Publication de son premier rapport public: Quand l’Ofnac s’en tient à des constats simplistes et des vœux pieux !

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Porté sur les fonts baptismaux en 2012 par la loi n° 2012-30 du 28 décembre 2012, l’Office National de Lutte contre la Fraude et la Corruption ( OFNAC) avait, en son temps, fait trembler plus d’un. Rien que l’évocation de l’acronyme rendait frileux certains tenants du pouvoir allergiques à la reddition des comptes. N’eut été la détermination de la tonitruante magistrate et non moins patronne de l’Ofnac Madame Nafissatou Ngom Keita, de nombreux ministres se seraient volontiers soustraits à l’obligation de déclaration de Patrimoine prescrite par la loi. Les détracteurs de la corruption et thuriféraires zélés de la bonne gouvernance avaient certainement espoir que cette nouvelle institution, telle une oraison funèbre, sonnerait le glas des pratiques corruptives au Sénégal, du moins en baisserait drastiquement le niveau.

La patronne de l’Ofnac a procédé hier à la publication de son premier rapport public 2014-2015 qu’elle a présenté avec toute la solennité qui sied. Ceux qui s’attendaient à un rapport accablant, documenté et chiffré tel que ceux de l’ARMP et de la Cour des comptes peuvent encore attendre.

Autant la patronne de l’Ofnac nous a gavé de chiffres en parlant du nombre de personne que son institution a sensibilisé ( 70.000 cibles), autant elle a été muette sur les chiffres donnant une idée précise sur les pratiques corruptives et des tortuosités dans la gestion de l’administration. A titre d’exemple, le rapport de l’ofnac révèle que dans le domaine de l’éducation, les enquêtes ont mis en exergue des infractions de faux et usage de faux dans des documents scolaires, notamment les relevés de notes. Les éléments recueillis montrent l’implication dans ces faits d’élèves et de responsables d’établissement.

Au niveau de la gestion des œuvres sociales, les investigations menées ont relevé des pratiques aux antipodes des règles d’exécution des dépenses publiques, et des indices graves et concordants de détournement de deniers publics et d’escroquerie portant sur des deniers publics ont été recueillis.

Dans le domaine de la santé, les services de Nafi Ngom Keita ont relevé des pratiques de détournement de malades d’une structure publique vers un cabinet médical sur fond de corruption. Ces pratiques placent les usagers du service public dans une certaine insécurité, l’orientation vers la structure d’accueil ne mettant pas en avant l’efficacité et les besoins du malade.

Les hôpitaux et les écoles où ces pratiques prohibées sont supposées avoir eu lieu ont bien des noms. Aucune réponse aux questions :» Qui a fait quoi ? Comment? Où? Quand?» alors qu’on parle d’une institution qui a mené des enquêtes approfondies. Il est fort regrettable qu’une institution dotée de tous les moyens et accompagnée par l’Etat ne puisse nous servir que de simples constats que même le sénégalais le plus mal informé n’ignore pas.

Bref, en lieu et place d’informations précises, le rapport ne fait que dire ce que le commun des sénégalais pense. Il ressort des informations recueillies dans lesdits rapports que la corruption demeure une réalité prégnante dans les affaires publiques. Qui ne le sait pas?

Il est heureux que des instituions soient mises en place pour que la bonne gouvernance soit une réalité dans notre pays, mais encore faudrait-il que la matérialisation des objectifs de ces instituions se fasse avec intelligence. On attendait plus d’action et de précisons Madame Ofnac!

Abdoulaye FALL

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2 Commentaires

  1. C’EST CLAIR ET NET. LE RAPPORT À ÉTÉ COMPLÈTEMENT BIFFE, LU, RELU ET CORRIGÉ PAR LE RÉGIME.
    LA MONTAGNE A ACCOUCHÉ D’UNE SOURIS. IL NE FALLAIT PAS S’ATTENDRE À AUTRE CHOSE QUE DES GÉNÉRALITÉS.
    L’OFNAC N’A PLUS SA RAISON D’ÊTRE ET DOIT ÊTRE DISSOUTE.

  2. Précision : Mme Nafy Ngom Keita n’est pas magistrate. Ancienne infirmière d’État, elle a gravi les échelons en étant tour à tour secrétaire d’administration, administrateur civil, inspecteur général d’État, Vérificateur général du Sénégal (chef de l’IGE) et présidente de l’OFNAC. C’est une personne dont le parcours force le respect.

    Cela dit, l’institution qu’elle dirige colporte des faiblesses intrinsèques voulues par son initiateur, le président de la République. L’OFNAC n’est qu’un organe de plus qui vient garnir le mille-feuilles institutionnel sénégalais. Il aurait suffi simplement de renforcer les organes de contrôle déjà existants (par exemple, Cour des Comptes et IGE) et de réformer la CREI pour l’adapter aux normes juridiques actuelles. Si rien de cela n’a été fait, c’est que l’objectif – inavoué – est de soustraire les dirigeants actuels des griffes de la CREI pour les soumettre à une institution (OFNAC) qui n’a aucun moyen de perturber leur sommeil. L’OFNAC, c’est de la cosmétique destinée à amuser la galerie, d’où les dossiers « dérisoires » qu’il traite – la police est largement plus outillée et plus compétente pour diligenter ces affaires courantes – en lieu et place des gros scandales ! Si l’OFNAC dit dans son rapport 2014-2015 que les affaires Petro-Tim et autres feront l’objet d’enquêtes et de rapports ultérieurs, c’est une fuite en avant, une espèce de calmant pour tempérer l’ardeur des dénonciateurs. Il est inimaginable que le frère du président, sa femme ou ses proches parents soient entendus par cet office pour soupçons de corruption ou de détournement de deniers publics.

    S’il y a un reproche à faire à la brave Nafi Ngom Keita, c’est peut-être d’avoir accepté sa nomination à un poste qui n’est rien d’autre qu’un « placard » pour la mettre hors d’état de nuire. En dépit de ses sorties bruyantes et de ses cris d’alarme, rien ne sera fait par le pouvoir actuel pour que sa mission connaisse un succès. Au contraire, tous les bâtons lui seront mis dans les roues. A commencer par le directeur de cabinet du … président ! La loi créant l’OFNAC lui fait obligation de rendre publics ses rapports. Quand il le fait, les tenants du pouvoir lui reprochent de manquer à un supposé devoir de réserve ! Quand l’OFNAC fait tomber le directeur des transports terrestres pour corruption (affaires des permis de conduire à Louga), il est immédiatement mis en liberté provisoire parce qu’il est militant de l’APR, pendant que ses complices présumés – non militants – restent en prison ! Et l’OFNAC ne dit rien. Il ne peut rien dire, il n’ose rien dire !

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