. Une majorité sociologique qui sait démettre des présidents sans aucun doute, mais manifestement qui ne sait toujours pas distinguer le grain et l’ivraie, le vrai patriote et les candidats fantoches toujours arrimés au grand capital tentaculaire et destructeur de notre progrès économique et social. Sans doute, l’avenir à moins d’un profond sursaut patriotique nous produira les mêmes profils de dirigeants sans leadership politique et sans vision conforme aux défis de nos temps. Le bilan ne peut être exhaustif. Cependant, les aspects sus mentionnés sont d’une terrifiante vérité.
DES PERSPECTIVES s’imposent d’elles-mêmes. Si notre pays a accompli un pas de géant en réussissant des alternances, il est pour le moment incapable de construire une vraie alternative. Pourtant, au-delà des déceptions d’une majorité sociologique silencieuse voire aphone, il existe encore des patriotes très imbus de l’intérêt national aux capacités techniques, scientifiques, politiques avérées. Il reste que le discrédit des politiques les a rejetés aux périphéries des sphères de décisions, de concertations, et même d’expressions tout court, et a fini d’émousser leur capacité et leur engagement militants. Ils cherchent un espace politique novateur capable de proposer une véritable alternative. Ils cherchent à faire la politique autrement en la fondant sur l’éthique, la citoyenneté, la défense de nos ressources nationales comme base de notre indépendance nationale.
Ces patriotes scrutent avec inquiétude l’émergence d’une formation politique fondée sur une éthique loin d’un condensé de vœux et de profession de foi. Une formation qui peut déjà s’appuyer sur un existant institutionnel en vue de réfléchir sur des procédures toujours renouvelables et adaptées de modernisation d’un Etat de rupture et de renouveau. Une formation capable de sortir de l’élitisme désincarné capable de permettre la contribution de tous les fils et toutes les filles de ce pays sans distinction à l’édification d’un développement patriotique. Ces patriotes sont demandeurs d’une formation politique qui met le citoyen au cœur de la République. Il faudra réfléchir sur les mécanismes pour ratisser large en vue de bâtir une opinion publique influente et respectée. La citoyenneté c’est aussi mettre l’acteur rural et urbain au centre du débat public national. Une citoyenneté inclusive. Une citoyenneté de propositions. Ces patriotes qui exigent des pouvoirs politiques dirigeants un renversement de paradigme fondé sur la défense intransigeante de nos ressources nationales comme base première de notre développement économique. Notre sous-sol est immensément riche, mais nous semblons incapables de l’exploiter judicieusement dans un partenariat gagnant privé-public. La nationalisation des ressources ou de ses structures rentables dont l’adoption opportune relèvera sûrement de l’avis d’experts mieux outillés, peut être une hypothèse de travail.
VOILA LA VRAIE ALTERNATIVE. Il faudra sans doute réfléchir sur le comment dans un contexte où les multinationales sont spécialisées plus que les terroristes à déstabiliser nos pays qui veulent s’engager dans cette véritable voie de développement. Pour cela, il faudra mobiliser nos ressources intellectuelles et techniques pour bâtir une vision, un programme et des mécanismes d’inventaire de nos ressources nationales dans un contexte marqué par des découvertes importantes en matière minière et pétrolifère. 2016 est à nos portes. Face au bilan décevant des élites politiques actuelles et au désengagement généralisé des autres majorités sociologiques, il faut trouver un instrument pour porter cette alternative. Alternative sur laquelle, nous aurons l’occasion de revenir tout au long de cette année. En attendant, une posture conséquente s’impose. Il faut prendre la citadelle de l’assemblée nationale qui reste – malgré tout – un élément important du dispositif stratégique de conquête du pouvoir politique. Nous irons voir des cercles divers de notre nation pour les rallier à cette nouvelle vision. Qu’ils proviennent de la classe politique, civile, religieuse…
Bonne et heureuse année 2016
Abdou Ndukur Kacc Ndao